Terrible drame rue Mont-Royal

Terrible drame rue Mont-Royal

Un marchand bien connu, M. Eugène Venne, est assassiné par un nommé Jack Rouch dit Desroches. – La tragédie s’est déroulée dans un bar, près de la rue St-Denis. – De nombreux témoins. – Rouch est incarcéré. – C’était un morphinomane invétéré

(Tiré du journal Le Canada, 5 avril 1913) Montréal, vendredi, 4 avril 1913:

Un meurtre abominable a été perpétré, hier après-midi, dans un hôtel de la rue Mont-Royal. Un nommé Jack Rouch dit Desroches, a tué à coups de revolver un commerçant bien connu de la rue Mont-Royal, M. Eugène Venne.

Le crime a été commis avec une rapidité telle, qu’aucune des personnes présentes dans l’hôtel à ce moment-là n’a pu arrêter la main du meurtrier et celui-ci, qui n’a eu aucun moment cherché à fuir, a pu être arrêté par le constable Croteau et conduit dans les cellules du poste No 14.

Le motif de ce crime pourra faire surgir bien des hypothèses, mais les renseignements recueillis sur le meurtrier, auprès de personnes dignes de foi, nous permettent dès aujourd’hui de présenter Jack Rouch dit Desroches, comme un dangereux morphinomane, cocaïnomane dont le cerveau aurait été déséquilibré par l’abus de ces drogues fatales, et qui aurait accompli son crime l’esprit hanté par la vengeance, se croyant décrié par la victime.

Il était près de 2 h. 30, quand Jack Rouch dit Desroches, pénétrait dans le bar de l’hôtel Thouin, sur la rue Mont-Royal, près de Saint-Denis. Là se trouvait M. Eugène Venne, avec quelques amis, devisant joyeusement en prenant une consommation.

S’adressant à M. Venne, Jack lui aurait dit : « M. Venne, venez par ici, j’ai à vous parler ».

Sans méfiance aucune, M. Venne, qui connaissait depuis de longues années Jack Rouch, se dirigea vers le fond du bar. Au moment où il arrivait près de la porte qui sépare cette partie de l’établissement de l’arrière-boutique, Jack sortant un revolver de sa poche, fit feu à bout portant sur M. Venne; celui-ci tombant sur le parquet, la tête traversée d’une balle. Au dire des témoins de la scène Jack aurait encore déchargé son arme sur M. Venne étendu sur le parquet.

Cette scène fut si rapide qu’aucune personne présente ne put intervenir. On se précipita tout de même sous le revolver menaçant que Jack tenait en main, et on se porta au secours de M. Venne. Le commis de bar, M. A. Perrault, ayant demandé à Jack la raison de son crime, il aurait reçu cette réponse : « Des mauvaises langues comme celles-ci il en reste encore. »

Que signifient ces paroles?

M. Thouin, le propriétaire de l’hôtel arriva sur les entrefaites. Il aperçut le corps de M. Venne étendu par terre et Jack tenant encore son revolver à la main. Il sortit précipitamment et appela le constable Croteau, de planton au coin des rues Mont-Royal et St-Denis. Croteau pénétra dans le bar et allant droit à Jack le mit en état d’arrestation; le meurtrie en apercevant le constable jeta son arme à terre.

Une voiture de patrouille fut appelé et Jack Rouch fut conduit au poste No. 14, où il a été écroué.

M. Venne respirait encore quand un médecin arriva, mais quelques minutes plus tard, in rendait le dernier soupir; le corps a été envoyé à la morgue.

M. Venne tenait un magasin pour la vente en gros de fruits et de légumes, au No. 448 rue Mont-Royal-Est. Il laisse une femme et deux enfants. Jacl Rouch dit Desroches est âgé de 27 ans; il demeure avec ses parents sur la rue Montana, 248. Jack a exercé plusieurs métiers; il a été télégraphiste, commis de bar; sa conduites laisserait paraît-il quelque peu à désirer. C’est un morphinomane et cocaïnomane invétéré.

Jack Rouch responsable de la mort de Venne

Montréal, 5 avril 1913. – L’accuse, taciturne, assiste comme indifférent, à l’enquête du coroner et plaide non coupable devant le magistrat.

L’enquête du coroner au sujet du meurtre de M. Eugène Venne, a eu lieu hier matin. Une grande foule avait envahi la morgue, curieuse de voir le meurtrier, qui a comparu à l’enquête. Les jurés dont les noms suivent ont siégé : MM. F. X. Duran, Ulric Jeannotte, Francis Archambault, Félix Archambault, Félix Messier, Arthur Dalpé, Pierre Lizotte et Aldas Renaud.

D’après les déclarations des médecins légistes qui ont procédé à l’autopsie, il appert que M. Venne a reçu quatre balles de revolver et elles ont toutes été trouvées : l’une s’est aplatie sur le côte gauche du crâne, une deuxième a traversé le crâne et le cerveau, un troisième s’est logée sous l’épaule gauche et enfin une quatrième dans la cavité du poumon droit.

La cause de la mort est due à ces quatre blessures, concluent les médecins légistes.

Après l’audition d’autres témoins, les jurés ont signé le verdit suivant :

« Nous, jurés, soussignés, après avoir entendu la preuve dans cette enquête, déclarons qu’Eugène Venne, de cette ville, est mort, le 3 avril 1913, par suite de coups d’arme à feu, et nous demandons l’arrestation de John Desroches. »

Dès que le verdit fut rendu, Jack Rouch ou John Desroches a été conduit devant le magistrat Leet.

À la lecture de l’accusation de meurtre portée contre lui, il plaide non coupable.

Le magistrat fixe aussitôt l’enquête préliminaire au huit de ce mois, et le prisonnier, pâle et les traits livides, est entraîné.

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Rue Saint-Denis. Photo : GrandQuebec.com.

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