Le premier téléphone installé à Montréal
Le premier téléphone fut établi à Montréal grâce à l’initiative de cinq jeunes gens qui, après avoir entendu parler de l’invention de Alexander Graham Bell, conçurent l’idée de s’en servir, avant qu’elle ne fut tombée dans le domaine public.
En 1878, cinq jeunes gens, bons amis, eurent l’idée de communiquer ensemble par le moyen du téléphone inventé par Bell qui venait d’exposer son invention à l’exposition de Philadelphie.
Un jeune électricien canadien, Mathias Jannard, réunit ses amis et leur proposa d’établir un téléphone en suivant les principes exposés par Bell. L’idée fut adoptée immédiatement et l’on se mit à l’œuvre.
M. Jannard, qui était domicilié sur la rue Sanguinet, près de la rue Emery, fut institué ingénieur en chef, et bientôt la communication se trouva établie entre ce dernier endroit et MM. Louis Dansereau, rue Saint-Hubert, le Dr Sydney Craig, rue Saint-Denis, près Ste-Julie, M. Arthur Dauphin (il fut nomme plus tard gérant du téléphone Bell à Québec, rue Sainte-Catherine, près Saint-Hubert), et Georges Bélanger (chez H.P. Labelle et Cie, marchands de meubles), rue Berri, près de Dorchester, chez qui était installé le central.
Ça n’avait pas été une petite affaire que d’installer les fils nécessaires à la transmission, car en ce temps-là, les rues que nous avons mentionnées plus haut, n’étaient pas peuplées comme aujourd’hui. Il y avait un grand nombre de lots vacants, surtout sur la rue Saint-Denis entre les rues Dorchester et Sainte-Catherine, où presque tout le côté est était occupé par les vergers de M. Cherrier, et les poteaux faisaient défaut. On trouva cependant la solution du problème en attachant solidement ces fils à différentes cheminées et en les isolant par des bouts de boyau en caoutchouc; le fil de retour communiquait avec les tuyaux de l’aqueduc et donnait un circuit parfait.
L’instrument pour la réception et l’envoi d’un message consistait en une petite boite en acajou, munie d’une ouverture, qui servait à la fois à la transmission et à la réception. Il fallait tour à tour, lorsque l’on voulait soit parler, soit écouter, placer la boite sur l’oreille ou près de la bouche; n’empêche que malgré cette organisation peu compliquée, on entendait très bien.
Ce téléphone était un sujet inlassable d’amusement et nombre de visiteurs venaient, chaque jour, se payer le plaisir d’une conversation dans la mystérieuse petite boite. On avait même imaginé d’approcher le téléphone d’un piano; on ouvrait alors la communication de tous les abonnés et chacun pouvait écouter, à domicile, le morceau de musique à la mode en ce temps-là.
Cette organisation privée de téléphone disparut quand la Compagnie Bell commença à établir ses réseaux en ville, mais elle avait été fort populaire en son temps.
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