Parcs et traverse

Les parcs et traverse

Ce que se passait le 30 mars 1904 à Montréal :

Les échevins insistent pour que les employés parlent le français. L’endroit où sera érigé le monument Crémazie. Ce que coûte l’embellissement de la ville

L’échevin Robillard au fauteuil. Le secrétaire lit les minutes de la précédente assemblée, les échevins signent les mandants, puis l’on procède d’après l’ordre du jour.

Le confrère De Montigny demande à la commission de bien vouloir écouter M. I. P. Hébert, sculpteur, qui désire adresser certaines remarques quant à l’emplacement que doit occuper le monument Crémazie.

M. Hébert demande que le permis d’ériger soit délivré au plus tôt, car on voudrait en faire l’inauguration le 24 juin, jour de la Saint-Jean-Baptiste.

L’emplacement que le buste du confident des Muses occupera est la pelouse sise entre la rue St-Denis et le jet d’eau.

Le monument se compose d’un socle de granit sur les faces duquel on flanquera des bas reliefs en bronze repoussé. Sur ce socle sera assis un fut de colonne coiffé d’un chapiteau sculpté qui supportera le buste du fondateur de la poésie canadienne.

Les fleurs du parterre esquissant leurs idylles, auront pour auditeur le grand poète qui chanta les nôtres. Il est temps que la jeune génération canadienne reçoive des leçons d’Histoire appliquées, en épelant sur nos monuments, le nom de ses grands hommes.

Notons en passant que l’échevin Nelson a insisté pour que l’on donnât au monument la meilleure place possible. La demande de notre sculpteur, M. Hébert, qui se faisait l’interprète ou comité d’organisation, sera prochainement ratifiée par le Conseil.

Plusieurs de nos places publiques sont affligées de certaines excroissances qui en épargnent la beauté, nous voulons parler des maisonnettes plus ou moins propres près desquelles vivent et grouillent un tas de chemineaux et de badauds, qui bordent les pelouses.

La question est venue devant la commission hier. Ainsi, au carré Papineau, il y en a deux. L’une est tenue par un cul-de-jatte et l’autre par un individu amputé des deux bras; bref, les deux font à peine un homme complet.

L’échevin Ricard fait remarquer que le « double manchot » est très habile pour prendre la monnaie avec ses doigts. (?).

La commission décide que le cul-de-jatte devra partir et un seul kiosque construit d’après des plans soumis à la commission devra exister. Le manchot étant le plus malheureux gardera le contrat, car le cul-de-jatte a, parait-il, quelque argent en réserve.

Le secrétaire lit une lettre d’un citoyen disant que les propriétés du square St-Louis souffrent de la filtration des eaux. Cela cause des dommages considérables. Les fondations des maisons sont ébranlées, les tapisseries se gercent et les plastras se détachent des plafonds.

Il croit que l’on devrait rendre le fond de la pièce d’eau imperméable. Laissée sur la table.

Un citoyen adresse à la Commission une lettre dans laquelle il recommande de mettre comme gardien un homme que l’âge a mûri car, dit-il, ceux de l’an passé passaient leur temps à faire un brin de cour aux jolies filles qui visitaient la ferme Fletcher, négligeant par ce fait leur devoirs d’officiers publics. Il est vrai que quand l’herbe est tendre et le soleil bien chaud, le sang coure plus vite dans les veines.

Les deux gardiens qui ont fait le service l’an passé, n’ont parait-il pas arrêté assez de gens pour payer les uniformes qu’ils portaient. Cette année, conseille le citoyen, la ville ne devrait nommer qu’un gardien, et avec le salaire de l’autre, faire poser plus de lumière : une lampe bien brillante vaut quatre « policemen ». Laissée sur la table.

L’échevin Walsh propose quelqu’un pour remplir le poste de gardien.

L’échevin Lavallée, demande que l’on procède par promotion; c’est-à-dire, mettre à ce poste un employé actuel qualifié et que le nouveau venu débute comme les autres au bas de l’échelle du service; il faut récompenser nos employés, pour les encourager. Nous devons dire, pour être juste, que cet échevin appela impitoyablement que tous les employés parlent le français.

Il est résolu alors, qu’à la prochaine réunion de la Commission, le surintendant Henderson devra conduire devant les membres, les employés qualifiés pour ce poste, mais qui devront subir un examen préalable.

Il est question de construire un nouvel observatoire sur la montagne; on nomme, à cet effet, une sous-commission qui fera rapport : elle se compose de MM. Robillard, Proulx, et des deux surintendants, Pinoteau et Henderson.

Nous donnons par la suite, le rapport annuel de M. Pinoteau, quant à l’entretien des parcs publics.

Une somme de $23,728,88 provenant du fond de réserve a été dépensée pour l’entretien du parc Lafontaine et des places publiques en général :

Entretien des serres – $2,728,25.

Entretien du parc :

  • Lafontaine – 3,737,27.
  • Dominion – 1,452,82.
  • Viger – 1,264,00.
  • Saint-Louis – 546,00.
  • Bellerive, Papineau, parthenais, Place-d’Armes, Hôtel-de-Ville, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Jacques – 324,00.
  • Victoria – 469,00.
  • Dufferin, Western, Philipp, Beaver Hall, Richemond et Gallery – 324,00.
  • St.Patrice – 323,00.
  • Saint-Gabriel – 323,00.
  • Youville – 321,00.
  • Champ de Mars, Mance – 324,00.
  • Crémazie – 200,00.
  • Place Royale de la Douane transformée en Square au coût de 337,44.

Pour nivellement, etc., etc. – 1,459,26.

Square Crémazie qui a une longueur de 700 pieds : Laurier et Mentana – 600,00.

Continuation du terrassement des lacs et nivellement du terrain, etc. – 2,705,15.

Le total des dépenses est de $29,701,51. De ce total, l’on a pris $5,972, 63 sur l’emprunt temporaire et $23,728,88 sur le revenu.

Il faudrait encore quelques milliers de piastres pour terminer les travaux. Quelques milliers d’arbustes ont été plantés l’an dernier dans les squares.

30 mars 1904, journal Le Canada.

monument crémazie
Monument à Octave Crémazie sur la place St. Louis. Crédit photo : GrandQuebec.com.

Voir aussi:

Laisser un commentaire