Histoire de Montréal

Évasion de Serge Cofsky

Évasion de Serge Cofsky

Cofsky aurait trouvé le fameux galon métallique dans la cellule du Palais de justice de Montréal

Serge Cofsky, qui prenait la clé des champs du Palais de justice de Montréal le 6 mai 1968 et que la police de Montréal-Nord capturait le 29 juillet 1968 dans cette municipalité, aurait trouvé derrière le calorifère de la cellule où on l’avait incarcéré avec 15 autres détenus le fameux galon métallique dont il se serait ensuite servi en guise de tournevis pour enlever le grillage de la fenêtre de sa cellule.

C’est du moins le témoignage que l’inspecteur Georges Descent de la SQ, chargé de mener l’enquête de la Sûreté du Québec dans l’évasion de Cofsky, a recueilli auprès de l’un des 16 détenus de la cellule.

L’inspecteur témoignait hier devant la Commission Prévost qui enquête sur l’administration de la justice en matière criminelle et pénale au Québec.

L’inspecteur Descent a de plus informé la Commission qu’un autre des détenus qu’il a interrogés lui a révélé que tous les compagnons de cellule de Cofsky l’auraient assisté dans son évasion, soit en lui aidant à arracher la grille qui fermait l’accès à la fenêtre, soit en se plaçant devant le judas de l’unique porte à donner sur le corridor (où devaient se tenir les gardes), soit tout simplement en allant et venant dans la cellule ou en parlant de façon à couvrir le bruit de l’opération liberté…

Pas question d’un hasard

L’interrogatoire des détenus a enfin permis de savoir à quel détenu appartenait le second des deux vestons dont s’est servi Cofsky pour franchir la corniche de la façade du Palais de justice et ensuite atteindre l’une des colonnes magistrales qui supportent le fronton, rue Notre-Dame.

L’inspecteur Descent a par ailleurs rejeté l’hypothèse qui voulait que le galon métallique ait été oublié là par hasard par un ouvrier des travaux publics de la ville de Montréal qui serait venu faire certaines réparations à la cellule.

Selon lui, le galon métallique a plutôt été placé là, derrière le calorifère, mais bien tenu qui, au cours d’un séjour antérieur au jour de l’évasion, aurait préféré s’en départir plutôt que d être pris en sa possession ou qui l’y aurait déposé pour un autre but quelconque.

Toujours selon l’inspecteur de la SQ, Cofsky aurait trouvé le futur « tournevis » non pas en regardant par hasard derrière le calorifère, mais bien en cherchant des objets susceptibles de lui permettre de passer les murs…

L’inspecteur n’a pas écarté toutefois une autre hypothèse qui soutient que Cofsky ait pu être informé avant son incarcération au Palais de justice, le 6 mai, jour de l’ouverture des Assises du printemps, de la présence du galon métallique dans la cellule no 1 du cinquième étage où ont été placés les 16 détenus.

M. Descent a par ailleurs fait part à la Commission qu’une fouille attentive de la cellule en question faite pour les fins de son enquête lui avait permis de trouver plusieurs objets dans ‘a cellule qu’occupait Cofsky le 6 mai : sept à huit dés de natures diverses et une pile.

Améliorations aux fourgons

Depuis le début des audiences publiques de la Commission Prévost sur les « grandes évasions » du printemps dernier, les fourgons cellulaires de la prison de Montréal, souligné l’inspecteur Descent au cours de son témoignage d’hier, ont subi certaines améliorations souhaitées par les membres de la Commission.

Ainsi, on a remplacé les bandes de caoutchouc de la porte (coulissante) latérale des grands fourgons cellulaires par un fermant métallique ce qui prévient toute tentative, autrefois possible, de glisser des objets dans le fourgon durant ses déplacements.

De plus, on verrouille maintenant les portes de l’arrière du fourgon donnant sur le moteur. Dans le compartiment du moteur, en effet, un homme pouvait éventuellement s’y cacher.

Si quelqu’un réussit désormais à s’y engouffrer, il devra subir les voyages aller et retour en plus de la chaleur dégagée par le moteur…

Dossier presque complété

L’audience d’hier de la Commission Prévost était la dernière séance publique sur les évasions de Drummondville, Montréal et Saint-Jérôme. Le dossier de la Commission est à peu près complet, nous a précisé hier le juge Yves Prévost, président de la Commission.

La prochaine séance publique de la Commission est fixée au 21 août au Palais de justice de Québec et portera sur le voyage qu’ont effectué en juillet aux États-Unis les membres de la Commission.

Du golf avec des bâtons volés jusqu’en cellule ! 

Après avoir joué au golf pendant trois semaines avec une douzaine de bâtons qu’il s’était“procurés »…  avec effraction dans un bungalow du boni. Gouin, à Pierrefonds, le joueur est venu en Cour, hier aprèsmidi, rendre visite à la Justice.

La raison ? C’est qu’hier, il tombait tout bronzé entre les mains de la police. Il s’était fait rôtir au soleil avec les bâtons volés.

Richard Bernard, c’est le nom du golfeur improvisé, a reconnu sa culpabilité à une accusation de vol avec effraction.

Le juge Marcel Gaboury, pris de compassion et apprenant que le jeune homme de 20 ans en était à ses premières « armes’’ avec les bâtons acquis malhonnêtement, ne lui imposa qu’un» journée de détention.

(Ces événements ont eu lieu en août 1968).

 

Ancien Palais de justice de Montréal. Aujourd'hui, la Cour d'appel. Photo de Megan Jorgensen.
Ancien Palais de justice de Montréal. Aujourd’hui, la Cour d’appel. Photo de Megan Jorgensen.

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