Fonderie Darling à Montréal
C’est en 1888 qu’Arthur Jarvie Darling et ses deux frères George et Frank décident de tenter leur chance dans un secteur en pleine expansion: la métallurgie et ouvrent la fonderie Darling Brothers Ltd.
Le choix du site des installations se fait sans trop de difficultés, parce que toute l’industrie métallurgique montréalaise se concentre dans les faubourgs de Récollets et de Griffintown, la zone étant connue également comme le faubourg Sainte-Anne (du nom de la paroisse catholique irlandaise de Sainte-Anne, dont l’imposante église se trouvait au cœur de la zone (démolie en 1970).
En effet, le nombre total de fonderies dans le faubourg Griffintown et dans celui des Récollets est passé de huit en 1851 à vingt en 1890. Le choix s’expliquait par l’accès facile au canal de Lachine et aux gares des chemins de fer.
Les frères Darling font construire alors le bâtiment de la fonderie selon les plans de l’architecte J. R. Gardiner, à l’intersection des rues Queen et Ottawa, notamment, au 735 Ottawa, en 1889.
Répondant aux exigences strictes de l’industrie métallurgique, par exemple, le besoin d’avoir de vastes espaces décloisonnés et des planchers d’une solidité à toute épreuve, la fonderie de la Darling devient très vite le plus important complexe industriel du secteur et l’une de plus importantes au Canada.
Chaque matin les ouvriers mouleurs s’y rendaient pour produire une multitude de pièces industrielles, de l’extracteur d’huile à la poulie d’embrayage. La technique de la fonte au sable s’utilisait dans le processus.
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Au début du XXe siècle, particulièrement au cours de la Première guerre mondiale, la demande pour les produits de la Darling est si forte qu’une seconde fonderie est érigée en 1918 au 745 de la rue Ottawa. À l’époque, la Darling fournit à des fabricants d’équipement des pièces destinées aux armées des pays alliés.
Le nouveau bâtiment de l’usine, surnommé le «serpent» à cause du système de cheminée qui coiffe l’édifice, est typique de l’architecture industrielle: structure en béton, parement en brique et large fenestration.
La Darling s’agrandit. En 1927, elle fait construire un atelier d’usinage des pièces (en 1938, ce bâtiment et agrandi de deux étages).
La compagnie emploie alors près de 200 ouvriers. Il semble que c’était le plus important employeur et le plus grand complexe industriel métallurgique à Montréal.
Après la Seconde Guerre mondiale, la demande de machinerie et d’objets en fonte diminue considérablement. Finalement, la Darling ne survit pas à la fermeture du canal de Lachine en 1969.
Rachetée en 1971 par l’entreprise américaine Pumps & Softener, fabricante des produits industriels, l’ancienne fonderie Darling n’est plus que l’ombre d’elle-même et en 1991 elle ferme ses portes, alors que la production est déménagée à Toronto et Buffalo.
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Au début du XXIe siècle, un regroupement d’artistes, appelé Quartier Éphémère, ayant développé en France la pratique de la récupération ad hoc de bâtiments industriels vacants pour en faire des lieux de création et d’exposition, obtient 2001 l’autorisation et les subventions nécessaires pour l’installation d’un centre d’arts visuels dans la plus vieille partie du complexe.
L’usine se dresse toujours au 735 de la rue Ottawa.
L’édifice à bureaux de la Darling a pour sa part été intégré à un édifice de la Cité Multimédia.
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