Évadés de Berthelet

10 jeunes évadés de Berthelet sont encore au large

Dix jeunes du Centre Berthelet étaient encore au large en fin de soirée hier tandis que la police de la Communauté urbaine de Montréal signalait que Von avait retrouvé huit autres de ces jeunes qui avaient profité de la situation à l’institution pour prendre la clé des champs.

Par ailleurs, selon l’inspecteur-chef Yvan Aubin, de la Sûreté du Québec, qui dit tenir ces informations de la direction du Centre Berthelet, les pensionnaires de l’institution (250 garçons de 12 à 18 ans) y auraient causé, dans la soirée de mercredi, des dommages évalués à S200.000.

C’est d’ailleurs la Sûreté du Québec qui assure l’ordre et la surveillance au Centre depuis environ cinq heures hier matin, et qui entend y demeurer « aussi longtemps que cela sera nécessaire ».

Hier matin, selon cette fois un porte-parole syndical, seulement le personnel de la cuisine et deux infirmières — environ 15 personnes en tout — sont entrés au travail, alors que le personnel de service s’élève normalement, dans la journée, à quelque 150 personnes.

« Nous ne sommes pas en grève, c’est une sorte de lock-out déguise », a déclaré le même porte-parole, selon qui la direction du Centre aurait fait savoir à ses employés syndiqués que leur présence n’était pas requise, la police assurant le maintien de l’ordre.

Des négociations ont eu lieu hier matin entre la direction de cette institution vouée à la réadaptation de jeunes délinquants et l’exécutif du syndicat représentant les employés (le Syndicat national des employés du Centre Berthelet, de la CSN), selon le même porte-parole, sans qu’on sache toutefois quels en ont été les résultats.

D’après les sources syndicales, le conflit entre la direction et son personnel syndiqué — plus de 250 membres — a son origine dans un avis de la direction, donné mardi, dans lequel celle-ci faisait part de son intention de confier à des contractants les travaux de buanderie, d’escorte des jeunes dans leurs déplacements à l’extérieur et de surveillance des bâtiments la nuit — ce qui risquerait de priver de leur emploi 29 membres du personnel syndiqué.

Relations détériorées

Mercredi soir, pour parer à la situation, les employés syndiqués tenaient une réunion, cependant que les jeunes pensionnaires causaient divers dommages à l’équipement ainsi, semble-t-il, qu’au bâtiment même.

À un moment, selon l’inspecteur-chef Aubin, on crut qu’environ 75 d’entre eux avaient déguerpi de l’établissement, alors qu’ils se trouvaient simplement dans une autre aile des bâtiments.

Quelques-uns, ont réellement déguerpi, mais M. Aubin disait hier en ignorer le nombre.

Estimant que les relations de travail s’y sont grandement détériorées (89 cas de griefs, par exemple, seraient en souffrance), la direction du syndicat a demandé hier, pour sa part, la nomination par le ministre des Affaires sociales d’un directeur général compétent », le poste étant, selon les syndiqués, vacant depuis déjà six mois.

Le directeur général actuel est M. Jean-Guy Marchand, qui, selon les syndiqués, ne s’occupe du Centre qu’à temps partiel.

Il n’a pas été possible, par ailleurs, de joindre hier par téléphone l’un ou l’autre des membres de la direction du Centre, la téléphoniste se contenant de répéter qu’on allait rappeler.

(Texte paru dans le journal La Presse 22 novembre 1974).

L’automne à Montréal. Photo de GrandQuebec.com.

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