Prison de Bordeaux

À propos de la prison de Bordeaux

Autrefois, c’était le quotidien Devoir qui prenait à partie le gouvernement Gouin, parc que la prison de Bordeaux avait été construite en exécution de trois contrats, d’environ $500,000 chacun.

Le raisonnement dont se servait le confrère était celui-ci : Le gouvernement Gouin s’est fait autoriser à dépenser $800, 000 pour la prison de Bordeaux. C’était donc la somme que cette prison devait coûter. Puis, un an après, il se faisait autoriser à signer un nouveau contrat pour $800, 000; et l’année suivante, c’était un troisième contrat. Ainsi, disait-on, la prison, qui devait coûter $800,000, va coûter $3,000,000. Donc, le gouvernement Gouin a trompé le peuple et il fait sa récolte de fonds électoraux sur les contrats de la prison de Bordeaux.

Aujourd’hui, c’est l’Événement qui reprend ce refrain, en ayant soin de ne pas dire que le premier contrat ne couvrait qu’une partie des bâtiments projetés ; mais que l’encombrement des prisonniers à la prison de Montréal a rendu nécessaire la construction immédiate de tous les bâtiments et leur aménagement complet.

C’est ce qui explique le second et le troisième contrat.

C’est bien simple, n’est-ce pas ? Et cela a été répété vingt fois aux alentours des élections provinciales. Mais quand on n’a rien à reprocher à Sir Lomer Gouin, il faut bien inventer : et chacun invente suivant sa capacité.

Quant au prétexte de cette levée de boucliers et la modification du système des serrures des cellules, il se réduit simplement à ceci :

Ce système, copié sur celui qui a été adopté, comme étant le plus perfectionné, par tous les établissements de ce genre en Amérique, permet de fermer à l’aide d’un seul levier, manipulé par un garde, et d’un seul coup, les verrous d’un nombre donné de cellules. On avait adopté d’abord le chiffre de 33 cellules, qui est celui en usage généralement dans les pénitenciers américains.

Expérience faite, on a décidé de limiter à onze cellules seulement, le nombre de celles fermées par un seul et même levier.

On a trouvé que le fonctionnement de l’appareil pour une commande de 33 cellules, exigeait un effort trop violent pour la manœuvre du levier.

Ce n’est qu’un détail ; un détail de perfectionnement qui n’affecte en rien ni le principe, ni l’efficacité, ni la sécurité du système de fermeture adopté.

Voilà tout ce qu’il y a, au fond de cette histoire.

(Cette nouvelle date du 22 juillet 1913).

Extrait du roman « Monica La Mitraille » de Georges-Hébert Germain

Pour aller voir Mario à la prison de Bordeaux, elle devait prendre l’autobus, ligne 55 nord jusqu’à l’angle des boulevards Henri-Bourassa et Saint-Laurent, puis la 69 ouest. C’était un agréable trajet, surtout sur le boulevard Gouin, quand on longeait la rivière des Prairies qui coulait ses eaux sombres devant les belles grosses maisons de riches, les îles, les grands arbres qui balançaient leurs lourds feuillages dans la touffeur de l’été. Ça sentait l’herbe, l’eau, le propre. En marchant dans l’allée très large qui menait à la porte monumentale de la prison, il y avait tout ce ciel, et l’immense jardin où travaillaient les prisonniers.

Voir aussi :

Prison de Bordeaux.
Dans les espaces brutalement éclairés par une raison étrangère, les noms propres creusent des réserves de significations cachées et familières. Ils « font sens ». (Michel de Certeau, L’Invention du quotidien). Établissement des services judiciaires au 450, boulevard Gouin 450 Photo de GrandQuebec.com.

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