Une Tour sur le Mont-Royal : Projet gigantesque
Projet d’une tour de Mont-Royal : le projet ci-dessous doit être soumis dès cet après-midi (20 juin 1924), aux autorités de la cité de Montréal. S’il est de nature, après sérieuse étude, à procurer au grand public de Montréal un accès plus facile à la montagne et de nombreux amusements, et s’il offre toutes les garanties financières raisonnables, ce projet mérite d’être pris en sérieuse considération par nos administrateurs. Il n’y a pas de doute que la montagne est un site idéal et que, jusqu’à aujourd’hui, on en a tiré peu d’avantages; il y a aussi quelque chose à faire pour permettre au public d’en jouir amplement. Mais le tout n’est qu’un projet à être scruté en tous sens afin que le public soit absolument protégé, et qu’il puisse avoir toutes les garanties possibles et raisonnables.
Suit un long texte signé par Tancrède Marsil, daté du 19 juin 1924, et adressé « à son honneur le maire de Montréal, aux membres de la commission exécutive et aux échevins de la Cité de Montréal. »
Disant parler au nom d’un groupe de financiers, Marsil propose de construire «sur le sommet nord du Mont-Royal, faisant face à l’avenue du Parc, un des plus beaux hôtels-palace qui soient dans toute l’Amérique. Ainsi qu’une tour phénoménale d’une hauteur de 500 à 700 pieds qui se couronnera de projecteurs lumineux». Le tout s’évalue à $15 millions. Plus $1 million pour les travaux d’embellissement et de terrassement.
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« Tous les matériaux de construction, poursuivait-on, granit, marbre, pierre, bois, fer, amiante, etc. viendront de la province de Québec. Nos ouvriers les façonneront. Nous importerons de l’étranger ce qu’il nous serait impossible de se procurer ici. On confiera aux artistes de chez nous les travaux d’art : sculpture, peinture, céramique, etc.»
Pour acheminer les Montréalais au sommet de la montagne, Marsil propose, après consultation avec le président de la Commission des Tramways, de construire « une voie double, qui partira de la rue Mont-Royal et montera, par gradation, jusqu’au sommet de la montagne. Là où nous construirons, à nos frais, une gare-véranda. Elle aure une capacité de 8,000 personnes débout ».
Ces tramways, ajoutait-on, se rendraient jusqu’au circuit du chemin Shakespeare. Ce chemin assurait déjà un service sur le versant ouest à partir du chemin de la Côte-des-Neiges.
Toujours en matière de transport, le document demande qu’on continue « jusqu’à l’observatoire que nous construirons à ce point extrême et peu élevé de la montagne » la route autorisée jusqu’à la maison de garde Henderson.
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Et que demandaient en retour les promoteurs ? En premier lieu, un bail emphytéotique de 99 ans pour tous les terrains requis. Cela alors avec droit pour la ville de racheter, à tous les 30 ans, toutes les constructions érigées sur la montagne par ces messieurs. En payant le coût, plus 15% du coût initial.
En deuxième lieu, les promoteurs demandaient que la Cité de Montréal leur accorde « une exemption de taxe de 25 ans ». Cela sur le terrain qu’occupera la tour et la tour elle-même.
Enfin, pour réaliser le tout, les promoteurs promettaient d’organiser « des concours d’architecture et d’architecture paysagiste ouverts à tous ceux qui s’intéressent à l’embellissement du Mont-Royal. On ouvrira des prix rémunérateurs aux vainqueurs. »
(20 juin 1924).
Voir aussi :
- Ascenseurs du Mont-Royal
- Parc du Mont-Royal en images
- Circuit A du parcours touristique au centre-ville de Montréal