Festival international du film de Montréal
Le premier Festival international du film de Montréal a eu lieu du 12 août au 18 août 1960. Ce festival, non compétitif et non limitatif, été organisé par Pierre Juneau, Gui L. Coté, Robert Daudelin et Fernand Cadieux, les anciens des ciné-clubs et de la critique, tous les trois. Le premier festival du cinéma à Montréal avait la volonté de briser la censure religieuse et d’entraîner la distribution d’un plus large éventail de films.
Ces dix jours avaient lieu au cinéma Loews et, le soir venu, spectateurs, acteurs, réalisateurs, critiques, journalistes et membres du jury se retrouvaient « pour fumer une Rothmans au Kino-Club », comme l’indique une publicité parue dans un programme de l’époque. Des personnalités de l’envergure de Claude Jutra, de Jean-Luc Godard et de Jack Nicholson ont assisté à l’événement.
Au fait, les ciné-clubs atteignent leur apogée entre 1960 et 1965. Au Québec, on en dénombre, selon Séquences, citée par Yves Lever dans son célèbre Histoire générale du cinéma au Québec, au moins 345, faisant partie de regroupements divers en milieux étudiants. Ces clubs comptent plus de 40 mille participants.
Films primés
Alors, le premier objectif du Festival international du film de Montréal est de faire voir aux cinéphiles québécois, dès leur sortie et dans de bonnes conditions, tous les films primés dans les festivals européens. En effet, avant le festival, la majorité de ces films restaient inconnus en Amérique ou encore arrivaient bien des années plus tard par les ciné-clubs.
Le festival, sans s’aligner directement sur les festivals des films de Cannes et de Venise, en partage les visées de promotion d’un cinéma de qualité, différent et sortant des cadres fixés par la grande industrie.
D’une façon plus ouverte et avec plus d’éclat que les ciné-clubs, les organisateurs du festival espèrent provoquer des événements qui forceront les distributeurs à s’intéresser à un cinéma plus international au Québec et les exploitants à prendre davantage de risques.
Profitant de la Révolution tranquille et de l’ouverture au monde des arts du nouveau régime politique au Québec, les organisateurs du festival estiment aussi le moment propice à une transformation radicale de la censure. Ces objectifs se réalisent. Le film Hiroshima, mon amour d’Alain Resnais, la vedette de tous les festivals du cinéma en 1960, apprécié dans son intégrité au Festival du film de Montréal, se voit amputé de quatorze minutes par le Bureau de censure avant son visa de sortie en salle commerciale, mais une campagne virulente de presse contre une censure rétrograde provoque la création d’une commission d’enquête – la commission Régis qui tranchera la question.
Grandes vedettes
Le festival mise sur les grandes vedettes de l’heure dans le cinéma d’auteur – Godard, Antonioni, Kaneto, Truffaut, Shindo, Satyajit Ray, mais aussi sur le jeune cinéma.
En 1960, le jury international attribue ses grands prix dans la catégorie long métrage à À tout prendre de Claude Jutra, et dans la catégorie court métrage à Bûcherons de la Manouane d’Arthur Lamothe. Un prix de jury est accordé à Pour la suite du monde de Pierre Perrault et Michel Brault. Les choix du jury des années suivantes sont du même ordre.
On peut dire que le Festival international du film de Montréal devient l’agent le plus efficace de l’internationalisation de l’exploitation du cinéma au Québec, commerciale tout autant que parallèle.
En 1977, le Festival des films du Monde de Montréal prendra la relève. Il démarrera en grande pompe, inauguré par Ingrid Bergman à laquelle viendront se joindre plusieurs géants de l’histoire du cinéma: Howard Hawks, Jean-Luc Godard, Gloria Swanson, Fay Wray, les frères Taviani… mais ça, c’est une autre histoire…
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