Guerre interne dans la mafia montréalaise après la mort de Vito Rizzuto
La mort du présumé parrain Vito Rizzuto a provoqué une «onde de choc» au sein de la mafia montréalaise, affirme un spécialiste du crime organisé italien qui s’attend désormais à voir éclater une violente lutte de pouvoir entre les clans mafieux de la métropole. «C’est une nouvelle à laquelle personne ne s’attendait. On aurait été moins surpris d’apprendre que l’on avait assassiné». Ainsi a affirmé Pierre de Champlain, auteur et ancien analyste de renseignements à la GRC.
«C’est absolument surréaliste d’entendre ça », a-t-il ajouté encore surpris. Victime de complications pulmonaires, le présumé parrain de la mafia montréalaise, Vito Rizzuto, décède à l’hôpital Sacré-Cœur tôt ce matin à l’âge de 67 ans. M. de Champlain a l’impression que son état se détériore très soudainement. «Il avait déjà évoqué – par l’entremise de son avocat – qu’il souffrait d’un problème de santé, une tâche sur un poumon. Cela se passe lorsqu’on l’a extradé à New York en 2006 pour subir son procès», a-t-il cependant rappelé. S’il est prématuré de parler de réorganisation au sein de la mafia quelques heures seulement après le décès du parrain, Pierre de Champlain s’attend à une guerre de clans inévitable pour la conquête du pouvoir: «C’est sûr qu’il va y avoir une réorganisation. Elle peut se faire dans la violence, il faut s’attendre à ça.
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Il y a sûrement des factions adverses qui vont vouloir le contrôle.» L’auteur du livre «Le crime organisé à Montréal (1940-1980)» pense que c’est la jeune génération des mafiosi qui prendra la relève. Elle tenait d’ailleurs «le fort» lorsque Vito Rizzuto était en prison aux États-Unis, a-t-il précisé. Le parrain a passé six ans derrière les barreaux (2006-2012) pour avoir joué un rôle dans le meurtre de trois membres de la famille Bonnano à New York, en 1981.
La famille Rizzuto a régné sur le crime organisé montréalais de 1984 à 2004, lorsque la police a arrêté Vito Rizzuto. Ce dernier avait toutes les qualités essentielles pour être et demeurer le parrain. Il était surtout rassembleur, a indiqué M. de Champlain: «Ç’a marqué son leadership et ça lui a donné une crédibilité.» Son successeur devra marcher dans ses pas. Il devra «être accepté de tous, avoir du charisme et savoir rassembler», a résumé l’expert. Rappelons que quelqu’un a empoisonné le caïd Giuseppe De Vito au cyanure en prison, pas plus tard que le mois dernier. Il était l’un des rivaux de Vito.
(13 décembre 2013).
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![Vito Rizzuto Vito Rizzuto](https://grandquebec.com/upl-files//2024/12/vito-rizzuto.png)