
Drapeau gagne son point
Ottawa – C’est aujourd’hui qu’enfin, après un démarrage laborieux mais sûr, commencera véritablement la mise en œuvre de l’exposition de Montréal.
En la personne de M. Lionel Chevrier, ministre de la Justice et actuellement premier ministre intérimaire, Ottawa fait former l’artillerie lourde pour annoncer aujourd’hui (6 juillet 1963) qu’elle est prête à ratifier définitivement le choix de l’île Sainte-Hélène et de l’île Notre-Dame comme emplacement de l’exposition et à verser sa part des frais afférents à une telle entreprise.
« Les travaux auraient dû commencer cette semaine, a déclaré hier avec impatience le maire Drapeau à son arrivée à Ottawa. Il semble bien qu’ils pourront commencer tout de même aujourd’hui. »
Obnubilé sans doute par la modeste envergure des contributions initiales de $20 millions par Ottawa, 15 pour le Québec et 5 pour Montréal, le fédéral se montrait jusqu’ici peu enclin à jongler avec les centaines de millions de dollars que suggère maintenant le projet.
Réalisant enfin l’envergure des opérations, Ottawa s’est enfin résolue à voir les choses en face, et c’est ce qu’annoncerait aujourd’hui M. Chevrier, après en avoir discuté hier soir au conseil des ministres.
À mesure que progressaient hier les pourparlers entre Montréal et Ottawa, on sentait que de part et d’autre et surtout de la part d’Ottawa, on prenait enfin conscience des véritables dimensions du projet. Car, contrairement à ce qu’on pouvait croire, le ton des entretiens demeura tout à fait cordial : c’est la difficulté du problème et non celle des interlocuteurs qui a fait ce prolonger la discussion une partie de la nuit.
Peut-être enfin fut-ce la détermination du maire Drapeau à ne pas quitter Ottawa sans une réponse définitive qui fit que la question sera tranchée aujourd’hui.
Hier après-midi, il ne fut question que de la protection des eaux navigables. À cet effet, Ottawa réclamait, comme on sait, des garanties maxima, tandis que Montréal ne voulait offrir que le minimum, à savoir : estacade permanente contre estacade amovible.
Ou, pour employer des termes du maire Drapeau : « Nous leur offrons une Ford et ils insistent sur une Cadillac ».
L’intransigeance d’Ottawa à cet égard se fondait, semble-t-il, sur celle d’un de ses ingénieurs, qui s’oppose irréductiblement à l’emplacement de l’île Sainte-Hélène.
Cependant, l’entrée en scène de M. Chevrier, qui incarne à la fois les intérêts politiques et financiers du gouvernement, semble mettre un point final à ces tergiversations techniques.
Étude détaillée
MM. Deschatelets, Favreau, Drapeau et Saulnier ont consacré les quatre heures de discussions de la rencontre d’hier après-midi à analyser les conclusions les rapports préparés par les firmes spécialisées qui, à la demande de Montréal, ont étudié l’effet que pouvait avoir sur le mouvement de l’eau et des glaces le remblayage du fleuve St. Laurent, à la hauteur de l’île Sainte-Hélène.
Plus tôt dans la journée, le ministre des travaux publics avait répété aux Communes que la création de l’île Notre-Dame ne devait d’aucune façon venir en contradiction avec la Loi de protection des eaux navigables (Navigable Water Act). Il a également précisé, et s’était la première fois qu’on en faisait officiellement mention, que les ingénieurs du gouvernement fédéral « insistaient sur certaines réserves ».
(Cela se passait le 6 juillet 1963)

Parc Jean-Drapeau aujourd’hui. Photo : GrandQuebec.com.
Voir aussi :
Facebook
Twitter
RSS