Histoire de Montréal

Catastrophe de l’hospice

Catastrophe de l’hospice

Un incendie fait 45 morts à l’hospice de Sainte-Cunégonde

À quelques minutes d’intervalle, un peu avant 2 heures cet après-midi, le 15 juin 1951, six corps calcinés et méconnaissable4s étaient trouvés par les pompiers, au 4e étage de l’asile Sainte-Cunégonde, que les flammes ravageaient déjà depuis plus de deux heures.

Quelques minutes plus tard, la partie centrale du toit de la bâtisse s’effondrait dans un assourdissant vacarme et laissait ainsi pompiers, policiers, secouristes et autorités de l’institution dans la plus complète perplexité quant au nombre de victimes qu’aura fait cet incendie, qui s’avère déjà comme le plus attristant désastre des dernières années, dans la métropole.

Les tonnes de débris qui se sont écroulés sur les divers paliers de l’édifice, en effet retardèrent de plusieurs heures, si ce n’est de plusieurs jours dans certains cas, les fouilles qui fournissent déjà un si tragique bilan, quelques minutes seulement après avoir été commencées.

Pendant ce temps, dans la foule de milliers de curieux massés dans les rues voisines de l’intersection Albert-Atwater, les rumeurs les plus fantastiques prenaient naissances, mais aucun personnage officiel ne voulait se prononcer. Les uns disaient qu’il pouvait y avoir vingt morts, peut-être quarante. À un moment donné, on répéta que si les deux cents enfants qu’abritait l’hospice étaient apparemment tous en lieu sûr, au moins quatre-vingt des vieilles et des vieillards qui se trouvaient aux étages supérieurs de l’immeuble n’avaient pu être évacués avant que le feu ne se propageât avec une fulgurante rapidité.

Les religieuses de l’institution, qui, selon tous les résidents du voisinage, ont toutes risqué leur vie pour emmener à l’extérieur des dizaines d’enfants pris de panique et nombre de vieillards à demi impotents, ne voulaient pas se prononcer, elles non plus.

L’une d’elles répondit simplement : Dans la dernière salle où j’ai vainement tenté de pénétrer, au cinquième, il y avait plus de quarante vieilles dames. Nous en avions sauvé plusieurs, plusieurs…

Et sans plus dire, les yeux mouillés, la dame se retourna vers les vieux murs de pierre de l’hospice, d’où une fumée noire, absolument opaque, semblait sortir de toutes les issues possibles.

À cause de leur petit nombre, elles n’étaient que 26 pour diriger l’asile, les religieuses elles-mêmes pouvaient plus facilement se dénombrer, même si tout le quartier avoisinant s’était vite transformé en une véritable « mer de monde » où il était particulièrement difficile de se retrouver.

D’autre part, nombre de parents accourus des quatre coins de la métropole, dès que la nouvelle du sinistre se fut répandue, accroissaient la tension générale notée sur les lieux, en interrogeant avec anxiété aussi bien le premier venu que les religieuses ou les pompiers harassés qui luttaient contre les flammes.

Ces scènes désolantes d’un jeune couple cherchant un bambin introuvable ou d’une vieille dame tentant de retracer une sœur malade dans les maisons qui avaient donné l’hospitalité aux premiers évacués, n’avaient toutefois rien de comparable à celles qui s’étaient déroulées au tout début de l’incendie, alors que tout le quartier fut littéralement enveloppé dans un tourbillon de fumée, percé seulement par le cri strident de dizaines de sirènes.

Si un peu avant 4 heures p.m., on n’était pas encore du tout fixé sur le nombre de victimes qu’a pu faire l’incendie de la rue Albert (le bilan des victimes fut établi à 35, y compris la supérieure du couvent, Sœur Rita Gervais et cinq autres Sœurs grises), certains témoignages donnaient toutefois quelques indications qui ne manquent pas d’ajouter au tragique.

À l’un des reporters, accourus sur les lieux du sinistre, M. Jean-Paul Mitchell, 2036, rue Albert, a déclaré ce qui suit :

Quelques minutes après que les premiers crépitements du feu eurent alerté les résidents du voisinage, j’ai vu, dans les fenêtres du quatrième étage, partie ouest, une douzaine de vieilles dames qui criaient et agitaient désespérément mouchoirs et serviettes. Sidéré par leur geste affolé, je les ai toutes vues, une à une, s’affaisser derrière les carreaux fermés, toute asphyxiées, selon les apparences »

(C’est arrivé le 15 juin 1951. La Presse).

L’hospice Sainte-Cunégonde était un grand bâtiment en pierre grise situé à l’angle de l’avenue Atwater et de de la rue Albert, l’actuelle avenue Lionel-Groulx. Il servit pendant plus de cinquante ans, à la fois d’orphelinat et d’hospice pour personnes âgées.

hospice sainte_cunegonde

L’Hospice de Sainte-Cunégonde vers 1930. Photo : J.R. Poirier, photographie du domaine public.

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3 Comments

  1. Lyette Bertrand dit :

    Bonjour

    Je viens de trouver dans les souvenirs de famille un avis de décès pour Madame Cordélia Gauthier …la date du décès coincide avec le feu de l’ Hospice Ste Cunégonde…Je fais de la généalogie et j’aimerais plus de détails à son sujet.
    Merci de répondre à ma demande.

    Lyette Bertrand

  2. robert-a bergevin dit :

    Je fus l9un des servants de messe lors des funerailles en l eglise Notre-Dame.Ma grand-mere travaillait voisin de l ospice.J en ai encore des souveirs malgre mon jeune age a l epoque.

  3. Fernand Lapierre dit :

    Bonjour,mon nom est Fernand Lapierreet j’étais pensionnaire lors de cet incendie .je suis maintenant âgé de 81 ans et lors de l’incendie j’avais 11 ans.
    La religieuse qui était notre directrice de groupe se nommait Sr Eugénie Paris était une grande Dame qui prenait soins de nous comme une Mère des plus dévoué .
    En voyant cet article et photos des souvenirs me reviennent à la mémoire de cette après midi d’enfer qui m’ont marqué mais qui aussi me rappelle les très bons moments passés pendant les six années comme pensionnaire entouré de nombreux copains et d’attention de la part des religieuse

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