Église Notre-Dame de Grâce de Montréal
L’église de Notre-Dame de Grâce est située sur le flanc du coteau ouest du Mont-Royal, à un jet de pierre de l’autoroute Décarie. Alors que vous traversez le jardin, apparaîtra la façade sobre mais accueillante de l’église. D’entrée, on est interpellé par le calme de son robuste équilibre. Son style jésuite baroque est fréquent dans les pays d’Amérique latine, mais est beaucoup plus rare au Québec et au Canada.
Au début du XIXe siècle, les paroissiens de Montréal établis sur la Côte Saint-Luc, sur la Côte-des-Neiges et sur la Côte Saint-Antoine (qui occupe aujourd’hui une grande partie de Westmount), trouvaient que l’église Notre-Dame était fort éloignée pour recevoir leurs services. Dans ces municipalités rurales, on construisit des chapelles.
Les résidents du coteau Saint-Pierre (quartier correspondant à l’actuel Notre-Dame-de-Grâce, plus une partie du quartier St-Henri, souffraient aussi de ce même éloignement. Ils eurent plus de succès auprès des autorités religieuses. Ils obtinrent de ces messieurs de Saint-Sulpice que leur desserte soit une belle et vaste église. Cette église s’appellerait Notre-Dame de toutes les Grâces, nom qui fut abrégé en 1867.
Ces persuasifs pionniers de la paroisse étaient issus, pour la plupart, de descendants des compagnons de Maisonneuve dont les noms ponctuent l’histoire et la géographie du Québec et de Montréal en particulier.
On y reconnaît, entre autres, les Décarie, Hurtubise, Gougeon, Leduc Prud’humme, Parent, Trudeau, Lemieux, Goyer, Beaudry, Cardinal, Paré, Saint-Denis, Pinsonneault. Il est à noter que les terres de ces familles étaient reconnues pour leur grande valeur agricole. On y cultivait, par exemple, des melons extraordinaires (de près de 20 livres) recherchés par les grands hôtels de New York. Le terrain de 30 arpents, acheté par les Sulpiciens à Eustache Prud’homme pour la construction de l’église coûta 1500 louis ou 6000$, une somme énorme en 1849.
L’édification de l’église débuta en 1851. Elle fut inaugurée le 18 septembre 1853 par Mgr Pierre Rappe, évêque sulpicien de Cleveland.
Comme c’était alors la coutume, les paroissiens étaient inhumés dans le sous-sol de l’église. Ainsi, le premier maire de Montréal, l’honorable Jacques Viger y repose.
Cependant, l’église ne demeurera qu’une desserte locale jusqu’au démembrement de l’immense paroisse Notre-Dame de Montréal, en 1867. Elle fut alors érigée en paroisse canonique par Monseigneur Bourget.
D’abord séculière, la paroisse fut confiée aux Dominicains de 1901 à 1999.
Au cours des années, Notre-Dame-de-Grâce qui couvrait un vaste territoire, devait desservir une population en pleine expansion. Pas moins de neuf paroisses furent érigées suite à des démembrements de la paroisse soit : Saint-Henri, Notre-Dame-des-Neiges, Saint-Léon, Saint-Pierre-aux-Liens, Sainte-Clotilde, Saint-Augustin, Saint-Antonin, Saint-Raymond et Sainte-Catherine-de-Sienne.
Architecture de l’édifice
C’est sur des plans de John Ostell que fut construite l’église Notre-Dame-de-Grâce. Cet architecte originaire de Londres et qui avait épousé une Québécoise a aussi fait les plans, entre autres, des tours de la basilique Notre-Dame et de la toiture du Grand Séminaire de Montréal.
Le choix du style jésuite du 18e siècle est étonnant car on sait que John Ostell était plutôt friand du style gothique. La façade comporte deux étages avec des piliers d’ordre ionique au deuxième. Au-dessus des deux portes latérales sont disposés des vitraux de Guido Nincheri.
Au-dessus de la porte centrale se trouve une niche abritant une statue remarquable de la Vierge et l’Enfant que l’on doit à Émile Brunet et qui fut installé à l’occasion du centenaire de la paroisse en 1953.
En 1927, lors de rénovations majeures, un campanile imposant mais gracieux fut ajouté, ainsi qu’une chapelle dédiée à Saint-Victor, un baptistère, une bibliothèque et d’autres salles. Ces additions sur la droite de l’édifice, exécutées sous la maîtrise d’œuvre du très respecté architecte Omer Marchand, augmentant encore l’impression de stabilité.
Décoration intérieure
Même si l’on a peu de renseignements sur la décoration intérieure d’origine de l’église, on peut supposer qu’elle était de « bon goût », d’après un chroniqueur de l’époque. De cette période, il ne reste que quelques sculptures en bois sculpté attribuées à Laurnet Vallière et l’orgue Casavant. La dernière transformation qui date des années 1960, quand la recherche de la simplicité des lieux de culte était en vogue, c’est faite hélas au détriment du patrimoine.
Mais il reste de merveilleux joyaux des rénovations qui eurent lieu en 1927, lors de l’ajout de la chapelle Saint-Victore et du campanile, plus tôt mentionnés. Le projet de rénovation intérieure alors retenu est celui du très célèbre maître verrier Guido Nincheri.
Formé à l’école de Florence, reconnu par le naturalisme lyrique qui valorise le symbolisme, Nincheri est à cette époque très en demande et l’archevêché fait fréquemment appel à lui pour la décoration des nombreux lieux de culte de Montréal. Il propose 15 vitraux, pour les 15 mystères du rosaire, plus deux vitraux représentant des anges placés de chaque côté de l’orgue.
Les vitraux des anges retiennent ainsi l’attention. La position de la tête, la façon dont les cheveux sont traités, l’ovale du visage et la finesse des traits ne sont pas, sans rappeler la beauté féminine telle que la concevait le peintre florentin de la renaissance Botticelli.
Guidon Nincheri exécuta aussi trois des vitraux représentant les mystères du rosaire qui se trouvent dans l’abside, soit : l’Annonciation, le Couronnement, l’Assomption de la Vierge Marie.
C’est à l’artiste français G.-E. Pellus que l’on doit les douze vitraux situés autour de la nef, ainsi que deux autres situés dans la chapelle St-Victor (aujourd’hui, la chapelle St-Dominique). Ceux-ci sont de facture plus conservatrice, et conforme à l’imagerie religieuse du début du XXe siècle.
Les fonts baptismaux en bois sculpté furent installés en 1865.

Dans ce décor, une communauté chrétienne bien vivante continue, de façon originale et adaptée, le cheminement spirituel amorcé par les pionniers du XIXe siècle. Elle vous accueille en ces lieux intimement liés à l’histoire de Montréal.
Coordonnées de la Communauté paroissiale de Notre-Dame-de-Grâce :
5333, avenue Notre-Dame-de-Grâce
Montréal, Québec
H4A 1L2
Téléphone : 514 – 369-1535
(D’après Comité des arts de la paroisse de Notre-Dame-de-Grâce).
Voir aussi :
- Église Notre-Dame-de-Grâce
- Quartier Notre-Dame-de-Grâce
- Arrondissement CDN-NDG
- Boulevard Décarie
- Religion au Québec
- Photographies des églises de Montréal

