Histoire de Montréal

Histoire de l’hôtel Viger

Histoire de l’hôtel Viger

L’Hôtel Viger et la petite histoire

Le quotidien La Presse publiait dans son édition du 13 février 1932 un article de l’archiviste et historien Édouard-Zotique Massicotte consacré à l’emplacement occupé à ce moment-là par la gare-hôtel Viger. Le contenu historique de cet article que nous reproduisons en surprendra plusieurs:

La fermeture toute prochaine de l’hôtel Place Viger, rue Craig est l’abandon de la gare comme point d’arrivée et de départ des trains à voyageurs se dirigeant vers Québec, dans le nord de la province, et leur retour ensuite dans la métropole, ont ramené en lumière l’endroit historique sur lequel s’élève se magnifique château aux tourelles pointues qui bientôt sera transformé en bureaux.

Propriété du Pacifique Canadien, construit et administré par lui, ce majestueux édifice date de 1898 et a connus des jours de splendeur.

Selon E.-Z. Massicotte, l’archiviste érudit du Palais de justice, l’hôtel Place Viger fut la réalisation du désir formulé par l’honorable Raymond Préfontaine, alors maire de Montréal et ministre dans le cabinet Laurier, de doter le public canadien-français de la partie est de la ville d’un hôtel de tout premier ordre – les autorités municipales mêmes en reconnurent si bien la nécessité qu’elles voulurent coopérer, afin d’en assurer la construction.

M. Massicotte ajoute : Car il y a plus d’un siècle, entre la rue Bonsecours et la rue Beaudry, au lieu de l’excavation profonde qu’enjambe le viaduc de la rue Notre-Dame, se dressait un monticule d’une soixantaine de pieds au-dessus du niveau actuel de cette rue. Ce monticule fut pendant un siècle et demi le terme de la rue Notre-Dame vers l’est; rendus à la rue Bonsecours, les passants devaient descendre jusqu’à la rue Saint-Paul pour contourner la colline, puis remonter, s’ils voulaient prendre le chemin qui conduisait à la route de Québec.

Un monticule-citadelle

Ce monticule-citadelle conserva son aspect jusqu’au 19e siècle, mais il devint évident que cet amas nuisait à l’agrandissement de Montréal. D’ailleurs, par la démolition des fortifications entre 1801 et 1808, l’utilité de la citadelle était si amoindrie qu’en 1812 on commença à tailler la partie est de la butte, autrement dit celle qui était flanquée de la porte Saint-Martin. De la terre enlevée on fit une tranche du Champ de Mars actuel. Lorsqu’en 1818, le gouvernement acquit l’Île Sainte-Hélène pour y établir un poste qui commandait mieux l’entrée du port de Montréal, le sort de la vieille butte se trouva réglé, Tout aussitôt on charroya ce qui restait de terre au Champ de Mars que l’on prolongea de la rue Gosford à la rue Saint-Gabriel. Par ces travaux, le talus qui jadis descendait de la rue Notre-Dame à la rivière Saint-Martin (rue Craig) se transforma en un plateau qui, à ses débuts, fut non seulement un champ d’exercices militaires, mais aussi une promenade estimée des Montréalais.

Ouverture de la rue Notre-Dame

Quand le monticule fut rasé, continue M. Massicotte, on ouvrit la rue Notre-Dame, à l’est de la rue Bonsecours. Le site de l’ancienne porte Saint-Martin prit la forme d’un square qui, en 1821, fut ouvert par le gouverneur Dalhousie à la ville de Montréal.

Cette partie de la ville se couvrit de résidences fashionables. Sur un des côtés, s’éleva le grand théâtre Hayes, l’un des plus beaux de l’époque et qu’un incendie détruisit en 1852; tout près, le fameux hôtel Donegana où logea le prince de Galles en 1860 et que, plus tard, l’on convertit en hôpital. En face de cet édifice demeura une célébrité canadienne-française, sir George-Étienne-Cartier; non loin, le négociant philanthrope E.-A. Généreux; le fameux voyageur canadien François Mercier, et combien d’autres?

Il semblait que ce coin de terre dût rester longtemps dans ce nouvel état mais il fallut compter avec le progrès.

Autour de la gare Viger

La Compagnie du Pacifique Canadien dont le chemin de fer entre Québec et Montréal, ne se rendait qu’à Hochelaga, cherchait à pénétrer près du centre des affaires. Ses ingénieurs songèrent d’abord à ériger une gare terminale sur le terrain qui comprend le marché de Bons-Secours (sic!) et un pâté de maisons faisant face à la place Jacques-Cartier. Toutefois, un obstacle imprévu surgit tout à coup. Pour atteindre son but, la compagnie ferroviaire devait exproprier et démolir la chapelle du Bon-Secours, une vieille relique, chère à tous les Montréalais sans distinction de croyance. De si fortes protestations se produisirent contre ce projet que la Compagnie modifia ses plans et s’arrêta à la place Dalhousie.

Tout d’abord, les ingénieurs se contentèrent de niveler le côté sud de la rue Notre-Dame mais par la suite, on décida de creuser tout un quartier, de le baisser au niveau de la rue Craig et de construire là un hôtel et une gare qui seraient un ornement pour la grande ville commerciale du Dominion. Et ce fut fait. Ainsi par un enchaînement de circonstances difficiles à prévoir, le plus haut point de l’ancien Montréal est devenu l’un des plus bas du Montréal moderne.

gare viger

La gare Viger aujourd’hui. Photo : © GrandQuebec.com.

Pour compléter la lecture :

1 commentaire

  1. Carl Swanston dit :

    Pourquoi que l’hôtel ferma en 1935 (on parle d’opposition)?

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