Nouvel hôtel de ville

Inauguration du nouvel hôtel de ville

Le palais municipal – c’est ainsi qu’on identifiait l’hôtel de ville à l’époque – constitue un monument vraiment digne de la métropole du Canada. C’est spacieux, d’un style sobre et délicat, c’est à la fois imposant, somptueux, luxueux même.

Cette phrase exclamative, la foule rassemblée n’avait cessé de l’entendre à l’inauguration officielle de l’hôtel de ville reconstruit, ou, du moins, s’est on exprimé en des termes approchants au cours de la brillante cérémonie du 15 février 1926, après-midi, qu’a présidé le premier magistrat de Montréal, Son Honneur le maire Charles Duquette.

Ce n’est pas sans raison en effet, que l’administration ait qualifié d’étalage de lux l’ensemble qui le composent : hall d’honneur, chambre des échevins, bureau du maire, salle de réceptions et autres. Certes, on peut dire que nos architectes et ingénieurs ne se sont pas écartés des règles de l’esthétique. La bronzerie sous divers motifs, le marbre aux teintes variées, et la boiserie d’une facture élégante fournissent une ornementation qui nous ramène à la splendeur des grands palais, aux chefs d’œuvre de l’architecture. La réception d’hier a naturellement donné de la vie à cette magnificence.

Les portes de bronze de l’entrée principale se sont ouvertes toutes grandes pour la première fois officiellement hier, pour laisser pénétrer dans l’enceinte du palais le flot des invités. Parmi les hôtes distingués des hauts dignitaires de la métropole, on remarquait des maires venus d’un peu partout, les sommités du clergé, de l’industrie et du commerce, de la littérature, les hommes de profession – avocats, médecins, notaires – et des représentants de la finance et de la classe laborieuse. Chaque catégorie avait ses délégués. Les dames, présentes en grand nombre, rehaussaient l’éclat de la fête.

Assemblée du conseil

La première partie du programme d’inauguration comportait une séance spéciale du Conseil municipal. Après avoir disposé des articles inscrits au feuilleton du jour, le maire Duquette prononça un discours, lequel porta sur l’historique de la ville. Il fut suivi de l’échevin J. A. – A. Brodeur, président du comité exécutif, qui appuya sur le travail de la commission des architectes et des entrepreneurs chargés de l’exécution des travaux, n’oubliant pas la tâche imposée aux ingénieurs et aux architectes du service municipal des Travaux publics.

L’autre partie du programme comprenait la grande réception civique tenue dans le hall d’honneur. L’orchestre du Windsor fournit le programme musical; il avait pris place dans une des petites galeries centrales du hall. Il était dirigé par M. Raoul Duquette. Pendant plus d’une heure, les airs plus entraînants résonnèrent par tout l’édifice.

La maison Dupuis Frères avait été chargée de l’organisation des buffets, que l’on avait installés dans la salle des caucus et dans l’antichambre du maire. Des hors-d’œuvre, des sandwichs, des limonades, des vins, des gâteaux et des glaces de toutes sortes furent servis avec diligence et bon goût.

Voici quelques passages du discours prononcé par le maire Duquette lors de l’inauguration du troisième hôtel de ville de Ville-Marie, devenue Montréal par la suite :

Constituée en corporation municipale des 1644, le premier édifice occupé par les administrateurs locaux ne le fut qu’en 1667. Il était situé à un endroit à proximité de la place D’Youville. En 1669, on s’installait dans la salle d’audience d’une demeure offerte à M. de Maisonneuve par la compagnie des Cent-Associés.

En 1698, on déménage dans un troisième « hôtel de ville », à un emplacement actuellement occupé par la partie est du marché Bonsecours. Entre la reddition de 1760 et 1774, les affaires municipales se décidaient au château de Ramezay, qui devint donc, du moins officieusement, notre quatrième « hôtel de ville ».

Après que le Conseil législatif eut administré les affaires municipales de Montréal de 1774 à 1796, Montréal retrouva son autonomie cette année-là, et le personnel administratif de la ville s’installa dans un cinquième « hôtel de ville », à l’angle des rues Notre-Dame et Saint-François-Xavier, pour déménager trois ans plus tard au palais de justice, sur l’emplacement occupé par la suite par le « vieux Palais de justice » (qui a servi de siège social au Comité organisateurs des Jeux olympiques plus tard). Ce déménagement était compréhensible puisque de 1799 à 1832, Montréal a été administré par des juges. En 1832, Montréal reprenait son autonomie, mais demeurait au Palais de justice qui devenait ainsi officiellement un sixième « hôtel de ville ».

Après quatre années (1836 à 1940) de retour sous une administration par des juges, Montréal obtenait son incorporation en 1840, charte qui demeure en vigueur, même si elle a depuis subi des centaines d’amendements. À partir de 1840, l’administration municipale occupa successivement un édifice (complètement disparu) de la rue Notre-Dame, entre les rues Saint-François-Xavier et Saint-Jean (1840-1844), puis un immeuble en pierre du côté sud de la rue Notre-Dame, à l’est de la rue Bonsecours (1844 à 1852), puis le marché Bonsecours (1852 à 1878).

En 1869, la décision avait été prise d’acheter le « jardin du gouverneur », face au château de Ramezay, pour y loger un futur hôtel de ville. Les travaux de cet édifice de plus par style de la Renaissance françaises furent terminés en 1875.

(Ce texte a été publié le 15 février 1926 dans La Presse).

Certains s’étonneront d’apprendre alors qu’on procédait à l’inauguration de l’édifice en 1926. Il importe alors de préciser que l’édifice avait été détruit par un incendie le 3 mars 1922 et qu’on avait mis quatre ans et 1,75 million à le reconstruire.

vue de l'hôtel de ville arrière
Vue de la façade arrière de l’Hôtel de Ville de Montréal. Photo : © Nicolas Trudeau.

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