À l’Hôtel de ville de Montréal, c’est arrivé le 7 septembre 1937
Société Saint-Vincent de Paul
La Société Saint-Vincent de Paul est acculée à une grave situation financière et plusieurs conférences seront peut-être obligées de fermer leurs portes. C’est ce que nous apprenait, hier matin (samedi). M. Hector Dupuis, échevin de Papineau. Il a ajouté que dans son quartier une conférence en particulier accusait un lourd déficit et était dans l’impossibilité de continuer ses activités. La Société Saint-Vincent de Paul avec un budget limité fut obligé de secourir certaines catégories de chômeurs dont le nom avait été rayé des listes de secours par ordre du gouvernement provincial. À diverses reprises. la Société Saint-Vincent de Paul a secouru à mêmes ses deniers ces classes de chômeurs, telles que les veuves. les femmes séparées ou abandonnées, les personnes malades. etc. Comme bien l’on pense cette généreuse contribution a grevé le budget de la société de bienfaisance et elle envisage avec beaucoup d’appréhension la saison hivernale
Chômage et assistance
Le maire de Montréal M. Adhémar Raynault a l’intention dans un avenir assez rapproché de fusionner le sous-service municipal de l’assistance – chômage avec le département de l’Assistance Publique. « Lorsque nous aurons adopté un programme de travaux subventionnés afin d’enrayer le chômage, nous dit le maire, il sera facile de greffer tout le système actuel ce la distribution des allocations au service de l’Assistance Publique ».
Monsieur Raynault dit que comme premier magistrat de la cité il ne tolérera jamais que certaines personnes manquent de nourriture et du strict nécessaire quand par ailleurs d’autres personnes vivent dans l’abondance.
Catégories spéciales
Référant à la question des allocations de chômage à certaines catégories de chômeurs, le maire dit que ces personnes recevront le secours direct jusqu’au 1er octobre, d’après l’entente conclue à Québec cette semaine. Mais après cette date les mêmes personnes ne manqueront pas d’être secourues car le maire bataillera de toutes ses forces afin que les mesures nécessaires soient prises pour leur donner à manger, les loger et les vêtir. « Dans le système actuel de la distribution des allocations, ajoute le maire, il existe beaucoup d’anomalies. Ainsi un gaillard de 25 ans qui n’a pas d’emploi est assuré de recevoir le secours. Il n’en est pas ainsi de la mère de famille ayant plusieurs enfants dont le père pour une raison ou une autre, a quitté le foyer et a abandonné les siens à un triste sort. Cette femme et ces enfants d’après la Loi n’ont pas droit au secours. Y a-t-il plus grave anomalie, plus ridicule interprétation de la législation du chômage? Si les lois sont impuissantes à secourir ces malheureux, conclut le maire, nous remédierons de toute façon à cet état de choses pénible et lamentable.
$ 400, 000 par mois
Parlant des travaux de chômage et de la délégation qui se rendra à Ottawa le 15 septembre pour les réclamer, M. Hector Dupuis à déclaré qu’il exigerait de Montréal et de Québec une contribution de $10 mil1lons dans le cas où la ville essuierait un refus dans sa demande de contribution fédérale. Montréal et Québec, dit M. Dupuis, donneront l’exemple et Ottawa prendra alors ses responsabilités. D’autres échevins croient qu’il est plus sage de demander une contribution de $400.000 par mois à Ottawa, puisque les travaux au montant de $10 millions seront répartis sur une période de deux années. Le gouvernement fédéral en l’occurrence serait peut-être mieux disposé à fournir sa quote-part.
Les usines fermées
Le gouvernement de Québec veut faire en sorte que l’on rouvre certaines fabriques de papier, que l’on avait fermées à cause de la crise, et que, dans l’avenir, on prenne toutes les mesures nécessaires pour empêcher la clôture subite d’usines, qui déversent tant de travailleurs dans le chômage forcé.
Comme le disait monsieur Duplessis, autour de chaque fabrique s’élèvent des villes et des villages qui contractent des obligations financières, et qui comptent sur les revenus du travail et de l’industrie pour faire honneur à leurs dettes, cette activité est suspendue, les municipalités intéressées se trouvent à regorger de sans-travail et sont dans l’impossibilité de secourir les misères qu’elles abritent et d’équilibrer leur budget.
Faisant mention spécialement de l’industrie de la forêt et du papier, le premier ministre à déclaré qu’il voulait éviter les ravages de la concurrence pour certaines fabriques. C’est pourquoi, il a l’intention de s’entendre avec le gouvernement de l’Ontario pour régulariser ls production et les prix et procurer aux employés de ces entreprises plus de stabilité. Si cette initiative réussit, il y aura moins de danger de dépression subite dans nombre de nos cités et villes, où, dans le passé, ces événements ont été assez fréquents.
On voit, par là, que l’Ontario et le Québec, deux provinces dont les intérêts sont identiques, ont tout intérêt à collaborer
Les liqueurs
Un grand nombre de touristes, de retour à Montréal après avoir fait la tournée de la Gaspésie, ont exprimé leur étonnement de ce que la merveilleuse péninsule soit totalement privée de débits de liqueurs et même des bières et des vins. Sur un parcours d’environ huit cents milles, les milliers d’étrangers qui visitaient ce coin du pays n’ont pu, ni dans les hôtels ni ailleurs, trouver leur breuvage favori, sinon à certains endroits où l’on faisait de la contrebande et où l’on vendait à prix exorbitants.
Plus d’une fois, nous avons attiré l’attention des autorités sur cette anomalie. Il est déraisonnable, pour ne pas dire absurde, que dans une province où tous les citoyens sont régis par les mêmes lois et ont les mêmes droits, on prive des territoires considérables de certaines commodités que l’on considère, en tout autre pays, comme nécessaires.