Avenue Laval à Montréal
L’avenue Laval porte le nom de François de Laval de Montmorency (1623-1708), premier évêque de la Nouvelle-France. Sous son administration, le nombre des paroisses de la colonie est passé de 5 à 35 et le nombre des prêtres, de 24 à 102.
La rue débute à la rue Sherbrooke pour se terminer au nord de la rue Mont-Royal. En fait, au nord de la rue Mont-Royal, l’avenue Laval devient une ruelle et seules quelques maisons y font face au petit parc Émile-Nelligan, un havre de paix au cœur du Plateau Mont-Royal.
L’avenue Laval fut ouverte en 1870 et elle une claire vocation résidentielle. Dès ses débuts, l’avenue regroupe plusieurs familles de la bourgeoisie francophone de Montréal, mais à l’origine, elle était très courte et se limitait au quartier Lafontaine, un secteur limitrophe au carré Saint-Louis (carré Saint-Louis).
Le discret Club Saint-Denis, un club privé au coin de l’avenue Laval et de la rue Sherbrooke, remonte à cette époque. D’ailleurs, de très belles maisons en pierre grise de style victorien entre la rue Sherbrooke et l’avenue des Pins témoignent de ce temps et plusieurs de ces demeures donnent sur le Square Saint-Louis.
* Avenue Laval
Certaines de ces immeubles ont une haute valeur historique. Par exemple, la maison à l’adresse 3470-76, avenue Laval, construite en 1901 pour l’avocat montréalais Pierre Desforges, est classée immeuble de valeur patrimoniale exceptionnelle. Son architecture est unique et comprend plusieurs styles: la magnifique fausse mansarde en cuivre avec son occulus se situe au centre; à l’entrée principale qui est en loggia, les colonnes en granit couronnées de chapiteaux corinthiens supportent un balcon en maçonnerie de pierre.
Au 3500, avenue Laval, la maison du notaire Marances de Rosay, est aussi remarquable en raison de son style éclectique représenté par le toit et mansarde néo-Queen Anne et le portique néo-classique. Contrairement aux maisons environnantes en pierre grise, cette maison est en grés rouge et s’exprime avec beaucoup d’éloquence par sa tourelle d’angle.
Plusieurs maisons sur le côté ouest de l’avenue, au nord de la petite rue Napoléon, portent la date de leur construction sur la façade. Au nord de la rue Duluth, les maisons deviennent plus modestes. Ce sont surtout des duplex en rangé, construits en bois et en brique rouge.
La maison au 4431, située entre les rues Mont-Royal et Marie-Anne, est manifestement la plus ancienne du secteur qui faisait partie autrefois de l’ancien village Saint-Jean-Baptiste.
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La Maison de l’Union des écrivains québécois, au 3492, est l’ancienne maison du cinéaste Claude Jutra. (Il est directeur de Mon oncle Antoine). Le poète Émile Nelligan, a habité au 3686 de l’avenue Laval entre 1886 et 1892. Par la suite, il se déplace au 3958 de l’avenue Laval. Une plaque dédiée à Nelligan se trouve au 3686. Mais rien n’identifie le numéro 3958. (On y voit un buste en bronze à la mémoire d’Émile Nelligan, œuvre de Roseline Granet. Il se situe à l’angle de l’avenue Laval et du Square Saint-Louis).
À partir des années 1920-1930, l’avenue Laval, tout comme tout le secteur, change. La bourgeoisie francophone la délaisse à la faveur d’immigrants. Toutes les maisons de l’avenue Laval ou presque abritent des familles immigrantes. Parfois un ou deux chambreurs qui permettent d’arrondir les fins de mois. Près du Carré Saint-Louis, les propriétaires divisent plusieurs maisons en logements. Ou encore les convertissent en pensions. À partir des années 1970, on reconnait la valeur patrimoniale de l’avenue Laval et du quartier avoisinant. Le travail de restauration et de rénovation donc débute. Ce travail s’amorce bien. L’avenue devient finalement aujourd’hui un élément important du Plateau Mont-Royal.
Notons que selon certaines sources, l’avenue Laval était connue comme la rue Upper Saint-Elisabeth. Encore comme la rue Saint-Élisabeth, mais nous n’ont pas trouvé les dates confirmant ces affirmations.