Grand Sault et la rivière des Prairies
Dans l’introduction de son 5e volume, Samuel de Champlain nous informe que … »ledit Cartier alla jusques à un lieu qui s’apppeloit de son temps Ochelaga, et qui maintenant s’appelle Grand Sault Saint Louis, lesquels lieux estoient habitez de Sauvages, qui estans sedentaires, cultivoient les terres. Ce qu’ils ne font à present, à cause des guerres qui les ont fait retirer dans le profond des terres« …
Puis Champlain continue… »ledit Cartier ayan recognu, selon son rapport, la difficulté de pouvoir passer les Sauts, et comme estant impossible, s’en retourna où estoient ses vaisseaux… hyverner en la riviere Saincte Croix, où maintenant les Pere Jesuites ont leur demeure« … (Voir page 670, Œuvres de Champlain par C.-H. Laverdière. 1870). Montréal-Nord peut alors être fier des événements des premières heures de la Nouvelle-France survenus sur son territoire.
La rivière des Prairies constitua alors la porte d’entrée dans les Indes Occidentales. Aussi, les territoires environnant de Montréal-Nord sont riches en lieux de mémoire. Le patrimoine historique de ces lieux a peu à peu été effacé du conscient des gens. Site de passage en 1535 de Jacques Cartier en route vers Hochelaga, la rivière des Prairies fut le témoin des premiers instants du Canada.
De l’an 1535 à 1642, la rivière des Prairies fut la porte d’entrée des missionnaires, des explorateurs, des aventuriers, vers l’intérieur d’un vaste territoire alors inconnu, les « Indes Occidentes ».
Peu à peu, ils pénétrèrent les Grands Lacs, descendirent un vaste fleuve, le Mississipi, puis colonisèrent son entrée, la Nouvelle Orléans. Par la suite ils voguèrent sur la vaste mer découverte par Christophe Colomb en 1492: le golfe du Mexique. Bien sûr l’époque révolue de ces audacieuses et héroïques explorations nous paraît bien lointaine. Cela d’autant plus qu’aujourd’hui l’Internet à haute vitesse, qui est maintenant accessible à la plupart des gens, facilite grandement l’étude du développement de la ville de Montréal et de Montréal-Nord.
On peut trouver de nombreux plans précieux de la région sur le site web de la Librairie du Congrès Américain sise à Washington, D.C. Son adresse: loc.gov. Cette bibliothèque révèle au monde des richesses d’information. En particulier, cette bibliothèque garde avec soin des documents historiques en grand nombre. Ceux en particulier des débuts du Canada, alors français.
Notons que « rapide » est la version moderne de « sault ». On voit souvent ce terme au pluriel pour désigner la partie d’un cours d’eau où la vitesse s’accélère et où l’eau s’agite plus ou moins violemment entre des rochers en raison d’une rupture de pente et d’un resserrement des berges.
En ancien français, on disait sault pour désigner une zone de rapides ou de cascades, souvent parsemée de roches. Il s’agissait parfois d’une chute.
L’historien et géographe Normand Cazelais raconte (Dictionnaire des noms géographiques du Québec) : « J’ai passé ma petite enfance au Sault-au-Récollet dans la partie nord de l’île de Montréal. C’était alors la campagne et pourtant, le Sault-au-Récollet faisait partie d’Ahuntsic, lui-même un quartier de Montréal. Desservi par une ligne de tramway qui se rendait au terminus Craig près du port, il s’étirait vers l’est le long du boulevard Gouin depuis l’église de la Visitation de la Bienheureuse-Vierge-Marie. Bâtie entre 1749 et 1751, elle est donc la seule église de l’île datant du Régime français. Le pont Papineau – Leblanc n’existait pas encore ni le parc-nature de l’Île-de-la-Visitation. Mais nous savions qu’un Récollet s’était noyé aux alentours dans les rapides qui secouaient la rivière des Prairies avant l’édification de la centrale hydroélectrique.
Pour compléter la lecture :
![prairies](https://grandquebec.com/upl-files//2023/10/vue_sur_riviere_prairies-1.jpg)