En avant, l’Exposition universelle
Le projet de célébrer le cinquantième anniversaire de la Confédération du Canada par une exposition internationale et universelle, a été déposé officiellement devant la Chambre des Communes, par l’honorable M. Rodolphe Lemieux.
Ottawa. L’honorable M. Rodolphe Lemieux, ci-devant ministre des postes dans le cabinet fédéral, a soulevé, le 9 mars 1914 au parlement une question d’un intérêt capital qu’il a présentée sous forme de résolution ainsi conçue:
C’est l’opinion de la Chambre que le gouvernement fédéral devrait encourager l’exposition internationale projetée à l’occasion du cinquantième anniversaire de la Confédération canadienne…
L’honorable M. Lemieux donne les explications fort intéressantes au sujet de sa proposition. Il déclare que celle-ci devrait avoir, et ne manquera pas d’avoir, l’assentiment du peuple canadien tout entier, indépendamment de principes politiques et sans considération de provinces.
La Confédération
C’est, dit l’honorable Lemieux, que l’idée seule de la Confédération réveille dans le cœur de tous les Canadiens un souvenir qui lui est cher, car elle lui rappelle une époque glorieuse et une des plus remarquables étapes de l’histoire de ce pays. C’est en quelque sorte la consécration de notre constitution canadienne. Le sentiment de notre souvenir fédératif est profondément imprégné dans le cœur des Canadiens, et l’Angleterre, elle-même se réjouit de cet état de choses.
Le projet d’exposition
Après avoir passé par toutes les phases remarquables de notre histoire politique et constitutionnelle, l’honorable M. Lemieux est arrivé au point qui nous intéresse aujourd’hui, soit celui de célébrer par une exposition internationale, qui aurait lieu, à Montréal, en 1917, le cinquantième anniversaire de la Confédération canadienne. Le projet d’une exposition universelle a reçu des villes et des chambres de commerce de tout le Canada. Des centaines de maires canadiens y ont donné leur adhésion et nombre de manufacturiers canadiens se sont aussi déclarés favorables à l’entreprise. Ces manufacturiers ont appuyé leur adhésion de raisons probantes et d’argument extrêmement sérieux. Ils ont déclaré qu’ils espéraient d’heureux résultats d’une exposition, non seulement pour le Canada, mais aussi pour eux en particulier, car ils ont tout intérêt à faire connaître leurs produits et ils ne craignent pas la concurrence étrangère.
Le projet a été reçu avec faveur d’autre côté des mers. On en a saisi toute la grandeur, toute l’importance et aussi tous les avantages. Trois cents des principaux manufacturiers de la Grande-Bretagne ont exprimé l’opinion que la tenue de l’exposition serait profitable à tout l’empire et se sont déclarés prêts à y prendre part.
Le temps presse
La proposition devra être soumise au parlement dans un avenir prochain, car il n’y a pas de temps à perdre. Le premier ministre Borden est prêt à adopter l’idée d’une exposition universelle, quoiqu’il n’ait encore pris aucune décision, personnellement, sur ce sujet. Il partage les vues de l’honorable Monsieur Lemieux sur l’importance de la célébration projetée, et il croit qu’une semblable exposition devrait être organisée par le gouvernement, avec la sanction du parlement, et avec l’appui des différentes organisations qui ont jusqu’ici donné leur approbation au projet.
Le clou d’une exposition
Figurons-nous le spectacle solennel qui pourrait présenter l’ouverture de cette exposition. Sur le sommet de Mont-Royal qui est la caractéristique de notre cité, un immense monument, de plusieurs centaines de pieds de hauteur, s’élance dans le ciel et s’expose jusqu’aux confins de l’île sa masse majestueuse. Une horloge gigantesque couronne son sommet et donne l’heure jusqu’à plusieurs milles à la ronde.
L’heure de l’ouverture de l’exposition a sonné. Au pied du monument, sur le côté oriental de la montagne, s’étalent à perte de vue les édifices divers qui contiennent les merveilles du monde entier. La nuit est tombée. Des centaines de milliers des spectateurs sont là massés, haletant, attendant le signal qui va faire resplendir des millions de lumières de cette masse sombre qui dort et mettre en mouvement les multiples machineries silencieuses dans les palais.
Dans le même moment, par delà l’Atlantique, à trois mille milles de distance, sa majesté le roi d’Angleterre et le président de la République Française se tiennent au sommet de la tour Eiffel, entourés du corps diplomatique et des états-majors. L’heure sonne : alors le roi pousse le levier. Aussitôt, au sommet du monument de la Confédération, sur le Mont-Royal, une immense étincelle jaillit au bout des antennes de télégraphie sans fil.
Une lueur extraordinaire enflamme le firmament; l’exposition vient de s’illuminer. Une formidable clameur part de toutes les poitrines : Vive l’Angleterre ! Vive la France !

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