Le centre-ville saccagé

Le plaisir de la victoire ne suffit plus

C’aurait dû être la fête du Canadien, de ses partisans, des simples amateurs, la fête du hockey, mais le centre-ville saccagé c’est le résultat. Comme en 1979, la dernière fois que le Canadien a gagné la Coupe Stanley à Montréal.

Fête gâchée par 500 ou 1000 voyous, exploit terni par des hooligans comme on en connaît en Europe. Comme on en a vu à Chicago l’an dernier après la victoire des Bulls de la NBA. Mille voyous qui on entraîné et organisée des milliers d’autres jeunes imbibés d’alcool et de dope.

On devrait parler des Glorieux aujourd’hui. De fierté. On parle de saccage, on parte d’émeute, on parle de honte. À la radio et à la télé, le 10 juin 1993, les animateurs semblaient peinés, fâchés de devoir gâcher un jour de fête et de bonne humeur en parlant de pillage et de vandalisme.

Et ceux qui ont suivi les émissions des réseaux américains de télévision hier matin, ont dû se promener avec un affreux sentiment de gêne toute la journée. C’est ça, l’image de Montréal qu’on a projetée à travers le monde?

Il était minuit, dans la nuit du 9 au 10 juin 1993, quand les échos de la violence ont commencé à perturber les célébrations dans le Forum de Montréal. Serge Savard et Ronald Corey étaient vraiment catastrophés. Ils ont appris que la victoire du Canadien avait servi de prétexte à un déferlement d’actes sauvages.

Les joueurs, au lieu d’aller célébrer chez eux ou chez des amis, se sont regroupés à la Mise au jeu, le restaurant du Forum. Ils ont attendu jusqu’à 2 h 30 du matin pour quitter l’édifice par la porte arrière, rue Closse.

Le mal était fait, les joueurs étaient déjà privés d’une partie de leur récompense ultime – la joie populaire.

Centre-ville saccagé : La honte étreint les policiers

« On a honte d’être policier ! » C’est que disaient tout haut plusieurs policiers de la Communauté urbaine de Montréal. Ils n’avaient certainement pas le goût de fêter la 24e Coupe Stanley du Canadien, vrai dire, ils en gardent un goût amer, pire qu’en 1986.

Rares sont ceux qui croient que des manifestations de l’envergure de celle qu’a connu Montréal il a deux jours se règlent avec des gants blancs. « La politique du laisser-faire et les invitations au calme ne sont que des vœux pieux », soutiennent les policiers rencontrés.

Contrairement à leur chef, les policiers pensent que s’ils avaient été plis nombreux et plus agressifs, ils auraient probablement eu plus de succès. Et cela n’aurait pas nécessairement engendré une confrontation avec les manifestants.

Plusieurs remettent aussi en question la stratégie utilisée qui consistait à former des petits îlots de policiers ici et là. Selon eux, il aurait été préférable dès le début que les 850 policiers se regroupent pour former un bouclier humain visible et impressionnant. Au lieu de cela, on a dispersé les forces.

Ils pensent aussi que la majorité des policiers auraient dû se présenter sur les lieux en autobus. Pourtant ils sont arrivés dans des autos – patrouilles qui ont été vite renversées ou saccagées.

Lors de tels événements, estiment-ils, la police doit s’imposer, faire sentir sa présence. Elle doit montrer qu’elle ne se laissera pas piler sur les pieds.

Maisons québécoises
Ville de Québec. Photo : GrandQuebec.com.

Voir aussi :

Laisser un commentaire