Vague de violence à Montréal (les mœurs d’antan)
Les corps policiers de la région métropolitaine détiennent sept personnes et en recherchent deux autres relativement aux quatre homicides survenus en moins de 24 heures dans la région de Montréal, en fin de semaine.
Cinq marins anglais sont détenus, dont un comme témoin important, en rapport avec la mort d’un de leur compatriote de 17 ans, tué au cours d’une beuverie dimanche matin, à bord d’un cargo dans le port de Montréal – Une jeune femme de 24 ans est également détenue jusqu’à la fin de l’enquête sur ces allégations : elle a déclaré à la police avoir poussé une lesbienne dans le canal Lachine. – Un jeune homme de 24 ans sera cité comme témoin important lors de l’enquête du coroner Laurin Lapointe sur la mort de son beau-frère, abattu d’une balle à l’abdomen sur une île dans le fleuve, en face de Pointe-aux-Trembles. – Enfin, deux jeunes gens dans la vingtaine sont recherchés pour le meurtre d’un regrattier de St-Laurent, abattu de cinq balles à l’abdomen tôt samedi matin à son commerce, à St-Henri.
Un jeune marin anglais de 19 ans est détenu en vertu d’un mandat du coroner relativement à la mort d’un compatriote de 17 ans, tué de deux coups de couteau, à la gorge et au poignet, vers 5 h. 45 hier matin, à bord du cargo Beaver Fin, amarré au quai no 8, au pied de la rue St-Laurent, dans le port de Montréal.
Les policiers des Ports Nationaux qui s’occupent de cette affaire de meurtre ont révélé que David Allen Bedard, 17 ans, du 18 The Down’s, à Hatfield, Herts, en Angleterre, avait été tué par un compagnon qui voulait dormir dans sa cabine alors que quatre autres marins et la victime, tous âgés de 17 à 21 ans, participaient à une beuverie qui durait depuis quelques heures au moment du drame.
Le témoin important, Lawrence N. Hughes, 19 ans, du a Highway Walk, à Landgate, Kent, Angleterre, aurait assailli la victime avec un couteau de marin qu’il avait en sa possession et que la police a retrouvé près du cadavre.
Laissant une large traînée de sang, la victime aurait couru sur une distance de près de 50 pieds après avoir été tailladée au poignet et à la gorge.
Les policiers, conduits par le sergent Maurice Boisclair, ont trouvé le corps inanimé au haut d’un escalier dans l’entrepont du navire. Il était mort déjà dès leur arrivée sur les lieux, soit moins de cinq minutes après le crime.
Suivant les instructions du coroner Laurin Lapointe, les agents Andrew Gilbert Naughton et Jacques Forget de la police des Ports Nationaux, spécialement chargés de l’enquête, ont détenu les quatre témoins du meurtre, trois membres de l’équipage du Beaver Fir et l’autre, un marin du « Santona », cargo anglais ancré au quai no 15 du port de Montréal.
Le « Beaver Fir » qui devait quitter Montréal au début de la matinée a été immobilisé au port sur ordre du coroner. Cet ordre a été annulé vers 2 h. hier après-midi, mais le cargo ne quittera la métropole qu’en fin d’après-midi aujourd’hui à cause du manque de personnel.
Homosexualité ?
Les recherches devaient se poursuivre ce matin dans le canal Lachine, a la hauteur du Pont Crawford, a Ville-Emard, en vue de retrouver le corps d’une jeune femme de 23 ans qui se serait noyée samedi soir peu après avoir été poussée à l’eau au terme d’une violente discussion avec une amie.
Les détectives de la patrouille de nuit de !a police de Montréal ont été alertés vers 1 h. 30 hier matin par une jeune femme qui s’est présentée au capitaine détective Réjean Cadieux et au sergent détective Robert Fradet en déclarant qu’elle venait de pousser son amie, surnommée Mickey, dans le canal Lachine. Les détectives se sont rendus sur place mais vu la noirceur n’ont rien trouvé.
Par la suite les sergents détectives Laurent Guérin et Jean-Noël Legault de la Section des enquêtes criminelles ont été chargés de l’affaire. Ces derniers devaient déclarer hier soir qu’ils attendaient le résultat des recherches avant de porter des accusations contre la jeune détenue.
Elle aurait révélé aux détectives que son amie avait coulé à pic avant qu’elle ne quitte les lieux du drame, près du parc Angrignon.
Après avoir erré dans le secteur pendant près d’une heure, la détenue s’est rendue chez une connaissance et lui a raconté toute l’affaire. C’est cet individu qui l’a conduite au quartier général de la police de Montréal, rue Bonsecours.
Tard hier soir, les policiers tentaient toujours de retracer les parents rie la présumée victime a Pointe-St-Charles. Selon eux. il est toujours possible qu’elle soit encore vivante, ayant pu se tirer de l’eau après le départ de son amie.
Suspect détenu
Quatre hommes s’étaient rendus sur l’île Sainte-Thérèse, samedi, en lace de Pointe-aux-Trembles, pour se préparer a la future saison de chasse au canard.
Bien armés, ils se pratiquaient au tir, sur cette grande île de trois milles et demi de longueur où se trouvent environ 125 chalets d’été.
Mais en soirée, alors qu’on avait pris un petit verre de trop, deux des quatre hommes, des beaux-frères, se sont disputés.
Sous les yeux de son père, André Brochu. 27 ans, du 142, 24e Avenue à Pointe-aux-Trembles, a été abattu d’une décharge de fusil de calibre .12. Gilles Turcotte, 24 ans, du7H0, 20e Avenue, à Pointe-aux-Trembles également, est détenu sous mandat comme témoin important dans cette affaire.
Le caporal René Marchand, assisté de l’enquêteur Richard Gauthier, de l’Escouade des homicides de la Sûreté du Québec, s’occupe de l’enquête dans cette affaire. Ils sont assistés du sergent Claude Gauthier, de la Sûreté municipale de Pointe-aux-Trembles. L’arme du drame a etc. retrouvée près d’un chalet, sur l’île Sainte-Thérèse.
La victime, qui n’était pas encore morte après le coup de feu, a été transportée à la Marina de Pointe-aux-Trembles dans une chaloupe a moteur, mais à cet endroit, selon des policiers, il fut impossible d’obtenir les services des médecins. À son arrivée à l’hôpital Le Gardeur de Repentigny, M. Brochu avait succombé.
Vers 7 h 10 samedi matin, un homme d’affaires, M. Harry Kanner, 49 ans, du 8 rue Crépeau à Saint-Laurent, a été abattu de cinq balles de revolver tirées a l’abdomen alors qu’il arrivait à son dépôt de ferraille, la Kanner Général Junk Shop, située au 3701 rue Saint-Ambroise. Des cambrioleurs surpris par la victime seraient les auteurs de ce meurtre.
Deux individus âgés d’une vingtaine d’années chacun sont recherchés, relativement au meurtre de M. Kanner. Un témoin aurait entendu les coups de feu et vu deux suspects prendre la fuite en auto. Il aurait donné une bonne description des fuyards aux enquêteurs. L’une des cinq balles tirées en direction de M. Kanner l’aurait atteint au cœur. Il a succombé à ses blessures à son arrivée à l’hôpital Général de Montréal.
La victime, au moment du meurtre, transportait une somme de $739 en argent, environ $2.000 en chèques et une trentaine de dollars en monnaie.
Après le meurtre, les présumés cambrioleurs se seraient emparés de cette monnaie, en échappant autour du corps de la victime dans leur fuite. Ils ne se sont toutefois pas aperçus qu’ils auraient pu en prendre beaucoup plus en visitant les autres poches de M. Kanner.
Les sergents – détectives Guy Gaudreau et André Ménard, de la Section des enquêtes criminelles, ont vainement fait fouiller les puits d’égout des environs afin de retrouver l’arme du crime.
Une autopsie doit être pratiquée sur le corps de M. Kanner aujourd’hui.
(Cette nouvelle date du 18 août 1968).
