Hôtel de Ville de Maisonneuve
Bibliothèque municipale Maisonneuve
En 1883, cherchant à tirer le meilleur parti de leurs terrains, des promoteurs fonciers du secteur est d’Hochelaga refusent l’annexion à la ville de Montréal. La même année, ce group d’entrepreneurs et spéculateurs fonciers fondent leur propre ville, Maisonneuve.
Les promoteurs, dont le premier maire de la Ville Maisonneuve, Joseph Barsalou, et son gendre, Alphonse Desjardins, dirigent la vie politique municipale. Ils lancent un généreux programme de subventions et d’exemptions de taxes et ainsi ils parviennent à attirer un très grand nombre d’entreprises liées aux secteurs de l’alimentation, du fer et de l’acier, de la chaussure, de matériaux de construction, du bois.
Vers 1910, cette banlieue de 250 habitants à ses débuts, devient une ville prospère qu’on surnomme la Pittsburgh du Canada. En effet, en 1911, Maisonneuve se classe au sixième rang des villes industrielles du Canada et au deuxième rang à l’échelle du Québec. La même année, par exemple, la production des chaussures à Maisonneuve s’élève à 3,5 millions de paires. En 1917, pas moins de trente de manufactures de chaussures sont établies à Maisonneuve.
C’est au cours de la décennie de 1910 que ville fait construire l’Hôtel de ville de Maisonneuve, le premier d’une série de quatre prestigieux édifices publics à être érigés à Maisonneuve à l’époque.
Construit entre 1910 et 1912, d’après les plans de l’architecte Gajetan Dufort, cet édifice abrite les fonctions municipales jusqu’à l’annexion de Maisonneuve à la ville de Montréal en 1918. Un laboratoire de pasteurisation du lait y loge également.
En 1926 l’ancien Hôtel de Ville de Maisonneuve accueille l’Institut du radium, établissement affilié à l’Université de Montréal et à l’Institut du radium de Paris, fondé par Marie Curie. L’établissement est aussitôt transformé en un hôpital de 30 lits.
En 1935, cet institut spécialisé dans le traitement du cancer, le seul du genre au Québec, compte à son service trois radiologistes et deux autres spécialistes à temps plein. Les Sœurs grises assurent le service hospitalier et la gestion du personnel subalterne. De sa fondation à sa fermeture en 1967, l’Institut du radium aura prodigué des soins à plus de 67 000 patients.
En 1981, le vénérable bâtiment accueille une bibliothèque et devient la première Maison de la culture de Montréal.
Cet immeuble de pierre calcaire illustre bien les principes de symétrie et de monumentalité du style Beaux-Arts. Sur le sol de l’entrée, la devise Fide et Labore – Foi et travail – et les armoiries de la cité de Maisonneuve, un castor surmonté d’une couronne et entourée de feuilles de laurier, sont inscrites dans une magnifique mosaïque polychrome.
Un escalier monumental de fer forgé et de marbre de même que deux verrières réalisées à l’atelier parisien Félix Gaudin ornent la partie centrale du rez-de-chaussée et de l’étage supérieur.
Médecin originaire de Coaticook, Joseph-Ernest Gendreau (1879-1949) est un pionnier des sciences physiques et de la radiologie au Québec. Après des études en France où il s’initie à la médecine et à la radiologie avec le célèbre docteur Antoine Béclère, il participe en 1920 à la création de la Faculté des sciences de l’Université de Montréal. En 1922, il fonde l’Institut du radium, qu’il dirige pendant 23 ans. Joseph-Ernest Gendreau représente cet institut à de nombreux congrès internationaux de radiologie et de cancérologie. À l’Université de Montréal, il occupe successivement les postes de professeurs de chimie et de physique, puis de directeur des facultés de médecine et des sciences.
Adresse de l’ancien Hôtel de Ville de Maisonneuve, aujourd’hui, la Bibliothèque municipale Maisonneuve : 4120, rue Ontario Est.
La part de chacun
Au cours du XIXe siècle l’antique cité de Maisonneuve est restée française par sa population, ses croyances religieuses, son artisanat domestique, sa petite industrie, sa mentalité populaire. Mais on ne pourrait en dire autant de sa vie économique: commerce, grande industrie, finance. Malgré les apparences, elle l’est beaucoup moins qu’on ne pense, dans son organisme civique, dans sa politique municipale. Bien que l’élément français domine encore par le nombre au conseil municipal et dans les services municipaux), est-il bien sûr que l’influence réelle ne lui échappe pas chaque jour davantage ?

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