Histoire de Montréal

Quadruple pendaison

Quadruple pendaison

La première quadruple pendaison dans l’histoire du Canada

Cet article évoque l’un des plus spectaculaires attentats des annales policiers de l’histoire de Montréal.

Le matin du 24 octobre 1924, en moins de huit minutes, au moment où la cloche de l’Église sonnait cinq fois, quatre hommes avaient payé de leur vie aux mains du bourreau Ellis et de son adjoint Scott l’assassinat, le 1er avril 1923, d’Henri Cléroux, responsable du transport de l’argent pour la banque d’Hochelaga.

Un attentat digne de Chicago

Cléroux avait perdu la vie au cours d’une fusillade spectaculaire impliquant ses trois collègues et lui contre huit scélérats, dans un tunnel de la rue Ontario, est, sous les fois ferrées, entre les rues Beaufort et Moreau.

Les apaches avaient tout prévu : fils électriques des tramways coupés, voiture prétendument en panne sous le tunnel, une autre qui s’arrête subitement devant la voiture transportant l’argent, de manière à prendre cette dernière en étau, et, enfin, une énorme chaîne qu’on aurait levée au travers de la rue Ontario, si d’aventure le véhicule visé était parvenu à s’échapper. Coincés dans l’étau, Cléroux et ses collègues avaient dû défendre chèrement leur peau.

Une voiture de la Banque d’Épargne empruntait la rue Ontario afin de se rendre à la succursale sise à l’intersection des rues Maisonneuve et Ontario. La voiture suivait de quelques minutes celle de la Banque d’Hochelaga qu les bandits devaient attaquer. La fusillade était terminée à l’arrivée de cette voiture sur les lieux. Cependant, à la suggestion d’Ernest-David Trudeau, responsable du transport de l’argent pour la Banque d’Épargne, le reste de l’argent – 90 mille dollars – démurée dans la voiture attaquée a été placée dans la voiture de la Banque d’Épargne pour être transporté dans le siège social.

Plus tard, l’un des huit bandits impliqués dans l’attentat, Harry Stone, alias Peter Ward, avait été retrouvé ensanglanté dans une des voitures utilisées par les apaches, puis abandonnées avenue Christophe-Colomb, près de l’orphelinat Saint-Arsène. Stone avait visiblement été atteint au cours de l’échange de coups de feu. Le Docteur J. David Warren qui se trouvait dans les environs (il avait son cabinet à l’intersection des rues Saint-Denis et de Castelneau), fut invité à se rendre auprès du moribond. Il ne put que constater sa mort.

La pendaison de quatre des bandits

La pendaison de quatre des auteurs du crime passionnait le public, à un point tel que la police avait fermé les lieux depuis les 18 heures la veille afin de prévenir toute incartade des traditionnels curieux venus par milliers pour tenter d’apercevoir la potence. Le fait qu’il s’agissait de la première quadruple pendaison dans l’histoire du Canada n’était évidemment pas étranger à cette situation. On craignait le pire de la part des curieux. Les abords de la prison de Bordeaux étaient gardés de manière à pouvoir subir un siège. La police était sur les dents.

Disons tout d’abord qu’ils devaient être six à monter sur le gibet ce matin-là. Toutefois, la veille, le cabinet fédéral avait commué en emprisonnement à vie les sentences de mort rendues contre Mike Valentino et Léo Davis par le juge C.A. Wilson.

Après avoir reçu la sainte communion quinze minutes avant d’entrer dans l’éternité, les quatre hommes se dont dirigés vers le gibet.

Les deux premiers à y prendre place furent Louis Morel et Frank Gambino. Morel, considéré comme le grand cerveau de l’attentat fut le plus calme et il avait rédigé deux lettres avant de mourir. Quant à Gambino, il s’est évanoui à peine arrivé au-dessus de la trappe qui allait mettre fin à ses jours, et les gardes durent le soutenir pendant qu’Ellis lui glissait la corde au cou. L’autopsie devait révéler que Gambino était déjà mort avant la pendaison, ayant succombé à une syncope.

Puis vint le tour de Tony Frank et Giuseppe Serafini. Encore là, au calme de Frank s’opposaient les gémissements de Serafini qui défaillit même dans les bras du bourreau. Son geste eut pour effet de décontenancer Ellis et son adjoint, qui avaient peine à contenir ses larmes en liant les pieds des pendus. Tant et si bien qu’Ellis, dans son énervement, plaça deux cagoules sur la tête de Frank avant de réaliser son erreur, puis croisa malencontreusement les deux cordes ce qui eut pour effet de défigurer Serafini. Par la suite, Ellis devait retrouver son calme, et même accorder un interview à un journaliste.

Dans l’édition du 24 octobre 1924, le jour de la pendaison, les textes dans les journaux s’étendaient sur plusieurs pages. Rien, absolument rien n’y manquait. Pas le moindre détail, pas le moindre nom, pas le moindre geste.

Gambino et Serafini avaient l’habitude de se rendre au chic magasin Greenwood and Kahn, rue Sainte-Catherine, à proximité de Chez Goodwin (aujourd’hui, Les Ailes de la Mode). Ce magasin se spécialisait dans l’importation et vendait très cher, mais cela n’était pas un obstacle pour les deux comparses.

Finalement, remarquerons que Louis Morel avait été détective de la police de Montréal, limogé en 1920.

Police

Policiers de Montréal en . Photo de l’époque libre de droits.

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2 Comments

  1. Florent Desjardins dit :

    Ellis, l’alias du bourreau, a pris sa retraite et il me semble qu’ily a eu un article sur lui à ce moment, il demeurait à Tétreauville où moi et mes parent demeuraient. je me demande si je pouvais connaître son vrai nom. Il me semble qu’il avait été identifié dans cet article alors qu’il prenait sa retraite

    • gisele et Jean dit :

      Je ne sais si vous êtes le Florent Desjardins que j’ai connu à la longue pointe.si oui, faites nous signe.
      Gisele et Jean Briau Mansonville Qc

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