Victoire pour Montréal

Victoire de l’idéal olympique

 Pour Montréal et le maire Drapeau, la victoire de l’idéal olympique

Amsterdam – La victoire de l’idéal olympique! La réponse à l’appel pour que les Jeux olympiques s’éloignent du gigantesque pour revenir à des dimensions plus modestes. L’espoir à toutes ces villes qui espéraient organiser les Jeux, mais qui n’osaient pas en faire la demande, parce que l’impression s’était répandue qu’il étaient l’exclusivité des super-grandes capitales. L’encouragement à tous ces pays qui, Jeux après Jeux, n’ont cessé d’y envoyer des équipes, de persévérer dans leurs efforts, car un jour viendra alors qu’ils seront diffusés sur notre territoire. La preuve que la politique et la finance ne sont pas, comme trop de gens le concluaient, les seuls facteurs déterminants dans le choix des villes pour les Jeux.

Le triomphe de Montréal le 12 mai 1970, à Amsterdam, c’est tout cela. C’est aussi le succès personnel du maire Jean Drapeau, ses efforts inlassables depuis sa première demande à Rome, en 1966, pour les Jeux de 1972, son plaidoyer qualifié d’émotionnel, d’humain, d’idéal par quelques-uns de ceux qui l’ont entendu devant les membres du Comité international olympique dimanche dernier; sa personnalité, son dynamisme,, sa confiance communicative, pour répéter ici des expressions entendues mille et une fois, depuis notre arrivée à Amsterdam.

Le résultat de ce vote est aussi la suite logique du succès d’EXPO-67, cet événement extraordinaire qui a tant fait pour donner à Montréal la réputation d’une ville accueillante, amie de tous…

La décision du Comité international olympique d’hier va être considérée comme une surprise incroyable dans la plupart des milieux européens, si les multiples confrères du continent rencontrés depuis quelque temps, reflétaient l’opinion générale. Car presque tous estimaient que CIO allait voter en faveur de Moscou, alors que les quelques autres disaient que la finance allait dicter la sélection de Los Angeles.

Si l’une ou l’autre avait été choisie, c’est ce qui aurait sans doute été répété, malgré le fait qu’il faut reconnaître que les deux candidatures était parfaitement très valables. Du reste, c’est ce que le vétéran président, Avery Brundage, a tenu à souligner avant d’annoncer le choix de Montréal.

Deux heures après le résultat du vote, les gens se rappelaient certains détails qui, avouaient-ils, auraient pu laisser augurer la bonne nouvelle à venir. Avant la cérémonie officielle d’ouverture, l’orchestre avait commencé à un certain moment « Alouette », puis avait joué l’hymne national du Canada, qui avait amené un petit groupe de spectateurs à se lever en reconnaissant leur chant national. Puis au cours d’un film silencieux alors que l’on montrait un avion KLM dans les aires, quelques mots, les seuls de toute la production, pour laisser savoir qu’ils venaient de Montréal.

La nouvelle du résultat du vote par Brundage a déclenché tout d’abord une vague d’acclamation de la part des Canadiens dans cette salle de théâtre, puis une course précipitée vers le maire Drapeau, qui occupait un siège du côté droit de la salle. Mais celui-ci a réussi à faire comprendre qu’il désirait monter sur la scène pour adresser la parole.

Il a dit se réjouir de cette victoire pour sa ville, sa province, son pays. Il a rappelé que le Canada avait toujours servi loyalement la cause de l’Olympisme depuis les deuxièmes Jeux. Toujours, il avait vu à envoyer des athlètes, des équipes, et qu’aujourd’hui, il a la joie d’apprendre que les Jeux auront enfin lieu sur son territoire, en 1976…

(La Presse, 14 mai 1970)

centre ville de montréal
Centre-ville de Montréal, place St-Louis. Photo : © Lucie Dumalo

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