Histoire de Montréal

Hôtel de ville anéanti

Hôtel de ville anéanti

Hôtel de ville de Montréal anéanti

Le 3 mars 1922, un terrible incendie anéantit le nouvel hôtel de ville de Montréal. Les étages supérieurs au-dessus du deuxième avaient disparu, effondrés à l’intérieur. Les deux premiers étages, dont les murs restèrent debout, étaient remplis de décombres. Toutes ces ruines ont été produites en quelques heures.

Un peu avant minuit, un des gardiens de l’hôtel de ville, M. Édouard Roussel, découvrit qu’un incendie s’était déclaré dans le sous-sol, au-dessous des bureaux du département des licences. Il sonna aussitôt une alarme à l’avertisseur de l’hôtel de ville. Quand les pompiers arrivèrent, ils jugèrent la situation fort grave, et deux nouvelles alarmes furent successivement sonnées, jusqu’après l’arrivée du chef Chevalier, qui fit sonner une alarme générale, à 1 heure 8 minutes.

L’hôtel de ville n’était plus alors qu’un vaste brasier. Les flammes avaient gagné tous les étages et jaillissaient à une grande hauteur, illuminant le firmament sur une très grande distance.

Dans l’intervalle, des milliers de personnes accourues des différentes parties de la ville, avaient envahi les rues Notre-Dame, Gosford et Craig, et se poussaient sur le Champ de Mars. Elles pouvaient d’ailleurs contempler un spectacle grandiose. Le crépitement des flammes se mêlait au bruyant fracas des écroulements à l’intérieur du vaste édifice, et des masses de vapeur s’élevaient produites par l’eau lancée par les pompiers, que les flammes vaporisaient aussitôt.

Bientôt les étages supérieurs s’écroulaient l’un après l’autre et des brandons étaient lancés de toutes parts jusqu’à des grandes distances. Des pompes à vapeur avaient été installées rue Notre-Dame, place Jacques-Cartier, rue Gosford, tout à l’entour de l’hôtel de ville, et d’innombrables et puissants jets d’eau étaient lancés de toutes parts dans l’ardente fournaise.

Pendant de longues heures, les pompiers durent combattre les flammes sous le commandement du chef Chevalier, du chef adjoint Saint-Pierre, et des chefs de district Doolan, Marin, Gauthier et Dagenais.

Au cours de l’incendie,  plusieurs pompiers furent blessés et on les envoya aux hôpitaux pour y être traités. Le capitaine Patrick O’Reilly reçut les plus graves blessures.

Une véritable inondation de tous les environs de l’hôtel de ville fut causée par l’énorme volume d’eau lancé par les hommes de la brigade. Une grande partie de cette eau, sortant de l’édifice en flammes, se répandait sur les rues environnantes.

Sur la rue Craig, il se répandit une épaisseur de plusieurs pieds d’eau qui empêchait absolument la circulation, pendant que les rues allant de la rue Notre-Dame vers le sud étaient transformées en véritables cataractes. Le maire Martin, qui avait été averti aussitôt après la découverte de l’incendie, se rendit promptement sur les lieux, espérant sauver les documents qui se trouvaient dans son bureau, mais il ne put guère sauver que son collier d’office et quelques papiers personnels.

façade de l'hôtel de ville

Hôtel de Ville de Montréal. Photo : © GrandQuebec.com.

Édouard Roussel, le gardien qui a découvert le feu, raconte ainsi ce qui s’est passé :

« J’étais assis dans ma petite chambre, située près de la porte qui donne sur le carré entre le palais de justice et l’hôtel de ville, cette même chambre qui pendant plusieurs années servit aux reporters qui font le service des nouvelles à l’hôtel de ville. J’entendis des bruits sourds, comme des roulements; je crus que ce bruit provenait des voitures des vidangeurs qui souvent viennent en arrière de l’édifice, pendant la nuit. Je sortis de ma chambre qui se trouve au rez-de-chaussée et je me rendis au bureau où l’on émet les patentes.

Sur le mur qui sépare ce bureau d’avec celui des estimateurs, je vis de la fumée qui montait en serpentant, venant par là où les tuyaux des calorifères entrent dans la pièce.

Je sortis en courant de la pièce, et prenant l’ascenseur, je me rendis au dernier étage de l’édifice où réside Louis Lajeunesse, le concierge. Je l’éveillai et lui dit de se hâter de sortir. Je cassai alors la  vitre de la  boîte d’alarme, mais apparemment elle ne fonctionnait pas.  J’essayai de descendre par l’ascenseur mais je m’aperçus que lui aussi refusait de fonctionner. Je descendis alors les escaliers en courant, brisant à chaque étage la vitre de la boîte d’alarme privée. En autant que j’ai pu m’en rendre compte, aucune de ces boîtes n’était en bon état. Finalement, je réussis à atteindre la boîte du système d’alarme de la ville; cette boîte était en bonne condition. »

Attribué aux fils électriques, l’incendie causa des dommages évalués par le maire Médéric Martin à $10 million à l’édifice terminé en 1878 au coût de $100 000, sans parler de nombreux documents historiques d’une valeur inappréciable. Maigre ce malheur, les différents services publics étaient réorganisés dès le lendemain matin dans différents édifices de la Ville de Montréal, sous la gouverne de M. J.-A.-A. Brodeur, président du comité exécutif.

montreal hotel de ville

Hôtel de ville de Montréal. Photo © Oleg Railean.

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