Développement économique de Montréal

Développement économique de Montréal au XXe siècle

La position géographique de Montréal ne l’aura jamais autant avantagée qu’à la fin des années 1800. On récolte ce que des générations de précurseurs ont bâti, à commencer par l’aménagement de la voie fluviale, l’organisation du port, l’extension des chemins de fer et la construction du canal Lachine et du pont Victoria. La banlieue naîtra de l’amélioration de ces facilités de transport. Premier port canadien d’exportation des matières premières à la fin du XIXe siècle, Montréal se dote de nouvelles installations dont l’image de modernité fera le tour du monde.

Pendant un siècle de vie commerciale, une patronne montréalaise a été consacrée : rue Sainte-Catherine. Avec ses grands magasins, ses boutiques, ses restaurants, elle incarne les rêves collectifs d’abondance et les joies de la consommation. Le commerce est ici synonyme de concurrence vive, de publicité, des facteurs devenus essentiels pour qui veut tirer son épingle du jeu. Chacun à sa place, le petit, le gros, le local, le multinational, pourvu qu’il s’ajuste rapidement au marché d’une clientèle en croissance. Tout va vite, on doit renouveler la décoration, souvent rénover l’immeuble afin de toujours être à la fine pointe. La vie commerciale ne laisse pas de place à la nostalgie, tout doit toujours tendre vers l’avenir. C’est certes vrai pour les marchands de détail du centre-ville mais aussi pour les commerçants des rues, les épiciers du coin, les marchés publics. Quant aux grossistes, ils occupent une position déterminante à une époque de croissance de la population. Chargés d’acquérir, d’importer et de distribuer les objets de désir des consommateurs, ils approvisionnent une population tant urbaine que rurale. Avec les grands magasins, ils seront les premiers à profiter du pouvoir d’achat accru des consommateurs de l’après-guerre.

Certes, plaque tournante des transports, la ville de Montréal est aussi indissociable de l’industrie du chemin de fer, de l’entreposage et du commerce des céréales. Les grandes entreprises de transport, le Grand Tronc, le Canadien Pacifique puis le Canadien National établissent leurs sièges sociaux à Montréal. De plus en plus, ces entreprises dominent le paysage de la métropole : des kilomètres de cours de triage, d’ateliers de réparation, de zones de transit dont peu d’obstacles arrêtent l’étalement. Après la domestication du fleuve, c’est le mont Royal qu’on transperce d’un tunnel, quitte à l’exproprier et à excaver une partie du centre-ville. L’arrivée de la crise et le déclanchement de la guerre garderont béante cette tranchée pendant près de quarante ans. La dernière révolution des transports sera provoquée dans les années 1950 par la poussée de la circulation automobile.

À la croissance élevée de la population de Montréal correspond l’augmentation des besoins de services aussi fondamentaux que ceux reliés à la santé et à l’éducation. Leur développement sera considérable entre 1860 et 1960. Des services de plus en plus spécialisés sont requis et commandent la construction d’immeubles dont la taille occupe une place sans cess grandissante dans le paysage de la ville. À l’adaptation aux nouveaux besoins s’ajouter la multiplicité des services en raison de la compartimentation ethnique et culturelle de la ville. Déjà le milieu du XIXe siècle s’était signalé par le déplacement de plusieurs hôpitaux, couvents et collèges vers les limites de la ville. Moins d’un demi-siècle plus tard, les champs environnants ont cédé la place au développement domiciliaire.

L’installation de l’Université Laval dans la paroisse Saint-Jacques donna un charme à un quartier latin, version Belle Époque. Les établissements d’enseignement tant privés que publics viennent répondre à une variété de clientèles ouvrières, bourgeoises et urbaines, des bourgs ou des faubourgs. Dans le réseau public, les écoles catholiques ou protestantes qui dispensent un enseignement ou en français ou en anglais, sont vastes ou de taille modeste, de fondation ancienne ou de création récente. Certaines institutions seront éphémères, d’autres continueront de s’épanouir au bénéfice des générations actuelles. Quant au réseau de santé, il tente de répondre aux besoins sans cesse croissants d’une société caractérisée par l’état de santé généralement précaire des citoyens des classes laborieuses affichant des taux élevés de maladies infantiles mortelles et de tuberculose. Cette lutte à l’amélioration de la santé publique caractérisera toutes ces années, tout en profitant heureusement d’un contexte économique plus favorable, de même que des progrès de la médecine moderne.

Rue Saint-Paul
Rue Saint-Paul au cœur du Vieux-Montréal. Photographie de GrandQuebec.com.

(Tiré du livre Montréal, une aventure urbaine, les Éditions GID, 2000. Musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, Pointe-à-Callière. Paul Trépanier & Richard Dubé).

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