Histoire des églises protestantes de Montréal

Les églises protestantes de Montréal au XIXe siècle

Ce que l’on est convenu d’appeler le libre examen, soit l’interprétation personnelle de la bible, a conduit à la formation de plusieurs groupes, ou sectes différentes, parmi les protestants. Le clergé chez eux est moins une hiérarchie organisée qu’un ensemble de ministres plus ou moins indépendants les uns des autres.

De fait, l’évêque anglican n’a de juridiction que sur les ministres et les fidèles de l’Église d’Angleterre; les dissidents presbytériens, méthodistes, baptistes et autres ne reconnaissent aucune autorité épiscopale.

Quant aux Anglicans, qui se réclament volontiers de l’église catholique (voir « Apologia pro vita sua« , du Cardinal Newman), ils ont conservé la hiérarchie ecclésiastique, et l’évêque, secondé d’archidiacres, de chanoines et de pasteurs gouverne l’ensemble des églises particulières et les séminaires de formation cléricale. Chaque paroisse de la ville est à la charge d’un « rector » ou curé, assisté de syndics (church wardens) qui correspondent assez bien à nos marguilliers, jouissant cependant de pouvoirs plus étendus. Ils participent à l’économie générale de leur paroisse; ils portent seuls la responsabilité des biens d’église et le ministre agit plutôt comme conseiller ecclésiastique dans les affaires financières.

L’église protestante n’a pas non plus de congrégations religieuses pour ses œuvres d’enseignement et de charité.

À Montréal, nous ne connaissons que le « St. Margaret’s Home« , où l’on hospitalise les vieilles gens et quelques orphelins; l’institut est sous la direction des sœurs anglicanes, fondées par le révérend Edmund Wood.

Quant aux presbytériens d’Ecosse, aux méthodistes américains et autres dissidents, chaque église est indépendante des autres: doctrine, discipline, gouvernement. Il n’y a là aucune autorité supérieure, nulle hiérarchie.

Le seul lien qui parait les unir entre elles, c’est une sorte de synode, composé de laïques et d’ecclésiastiques.

Les anglicans furent de longues années sans avoir de temple à eux. Ils se servaient alternativement avec les catholiques de l’église des Récollets. En reconnaissance de cette bonne entente, ils envoyèrent un jour aux religieux une boîte de cierges et une barrique de vin d’Espagne.

La paroisse de Montréal fut longtemps desservie par un Suisse français, M. Delisle, dont l’évêque de Québec affirmait qu’il parlait l’anglais si imparfaitement qu’il était inintelligible à ses ouailles. (Lettre à Dundas. Rapport des Archives pour 1891, p. 88).

En 1789, le gouverneur Dorchester, donna à ses coreligionnaires de Montréal l’usage de l’église des Jésuites, dont le révérend M. Tunstall était le pasteur en charge. Il avait succédé à M. Delisle, décédé le 30 juin 1794. L’incendie ayant partiellement détruit ce temple en 1803, on décida de construire la première église anglicane, qui prit le nom de Christ Church. Les Ecossais presbytériens avaient déjà leur église, rue St-Gabriel, construite en 1792. Le révérend Josaphat Mountain fut le premier pasteur du Christ-Church. Le ministère anglais ayant fourni une partie des fonds requis, on commença l’érection du temple en 1805, pour le terminer vers 1810. Ce temple magnifique s’élevait sur l’emplacement de l’ancienne prison française, rue Notre-Dame près de la rue St-Laurent. Lorsque le diocèse de Montréal fut érigé par décret royal en 1850, la population protestante de la ville comptait alors environ 16 000 âmes. Le premier titulaire, le très révérend Francis Fulford, éleva le temple anglican au rang de cathédrale. Mais avant l’érection du diocèse, l’évêque Mountain, suffragant de l’évêque de Québec, avait établi sa résidence à Montréal, dès 1836.

Le 10 décembre 1856, le feu détruisit ce temple de fond en comble. L’évêque et les syndics résolurent de le reconstruire (1857-1860) dans le haut de la ville, en plein centre résidentiel anglais. C’est le monument en pierre de style gothique saxon qui, avec le palais épiscopal de même style, s’élève dans la verdure et les fleurs sur la rue Ste-Catherine, au coin de la rue de l’Université. L’évêque Fulford mourut le 11 septembre 1868.

(Tiré de l’Histoire de Montréal par Camille Bertrand, édition de 1942).

Voir aussi :

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Église protestante St Stephen’s de Montréal. Photo du site Web Patrimoine religieux du Québec.

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