La prison de Bordeaux
En 1891, le gouvernement Honoré Mercier fait l’acquisition de deux terrains dans l’ancienne municipalité de Bordeaux au nord de Montréal pour y ériger une nouvelle prison qui devrait remplacer la vétuste prison du Pied-du-Courant. Les accusations de la corruption et la défaite électorale la même année contrecarrent les plans du gouvernement, mais les libéraux reviennent au pouvoir en 1905 le nouveau premier ministre Lomer Gouin commandent la construction d’une nouvelle prison modèle.
Charles-Amédée Vallée, le dernier gouverneur de la prison du Pied-du-Courant et le premier de celle de Bordeaux, voyage alors aux États-Unis et en Europe afin d’étudier les divers régimes carcéraux. Pour l’architecture, M. Vallée choisit la prison de Saint-Gilles de Bruxelles en Belgique, construite dans le style Beaux-arts.
La construction du complexe a coûté 2,5 millions de dollars, c’est-à-dire, quatre fois plus cher que l’estimé de départ. La prison a été ouverte en 1912.
La prison de Montréal, communément appelée la prison de Bordeaux, possède une coupole centrale et des corridors menant à toutes les ailes de l’édifice. La réalisation du projet a été commandée à l’architecte Jean-Omer Marchand (il a réalisé également l’hôpital Notre-Dame-de-la-Merci, situé en face de la prison).
Pour le type de régime carcéral, C.-A. Vallée choisit le régime pennsylvanien où le détenu est confiné en isolement afin de favoriser la réflexion et la méditation. Le nom de ce système est dû au premier pénitentiaire de ce genre érigé, en 1821 en Pennsylvanie. On y favorise l’isolement cellulaire de jour et de nuit. Ce régime réalise donc la séparation totale des détenus, à la différence du régime auburnien, où s’applique un régime de travail en commun en silence le jour et d’isolement cellulaire la nuit. Finalement, après des débats, les autorités de l’époque ont convenu d’appliquer à la prison de Bordeaux le régime de vie auburnien à l’intérieur d’une infrastructure carcérale de type pennsylvanien, permettant ainsi une meilleure adaptation sécuritaire selon les besoins.
Pour s’assurer du transport des détenus, le gouvernement ordonne la construction d’un véhicule blindé cellulaire. D’ailleurs, la ligne de tramway menant à la gare Ahuntsic est prolongée jusqu’à Bordeaux vers 1920. Au début, on débarquait les détenus à la petite gare Ahuntsic de la rue Millen près de Gouin. Un omnibus assurait ensuite le transport.

Du point de vue architectural, l’édifice avait une forme d’astérisque avec une tour centrale vers laquelle convergent 6 ailes, surmontée d’un dôme à 150 pieds au-dessus du sol. Une chapelle occupe le sommet de cette tour. Au cours de son histoire, la prison a changé de structure interne : les ailes D et B, qui ont été démolies et remodelées à la fin du XXe siècle, pour donner place à des secteurs modernes où la technologie joue un rôle essentiel. À l’occasion, on a installé un système de caméras de surveillance relié à une guérite fortifiée aux vitres teintées où un agent contrôle électroniquement les lumières du secteur et des cellules, le verrouillage des portes, les systèmes d’aération et la visualisation par les biais d’écrans reliés aux caméras. En juin 2009, le secteur A a été remodelé et des avancées technologiques y ont été introduites encore plus poussées : par exemple, un panneau de contrôle tactile pour l’ouverture des portes y a été ajouté.
Au départ, la prison avait la capacité d’accueillir 500 détenus, mais aujourd’hui, on en compte plus de mille. Les détenus (tous hommes) servent des peines de 2 ans et moins, ce qui crée un roulement important. Les détenus sont séparés en fonction de leur âge, ou bien qu’il s’agisse de récidiviste. D’autres facteurs jouent leur rôle et on y constate le manque d’espace. On y héberge également des prévenus en attente de procès. On compte plus ou moins 600 employés qui desservent la prison de Bordeaux.
Plusieurs « vedettes » du milieu ont eu le droit d’y passer leurs « vacances obligatoires » : Wilbert Coffin, Jacques Mesrine, Richard Blass, Lucien Rivard, les frères Hilton, Stéphane Ouellette, Maurice « Mom » Boucher…
Dès l’entrée en opérations jusqu’à 1960, il y a eu 85 exécutions dans la prison, parce que à partir de 1946, cette triste pratique est centralisée à Bordeaux. Il y a eu trois femmes exécutées à Bordeaux. Les exécutions avaient lieu dehors du côté de la rue Tanguay et se faisaient par pendaison. Elles avaient lieu les vendredis soirs sur le coup de minuit donc dans les premières minutes de la journée du samedi. La mort du condamné était annoncée par le son du tocsin, 7 coups pour un homme et 10 pour une femme.
En 2001, le centre judiciaire Gouin a été construit près de la prison de Bordeaux pour les jugements en lien avec la lutte aux gangs de motards criminalisés. Ce centre est relié à la prison par un passage sous terrain pour des raisons de sécurité.
Le premier scandale de la prison de Bordeaux éclate en 1912, l’année de son inauguration, quand les résidents du village de Bordeaux apprennent que les prisonniers possèdent des toilettes munies de chasse d’eau. Ce luxe que les gens de Bordeaux n’ont pas, soulève leur colère et le scandale des toilettes qui « flushent » éclate.
Le 29 juin 1960, une émeute y éclate et des détenus causent des dégâts majeurs. Une semaine après, à cause de conditions de détention insalubres, d’autres troubles éclatent. Les prisonniers se font réprimer par les escouades anti-émeute de la Sûreté du Québec et celle du Service de police de la ville de Montréal.
En 1992, la plus grande émeute de l’histoire de cet établissement a lieu. Le grabuge se produit dans quatre ailes et 500 détenus y participent. Plusieurs locaux sont incendiés. La cause de l’émeute est surtout attribuée à la surpopulation qui sévissait depuis plusieurs mois. Après une nuit agitée, les gardiens de la prison, avec le soutien de l’escouade tactique de la Sûreté du Québec, reprennent le contrôle de la prison. On dénote quelques blessés, dont la plupart sont atteints par la fumée.
En 2003, une émeute dans le secteur A, a lieu. Des objets, comme des boules de billard, sont lancés vers les agents. Par la suite, des incendies sont allumées un peu partout et du matériel brisé. Le grabuge dure toute la nuit. La brigade de pompiers et le groupe d’intervention de la prison, reprennent le contrôle tôt le matin, assisté de l’escouade tactique de la Sureté du Québec. Une tension entre des agents et des détenus serait la cause de ces troubles.
Pour les groupes criminalisés, la prison a toujours représenté un marché alléchant pour l’écoulement de drogues. Les gens qui habitent les alentours de la prison ont souvent témoigné avoir aperçu des étrangers s’introduire sur leur terrain pour y lancer des balles de tennis ou autres contenants vers les murs de la prison afin d’y faire passer des « bonbons ».
En avril 1992, une émeute éclate en réponse à une décision des autorités de couper de 50% les rations de tabac.
L’adresse de l’Établissement de détention de Montréal, mieux connu sous le nom de prison de Bordeaux :
800, Boulevard Gouin ouest
Montréal

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En vous remerciant a l’avance.
Brian Winchester.