Histoire de Montréal

Rappel de M. de Queylus

Rappel de M. de Queylus

Rappel de M. de Queylus de Québec

Mgr de Laval était arrivé à Québec le 16 juin 1659. Le nouvel évêque prétendait justement exercer l’entière et exclusive juridiction qu’il tenait du Saint-Siège, comme vicaire apostolique. D’autre part, M. de Queylus, grand-vicaire de l’évêque de Rouen, de qui relevaient jusqu’alors les missions du Canada, se trouva dans une impasse par suite du refus de l’Ordinaire de l’établissement Rouen de renoncer à ses prérogatives en Amérique. Ce conflit de juridiction ecclésiastique fit naître entre Mgr de Laval et le Supérieur de Saint-Sulpice un regrettable malentendu, qui se termina brusquement par l’intervention de l’autorité civile.

Quoi qu’il en soit des motifs qui auraient pu la provoquer, une lettre de cachet du roi ordonna le retour en France de M. de Queylus et de son confrère, M. d’Allet. On ne peut cependant que déplorer la manière indigne avec laquelle fut exécutée la volonté royale. Le gouverneur d’Argenson monta à Montréal avec une garde militaire et signifia à MM. de Queylus et d’Allet l’ordre du roi de retourner tout de suite à Paris.

Les deux Sulpiciens furent escortés jusqu’à Québec par les soldats du gouverneur. M. de Queylus fut aussitôt embarqué sur un vaisseau en partance; mais son compagnon dut passer l’hiver à Québec pour cause de maladie. (Citation : Abbé Faillon: «Histoire de la Colonie française», vol. Il, p. 346 et suivantes).

L’on peut s’étonner de ce que le pouvoir civil ait usé de tant de rigueur pour mettre fin à un malentendu entre personnages ecclésiastiques de haut rang.

Il faut dire que M. l’abbé de Queylus, par ses largesses multipliées en faveur des colons de Ville-Marie, qui le tenaient tous en grande estime, par son incessante activité à promouvoir les intérêts de sa petite patrie d’adoption, par son zèle inlassable à défendre énergiquement les prérogatives qu’on lui avait jusqu’alors reconnues sans marchander, avait soulevé contre lui l’opposition de ceux qui étaient peu sympathiques à Ville-Marie.

Mais tout le monde n’était pas dupe des intrigues qui se tramaient en haut lieu et Marie de l’Incarnation pouvait bien écrire ces paroles qui en disent long: « Pour le pays en général, dit-elle, sa perte à mon avis ne viendra pas tant des Iroquois que de certaines personnes qui, par envie ou autrement, écrivent des choses fausses contre les plus saints et les plus vertueux; et comme la nature corrompue se porte plutôt à croire le mal que le bien, on les croit facilement. De là vient que, lorsqu’on y pense le moins, on reçoit ici des ordres et des arrêts très fâcheux. » (Citation : Lettres historiques, lettre 57, p. 544).

(Tiré de l’Histoire de Montréal par Camille Bertrand, archiviste, paléographe aux Archives nationales, tome premier (1535-1760), publié en 1935).

Église de Montréal. Photo de GrandQuebec.com.
Église de Montréal. Photo de GrandQuebec.com.

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