Aéroplane construit à Montréal

Les essais d’aviation réussis avec un aéroplane construit à Montréal

Pour la première fois à Montréal, un aéroplane construit ici, par un de nos concitoyens, a pu faire des évolutions sur le terrain et quitter légèrement le sol par ses propres moyens. C’est un événement d’une importance sportive assez grande pour que nous y consacrions de l’espace aujourd’hui.

Hier (7 juin 1911), en effet, devant quelques privilégiés seulement, E. Anctil et Percy Reed ont essayé le premier des aéroplanes qu’ils ont construits l’hiver dernier. Les deux jeunes Canadiens ont travaillé pendant de longs mois à la construction de leur machine et ils ont été largement récompensés hier, en voyant que, pour ses débuts, Percy Reed parvenait à rouler et à quitter légèrement le sol.

Nouveau monoplan

L’aéroplane construit par les deux jeunes gens est du type des Blériot que l’on a tant admiré au meeting de Lakeside, l’année dernière; le moteur est un Detroit Aero Motor à 2 cylindres horizontaux et opposés, développant une force de 30 H.P. Muni d’un carburateur Schebler et d’une magnéto C.A.V., il tourne à plus de mille tours à la minute, lorsqu’on met toute l’avance à l’allumage.

Tout l’aéroplane proprement dit a été construit par MM. Anctil et Reed, tous deux mécaniciens de profession.

On se rappelle d’accident survenu au Blériot de M. Carruthers, le jour de l’ouverture du meeting de Lakeside, il y a un an. Miltjen, le pilote, avait engagé un assistant pour l’aider dans ses réparations; or, cet assistant était Anctil. En réparant et remontant le Blériot, il se rendit compte qu’il pouvait construire un appareil semblable, et y apportant même certaines modifications.

C’est ainsi que le châssis d’atterrissage est muni de eux grands patins de bois. Après le départ, qui s’exécute au moyen de roues caoutchoutées, le pilote, par un déclenchement, détache les deux roues, celles-ci ne servant plus à l’atterrissage, qui se fait sur les patins, chose bien préférable pour la stabilité de l’appareil lorsqu’il touche terre.

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Après le meeting, Anctil entra à la Comet Motor Car, et s’étant entendu avec Percy Reed, ils décidèrent de construire deux aéroplanes, chacun sur leurs idées personnelles, mais en s’aidant mutuellement.

Les deux jeunes gens n’étant pas riches, ils durent aller lentement, car il leur fallait continuer leur travail et attendre la paye du samedi pour acheter les matériaux nécessaires à leur construction.

Cependant, grâce à l’amabilité de M. Husson, le directeur de la Franco-Américaine Auto, si dévoué à la cause de l’aviation et de l’aérostation, ils purent se procurer non seulement les matériaux, mais encore ce qui était pour eux la grosse affaire, les moteurs. Percy Reed choisit un moteur américain, un Detroit Aero Motor, et Anctil un moteur français, un Viale 3 cylindres.

C’est le monoplan de Percy Reed, terminé le premier, qui a été essayé, hier après-midi. Malheureusement, la pluie s’étant mise à tomber, les essais durent être interrompus de bonne heure.

(C’est arrivé le 7 juin 1911).

L’aviateur Moisant

C’est un Canadien-Français d’origine, Jean B. Moisant qui le premier a traversé la Manche dans un aéroplane contenant deux personnes : lui et un passager. Il a accompli cet exploit le 18 août 1910. En octobre de la même année, il remportait la bourse de $10,000 offerte à l’aviateur qui partant d’un point donné irait contourner la statue de la Liberté, dans le port de New York et reviendrait atterrir à son point de départ. Le trajet était de 34 milles. Il le parcourut en 34 minutes.

Moisant fut victime d’un accident le 31 décembre 1910, à la Nouvelle-Orléans, pendant qu’il faisait une envolée d’essai.

Né à Manteno, Illinois, vers 1870, Moisant débuta comme boulanger, à Chicago. De là, il alla à San Francisco, puis à San Salvador où il s’établit planteur. Sa bravoure et son audace étaient réputées n’avoir presque pas d’égales. Il a été question de lui élever un monument aux États-Unis.

(Standard, 1910).

avion à concordia
Un avion exposé au hall de l’Université Concordia. Photo : © GrandQuebec.com.

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