
Héroïque fondation de Ville-Marie – Montréal (1642-1653)
Au mois de mai 1642, M. de Maisonneuve et ses colons s’embarquèrent pour Montréal.
M. de Montmagny, M. de Puyseaux, madame de la Peltrie, le père Vimont et quelques autres notables de Québec s’étaient joints aux premiers « Montréalistes, » comme on les appelait déjà. Ils arrivèrent au but de leur voyage le 17 mai, sur la fin du jour et descendirent à la Pointe Callière (Dollier de Casson: «Histoire du Montréal,» p. 36, dit que ce fut le 18, de grand matin. Les «Annales de l’Hôtel-Dieu » mentionnent le 17).
Le matin du 18, sur un autel rustique, adossé à la forêt sauvage, le père Vimont célébra la messe de fondation de Ville-Marie. Cet acte de foi accompli en un pareil moment, à la lisière des bois, en face du grand fleuve, au milieu du silence de la nature sauvage, dut jeter dans l’âme de nos ancêtres de profondes émotions.
Pendant l’office divin, rapporte l’historien Dollier de Casson, le père Vimont prononça cette parole prophétique, que l’avenir devait si magnifiquement historioriser: « Messieurs ce que vous voyez n’est qu’un grain de moutarde, mais il est jeté par des mains si pieuses et animées de l’esprit de foi et de religion, que sans doute il faut que le ciel ait de grands desseins puisqu’il se sert de tels ouvriers; et je ne fais aucun doute que ce petit grain ne produira un grand arbre, ne fasse un jour des merveilles, ne soit multiplié et ne s’étende de toutes parts. (Dollier de Casson: « Histoire du Montréal,» p. 38).
Montréal était fondé.
« À l’œuvre et à l’épreuve »
On imagine aisément avec quelle activité les premiers colons s’employèrent sans tarder aux travaux de défrichement, quel plaisir ils durent éprouver à voir lever bientôt le beau blé de France dans cette petite patrie de leur choix.
Dès le même été, M. de La Dauversière envoya dix ou douze ouvriers, qui firent la traversée sur le vaisseau de M. de Repentigny, le « Notre-Dame ». La Compagnie de Montréal avait de nouveau souscrit une somme de 40 000 livres et cette mise de fonds avait été employée pour l’engagement des hommes, l’achat de quelques pièces de canons et de nécessités de toutes sortes qui furent expédiées avec la recrue. On put donc construire un premier corps de logis, qui servit longtemps de fort, et quelques maisons de bois à l’intérieur des palissades. Le 19 mars 1643, les canons étaient installés dans le fort pour protéger les habitants contre les entreprises éventuelles des Iroquois.
Au mois de janvier précédent, à la suite d’un vœux, dit-on, M. de Maisonneuve, accompagné des colons, se rendit à la montagne, où il érigea une grande croix de bois, qui devait, dans l’intention du gouverneur, marquer un lieu de pèlerinage. Le temps, qui ne respecte rien, a fait disparaître cette relique du passé.
Au cours de cette année 1643, il dut venir de France quelques colons nouveaux, peut-être même des familles, mais on en ignore le nombre exact. Nous savons cependant que M. Louis d’Ailleboust de Coulonge et sa femme, Barbe de Boulogne, arrivèrent à Ville-Marie cette année-là. On peut croire que ces personnes, d’un rang distingué et d’une fortune élevée, devaient être entourées de serviteurs à leur emploi, sinon d’amis de leur société. (M. E.-Z. Massicotte, dans son étude sur les colons de Montréal, dit que la recrue, composée de 40 hommes, arriva au mois d’août. — « Mémoires de la Société Royale,» 1913, vol. VII, p. 3. Bull. Rech. hist. 1927.)
Il y avait plus d’un an que Ville-Marie était fondée, quand les Iroquois découvrirent la nouvelle habitation française. Un parti d’Algonquins, poursuivis à travers bois par une bande d’Agniers, (Les Iroquois comprenaient cinq groupes distincts, établis en une sorte de confédération, au sud-est du lac Ontario. La race primitive avait produit des types d’hommes différents, à la suite de circonstances que l’on ignore. À cette époque, ils sont de nouveau réunis et forment cinq grandes familles autonomes. Ce sont les Agniers ou Mohawks, les Onneiouts ou Oneidas, les Onnontagués ou Onondagas, les Coyogouins ou Cayugas, les Tsonnontouans ou Senecas. Les Français les appelaient du premier nom, alors que les Anglais avaient adopté la seconde appellation. Cf. Bertrand — Desrosiers: «Histoire du Canada,» 4e édition, p. 33. ) se jetèrent dans le fort nouvellement construit, dévoilant ainsi le lieu de leur retraite. D’autre part, affirme Dollier de Casson, des Hurons auraient trahi leurs alliés européens, en incitant leurs propres ennemis à tenter un coup de main contre la ville naissante.
Mauvais conseil, haineuse rancune ou jalouse envie, quel que fût le motif réel de la politique agressive des nations iroquoises, celles-ci s’attaquèrent avec un acharnement diabolique au nouveau poste avancé des Français.
Durant vingt ans, l’implacable ennemi renouvela avec rage ses sauvages ruées contre Ville-Marie, dans une longue suite d’attaques, de coups de surprises et d’embuscades.
Il fallut plus que du courage à nos ancêtres pour tenir tête à tant d’assauts. Leur résistance fut vraiment héroïque.
Tragique épopée de centaines de Français, sacrifiés à la barbarie et qui marquèrent de leur sang tout le territoire de la nouvelle Île-de-France. (Tous ces faits de la guerre iroquoise (1643-1663) sont rapportés par l’abbé Faillon dans son «Histoire de la Colonie française,» vol. II. Il les a lui-même puisés dans l’Histoire du Montréal » par Dollier de Casson, les « Annales de l’Hôtel-Dieu » et d’autres écrits de l’époque. Ces faits sont bien établis et l’on a jugé inutile d’en interrompre le récit continu, pour indiquer chaque fois les ouvrages qui les rapportent. C. B).
Le 9 juin 1643, six colons furent surpris à l’entrée de la forêt et brutalement attaqués par une bande de sauvages. Trois furent massacrés sur place. Deux furent emmenés au pays des barbares pour y être torturés; un seul réussit, croit-on, à s’échapper et à s’enfuir dans les colonies voisines. Les restes mutilés des trois premiers furent inhumés le lendemain. Ce sont Guillaume
Boissier, Bernard Berté et Pierre Laforest dit l’Auvergnat.
Les autres sont restés inconnus. Ce fut le premier sang versé au pied du mont Royal.
Que d’humbles héros, morts pour la cause de la civilisation française, n’ont même pas laissé leur nom dans l’histoire; victimes ignorées dont rien ne rappelle le souvenir aux générations présentes, qui leur doivent pourtant cette vie heureuse dont ils jouissent aujourd’hui dans leur inconsciente tranquillité.

XVII century was Nicholas Jarry .
fascinant et extraordinaire! Le québec Ville Marie est si mystérixeu, franchement Chapeau