Église Ste-Cunégonde en feu

L’église de Sainte-Cunégonde en feu

À l’heure 30 cet après-midi, ce superbe Temple de la Banlieue est la proie des flammes

Au moment où nous allons sous presse, le 19 février 1904, nous apprenons que l’église de Sainte-Cunégonde est en flammes. Une deuxième alarme vient d’appeler sur les lieux tout le corps de pompiers.

Le clocher de l’église est tout embrasé et on appréhende une catastrophe.

Toute la brigade de l’ouest de Montréal, sous les ordres de sous-chef Mitchell, est rendue sur le théâtre de l’incendie.

Une belle église

C’était une des plus belles églises de l’île-de-Montréal. Son clocher unique était d’une hauteur considérable.

Son site ne pouvait être mieux choisi. Elle est située à l’angle des rues Saint-Jacques et Vinet. Devant sa façade se trouve le joli square d’Iberville, au milieu duquel s’élève le monument d’Iberville, œuvre du sculpteur Hébert.

Le presbytère de Sainte-Cunégonde, qui, au moment où nous mettons sous pressé, est en grand danger d’être détruit, est aussi un joli édifice.

Il y a longtemps qu’il n’y a pas eu d’église incendiée à Montréal, si l’on excepte l’église Sainte-Marie, qui a été la proie des flammes, il y a trois ans, à l’angle des rues Craig et Panet.

L’origine du feu

Le feu aurait commencé dans le clocher.

C’est de la pharmacie Cheval qu’on a aperçu d’abord les flammes. M. Lacoste, commis de M. Cheval, était alors seul dans l’établissement. Ce fut lui qui vit les premiers signes du désastre.

Singulier détail : c’était du clocher seul que venait la flamme. M. Lacuste téléphona aux brigades de pompiers de Ste-Cunégonde, St-Henri et Montréal. Les pompiers de Ste-Cunégonde furent les premiers rendus sur les lieux. Mais la violence du feu était telle que lorsqu’ils firent leur apparition, l’opisthodome de l’église était déjà tout en flammes.

Bientôt cependant arrivèrent sur les lieux les brigades de St-Henri et de Montréal. On se mit à l’œuvre. Plus de 15 boyaux furent étendus en un clin d’œil.

Cependant, la situation était désespérée, et les chefs de pompiers qui se trouvaient là le comprirent aussitôt. Le chef Jos. Tremblay, commandait tous les héros qui étaient là, à ce moment, à combattre le terrible élément.

Le chef des pompiers et de la police de Sainte-Cunégonde, en dépit des obstacles vraiment insurmontables qu’il a rencontrés là, s’est montré un héros.

L’église de Sainte-Cunégonde

L’église de Sainte-Cunégonde est en feu ; elle est la première érigée dans la paroisse. Elle date de 1885. C’est un élégant édifice en pierre bourrelée, avec façade en pierre de taille s’élevant à l’intersection des rues Saint-jacques et Vinet. La flèche du clocher porte à 220 pieds du sol, la croix qui la surmonte. L’intérieur est remarquable, par toute une nuée e tableaux décoratifs, du plus joli fini, et de l’inspiration la plus pieuse.

Pas d’eau !

Le clocher est un brasier ardent. La foule est immense et contemple d’un regard en même temps triste et curieux la ruine du temple divin.

Le clocher va tomber. Les flammes font un crépitement qui terrifie. La foule s’écarte. La fumée et les flammes s’échappent de toutes les issues. Les fenêtres sont des yeux de feu. Parfois les vitres volent en éclats, et il s’en échappe une fumée âcre et compacte.

Les pompiers se désespérent. Il n’y a pas d’eau. La plupart des bornes-fontaines restent gelées et il n’y a pas de pression. Désolés, les pompiers regardent brûler l’église. Ils se servent du peu d’eau qu’ils ont à leur disposition pour protéger le presbytère. Le presbytère a pris feu vers deux heures.

On nous apprend que l’on n’a pu sauver les saintes espèces.

La chute du clocher a grandement menace la vie des pompiers. En effet, le clocher a brisée les fils électriques.

(C’est arrivé le 19 janvier 1904).

église de Sainte-Cunégonde
Église de Sainte-Cunégonde. Photo : © GrandQuebec.com.

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