La Grande Guerre et Montréal

Photos de la Grande guerre (Première Guerre mondiale)

De 1896 à 1914, l’économie canadienne a crû à un rythme record, stimulée par le « boom de blé » dans l’ouest et le prolongement des chemins de fer. Aucune ville n’a profité de cette croissance autant que Montréal, qui s’est agrandie le long du fleuve et à flanc de montagne pour compter 600 000 habitants, banlieues comprises, en 1914. La plupart de ces habitants, soit 64% de la population, étaient des Canadiens français, souvent exilés des campagnes depuis peu.

Ces derniers arrivaient dans une ville divisée, régie par une élite anglo-celtique qui dominait l’économie nationale et métropolitaine. La collectivité anglo-celtique, qui représentait 24% de la population, était toutefois majoritairement composée d’employés administratifs et autres simples salariés qui peinaient eux aussi à gagner leur vie. Les Juifs yiddishophones fuyant la Russie, de plus en plus nombreux, constituaient le plus grand groupe (8%), les Italiens (2%) formant la deuxième collectivité d’immigrants la plus importante.

Montréal 1914 vue aérienne
Cette photographie aérienne du centre-ville de Montréal a été prise peu après la guerre. 

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Le tunnel ferroviaire sous le mont Royal, construit par le Canadian Northern, aujourd’hui « Canadien National », a été achevé en 1918 afin de développer Ville Mont-Royal et de faire la jonction avec les lignes de chemin de fer est-ouest. La basilique-cathédrale Marie-Reine-du-Monde est l’un des rares bâtiments apparaissant sur la photographie qui existe encore.

Vue panoramique de Montréal. Photographie de l’époque.

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À cette époque, au début du XXe siècle, le tramway était le seul moyen de transport de masse dans la métropole. La Compagnie des tramways de Montréal s’est agrandie avec le développement urbain, quand elle ne l’a pas précédé. Cette photographie illustre un groupe d’immigrants italiens travaillant sur la rue Ontario. Les Italiens ont commencé à affluer au Canada à l’aube du XXe siècle.

En 1914, la ville de Montréal comptait environ 10 000 habitants d’origine italienne. La plupart étaient des hommes célibataires et travaillaient sur les chemins de fer. Les deux paroisses italiennes, Mont-Carmel et Notre-Dame-de-la-Défense, ont enregistré 672 baptêmes en 1914, signe que des familles se formaient. Quand l’Italie s’est jointe aux Alliés en 1915, Montréal est devenue le portail des réservistes et des volontaires locaux, du reste du Canada et des États-Unis encore neutres pour retourner en Italie.

Cantonniers sur la rue Ontario, 9 novembre 1912.

usine d'obus
Usine de fabrication et le montage des détonateurs d’obus. Ouvre d’Henrietta Mabel May, source de l’image : museedelaguerre.ca.

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Le Bureau canadien des archives de guerre a chargé Henrietta Mabel May, artiste montréalaise reconnue, de peindre des études et une œuvre sur le travail des femmes dans les usines de munitions. La toiles Femmes fabriquent des obus, a été conçue à partir de croques réalisés dans les ateliers Angus du Canadien Pacifique, convertis en usine de munitions pendant la guerre. En 1918, les usines de munitions montréalaises employaient plus de 15 000 femmes.

cafeteria des femmes
Cafétéria des femmes dans l’usine de Verdun. Photographie de l’époque.

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La Commission impériale des munitions, organisation indépendante fondée au Canada par le ministère britannique des Munitions, a ouvert une usine à Verdun en 1916. L’entreprise employait des femmes pour s’acquitter du travail de précision requis par la fabrication et le montage des détonateurs d’obus d’artillerie. L’usine était équipée d’une salle à manger, d’un poste de premiers soins et d’un lieu de détente, cependant les ouvrières ne recevaient que la moitié de ce que gagnaient les hommes à un poste similaire. À la fin de la guerre, l’usine de Verdun avait produit huit millions de détonateurs. Le bâtiment existe toujours ; il a été converti en un ensemble de condominiums appelé « La poudrière ».

Indiens de la guerre
Défilé de la victoire sur la rue Sherbrooke. Image libre de droits.

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La campagne de l’emprunt de la Victoire de 1918 s’est tenue sur fond d’épidémie de grippe espagnole qui tua des milliers de personnes à Montréal. Les interdictions de rassemblement public avaient été assoupllies pour le défilé prévu le 11 novembre. Des décorations élaborées avaient transformé la rue Sainte-Catherine, couronnée par une arche de la Victoire au carré Phillips, en « avenue des Alliés ». Le défilé a pris une nouvelle tournure quand la nouvelle de l’armistice s’est répandue : une foule de 250 000 personnes s’est pressée le long de la rue Sherbrooke, depuis la rue Atwater jusqu’au parc Lafontaine. Parmi les 4 000 volontaires autochtones qui ont combattu et joué un rôle lors de chacun des défilés des emprunts de la Victoire, au moins 50 venaient de Kahnawake.

Immgirants
Immigrants lors des travaux. Photographie de l’époque.

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