Montréal a son shérif. Histoire d’un policier incorruptible
En 1946, Pacifique Plante est muté au poste de chef de l’escouade de la moralité, réputée l’organe le plus corrompu du Service de police de la ville de Montréal. Dès lors, les descentes et les fermetures des maisons de jeux maisons, de débauche débits de boisson clandestins se multiplient. Pax s’assure du concours des journalistes afin de marquer ses coupes d’éclat et ainsi faire connaître les noms et les visages du crime organisé.
L’individu dérange bien sûr c’est bien qu’il est purement et simplement congédié après seulement 18 mois de service.
Pack prend la plume
Dans « Le Devoir » du 29 novembre 1949. Pax Plante écrit : « Deux fois depuis mon congédiement, on a tenté de rétablir la pègre dans ses anciens privilèges. Deux fois, trompé par le sommeil apparent de l’opinion, on a voulu donner aux entrepreneurs du vice les O.K des anciens jours. En veut on des preuves ? On n’a qu’à lire les journaux. La farce. Recommence. C’est Gérard Filion, le rédacteur en chef du « Devoir » qui permet à l’incorruptible de reprendre sa croisade en offrant sa tribune à une série d’articles de Plante sur les réseaux de corruption et des collusion, ainsi que sur les rouages du crime organisé.
Réunis sous le titre de « Montréal, ville ouverte » ces articles soulèvent l’indignation du public. En 1950, Plante publie en nouvelle opus « Montréal sous le règne de la pègre » qui s’écoule à 15000 exemplaires en seulement deux semaines.
Jean Drapeau à la mairie de Montréal
En 1950, Jean Drapeau fait son entrée dans l’arène municipale par l’entremise du Comité de moralité publique dès la ville de Montréal.
Avec la complicité de Plante, il obtient qu’une enquête publique soit tenue, ce qui mène à la mise sur pied de la commission Caron. Le dépôt du rapport du juge François Caron, le 8 octobre 1954, cause une onde de choc. On accuse vingt policiers, puis on les congédie. Pourtant cela n’est évidemment que la pointe de l’iceberg. Plante confiera plus tard « je n’ai pas combattu la pègre en tant que telle, mais plutôt les officiers publics malhonnêtes, sans la coopération desquels aucun crime organisé ne peut exister nulle part.
Le jour même du dépôt du rapport Canon, Drapeau annonce la fondation du Parti civique et sa candidature à la mairie de Montréal. Le 28 octobre, son programme visant à ébranler le réseau du crime organisé montréalais porte Drapeau au pouvoir. Pax retrouve son poste à l’escouade de la moralité.
Si le Red Light connaît des jours sombres sous la gouverne de Plante à la moralité, la mafia ne baisse pas les bras. La maison du maire Drapeau est même vandalisée, tandis que on attente à la vie de Plante et que Ruben Lévesque, fondateur du Comité de moralité, est sauvagement battu. La pègre semble avoir repris la l’initiative.
En 1957, Drapeau perd ses élections face à Sarto Fournier. Plante est de nouveau renvoyé. Drapeau revient en force aux élections de 1960 et règne dès lors en monarque pendant deux décennies. Pacifique Plante, quant à lui, est forcé des s’expatrier pour les raisons de sécurité.
La clandestinité pour le senior licenciado
« Je n’aspire pas à un poste ni ne cherche des publicités personnelle. Il y a 15 ans, j’ai dû m’exiler au Mexique, où je me suis refait une nouvelle vie ». La mafia veut sa tête, mais Plante a encore des belles années devant lui, le surnom des Pax ayant simplement fait face à celui de « senior licenciado ». Il choisit le Mexique comme terre d’accueil où il vit dans une maison à flanc des montagne, entouré d’animaux et des paysages magnifiques.
En 1972, il reçoit les journalistes Alain Stanké et Louis Morgan. Même au Mexique, il doit régulièrement changer de domicile pour brouiller les pistes. Plante pose donc une seule condition aux journalistes : « Promettez moi seulement de ne jamais révéler à personne l’endroit où je vis, car je tiens à ma paix. Il y a tellement d’individus qui aimeraient me rendre visite ».
Pour la suite du monde… interlope
C’est ainsi que Plante et les journalistes remettent au jour d’imposantes archives judiciaires minutieusement classées : « 10000 dossiers, 1000 pièces à conviction, 15000 accusations, 373 témoins… C’était l’enquête du siècle ! » Ensemble, il retracent le parcours de Plante. Ils font le point sur son exil et devisent sur sa vision à des Montréal. Ils publieront le résultat de cette longue entrevue en 1972 sous le titre de « Luttes à finir avec la pègre ». L’exil de Pacifique Plante aura finalement duré plus de 20 ans. Il s’éteint en 1976 dans la tranquille torpeur de l’été mexicain.
(Source : « Légendes d’un peuple » d’Alexandre Belliard. Éditions ÉDITIÔ, 2016).