Bonjour Montréal… Adieu Montréal ! : La cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Montréal
Clôture des Jeux olympiques. Un spectacle grandiose… le nu-vite au milieu de 500 jeunes filles d’une quinzaine d’années… le maire Drapeau qui reçoit une ovation debout… le soulagement incroyable de tout le personnel du COJO à la fin des cérémonies… Moscou en 1980… ces couleurs, ces Indiens…
Des mâts, des flashes qu’il faut coordonner, des impressions qu’il faut raisonner, de justes perspectives qu’il faut cadrer.
Si la cérémonie d’ouverture de la XXIe Olympiade avait été majestueuse, elle avait quand même laissé les gens plus impressionnés que bouleversés.
Hier soir (le 1er août 1976), le grand spectacle de clôture des jeux, tout aussi bien répété que le premier, donnait quand même la chaude sensation que l’âme, la spontanéité, avait pris le pas sur la chorégraphie.
Deux événements ont contribué à créer cette atmosphère, de joie d’abord, puis de nostalgie.
Le nu-vite
Les 16,000 « gendarmes » du COJO avaient tout prévu… tout prévu sauf le retour d’une vieille mode (c’est vrai que le rétro est à la mode), celle des nu-vites.
Cinq cents belles filles de la Rive sud qui avaient répété consciencieusement leur numéro, ont vu apparaître au milieu d’elles un barbu blond. En deux temps, trois mouvements, le gracieux oiseau bondissait parmi les donzelles, nu comme un ver.
Les spectateurs, s’ils furent scandalisés, ne le laissèrent pas trop voir… laissant même flotter ici et là quelques applaudissements.
Dès lors, on était plus disposé à s’amuser qu’à se laisser émouvoir. Indiens, athlètes, danseuses ont envahi le stade, montrant cinq teepees au milieu des cinq anneaux olympiques formés par les jeunes filles.
Spectacle merveilleux pour les yeux… et aussi satisfaisant pour l’ego; depuis le temps qu’on dit que les Français veulent voir des Indiens au Canada!
Ovation debout pour Jean Drapeau
Après les Indiens, ce fut le tour d’un autre personnage presque folklorique, lord Killanin. Péniblement, le président du Comité international olympique s’installe sur le rostre.
Hymne national grec avec levée du drapeau qui reste d’ailleurs enroulé, puis celui du Canada et enfin hymne national soviétique suivi de la levée du drapeau rouge.
Puis, lord Killanin s’approche du micro. « Au nom du Comité international olympique, après avoir offert à Son Excellence le gouverneur général, au peuple canadien, aux autorités de la ville de Montréal… »
Killanin n’a pu poursuivre plus loin. Doucement, irrésistiblement des applaudissements fusent. Les gens se lèvent debout pour acclamer le maire de Montréal M. Jean Drapeau.
Les Américains, qui n’ont rien compris puisque M. Killanin parlait en français, emboîtent le pas, se demandant un peu qui ils applaudissent aussi. « Drapeau… Drapeau… Drapea », scande la foule.
Le salut de Moscou
C’est à partir de cet instant que les gens ont semblé prendre conscience que l’aventure achevait. Que la grande « fête » olympique ne serait pas éternelle. Déjà le nom de Moscou commençait à flotter dans les cœurs avant d’apparaître sur les écrans géants du stade olympique.
En même temps que le soleil se couchait à Montréal, il se levait sur Moscou… et on nous offrait ce beau matin de Moscou en prime à la télévision.
Les Olympiques, trêve de fraternité… souhaitait de Coubertin.
« Bonjour Montréal » disaient les cris, les chansons des danseurs et chanteurs moscovites que l’on voyait et entendait en direct à Montréal. Pour quelques minutes privilégiées, le contact était établi, presque palpable. À Moscou, le 19 juillet 1980. Adieu Montréal ! »

Pour compléter la lecture :
- Le Bill des Jeux olympiques est adopté
- Nadia Comaneci
- Un Soviétique triche
- Nadia, reine des Jeux
- Enquête sur les Jeux olympiques de Montréal