Deux terribles explosions

Deux terribles explosions à Montréal

Quatre personnes sont blessées et vingt-cinq autres échappent à la mort. – $50,000 de dégâts. – 50 agents sur les lieux pour maintenir une foule de plus de 5,000 personnes

Vingt-cinq personnes ont miraculeusement échappé à la mort, hier, vers midi et demi, quand une formidable explosion s’est produite dans la cave d’une maison en construction au numéro 1327 boulevard St-Joseph.

La maison a été complétement démolie et les deux maisons voisines ont été considérablement endommagées,

Quatre personnes ont été blessées au cours de l’explosion, mais aucune d’elles sérieusement et deux furent pansées sur les lieux par les médecins de l’hôpital Notre-Dame qui dépêcha immédiatement une ambulance. Le docteur Lafleur accompagnait les médecins de l’hôpital, Les blessés sont M. Henri Lamy, qui venait de prendre possession de l’appartement 3 de la maison qui était à être terminée; M. V. Poissant, peintre; M. Paul Girard, 1335 boulevard St-Joseph, et sa sœur, Mme Rose Barbeau.

M. Lamy était à compléter l’installation de son poêle à gaz et fut projeté à travers une fenêtre pour tomber sur le boulevard St-Joseph. M. Poissant était à l’arrière de l’édifice à terminer son travail de peinture. Il n’eut que le temps de prendre la fuite. En fait, M. Poissant ne se soucient pas bien comment il put sortir de la maison sans être tué.

Dans la maison voisine, portant les numéros 1331, 1233 et 1335, dont le mur est mitoyen avec la maison détruite, trois familles, composées de vingt-trois membres, étaient à prendre leur diner.

Au numéro 1335, la famille de M. Philippe Girard, composée de dix personnes, était à table dans la salle à manger qui donne sur l’arrière. Avant même d’entendre le bruit de l’explosion une pluie de briques et de débris entra par le fenêtre et alla s’écraser sur le mur de la salle de bain. de l’autre côté du logement.

Atteint par une brique

Une des briques frappa M. Paul Girard en arrière de la tête, lui causant une profonde blessure pendant qu’un débris frappais Mme Rose Barbeau, sa sœur, sur le bras droit, lui causant également une blessure sérieuse. Le mur de la salle à manger fut enfoncé de plusieurs pouces par la force de l’explosion.

Au deuxième. la famille de M. Dansereau, composée du père, de la mère et de six enfants ne sentirent que le choc qui fut très violent. Au troisième, il y avait la famille de M. Ember, qui n’entendit que le bruit et sentit le choc.

Dans la maison située à l’ouest de l’appartement détruit, personne ne demeurait encore. car cette maison venait à peine d’être terminée.

Secousses violentes

L’explosion fut d’une violence extraordinaire et les débris s’éparpillèrent par tout le boulevard, des briques et des débris venant briser de nombreuses vitres de l’école Bruchési, située de l’autre côté du boulevard. Des débris volèrent même jusqu’à l’église Saint-Stanislas, située à plus de 500 pieds. Une des vitres de l’avant de l’église fut même brisée et de nombreux débris jonchèrent la parterre, devant l’église.

Deux alarmes

L’alarme fut immédiatement sonnée à la boîte 911 et le chef de district Robert fut sur les lieux en quelques minutes. À son arrivée, il sonna une seconde alarme et appela le directeur Gauthier.

Les chefs Dolan, Bernier et le député chef Carson, ainsi que l’ingénieur en chef Gauthier et son assistant Forget se rendirent également sur les lieux.

Le service de l’ordre

L’inspecteur Alphonse Morin. en charge de la police dans la division, accompagné du capitaine Bilodeau, du poste numéro 14, et des sergents Saint-Jean, Gauthier et Angrignon, se rendirent sur les lieux afin d’assurer le service d’ordre, aidés de cinquante constables en uniformes. Le capitaine détective Adolphe Tremblay, assisté d’une escouade de détectives, porta aussi secours.

Foule énorme

En quelques instants, une foule de près de 5,000 personnes était massée sur les lieux et rendait difficile le travail des pompiers, mais la police eut vite fait d’organiser un service d’ordre parfait.

Toutes les rues environnante étaient absolument remplies par la foule qui augmentait à vue d’œil. La circulation fut complètement interrompue sur le boulevard pendant plus de trois heures.

Les dégâts

Les dommages causés par cet explosion seront d’environ $50,000, car deux des maisons, contenant dix logements devront nécessairement être reconstruites et au moins une partie de la troisième devra être recommencée à neuf, car les mur menacent de s’écrouler.

Cause probable

Hier matin, vers 7 heures 50, le chauffeur de la maison détruite, M. Paul Cardinal, 1463 boulevard St-Joseph, qui tenait la fournaise allumée dans la cave, se rendit sur les lieux. Il lassa un bon feu pour la journée.

Il remit ensuite la clef de la cave au peintre en lui disant de ne la remettre à personne, et vers onze heures, un plombier se rendit sur les lieux afin de compléter l’installation de compteur à gaz. Ce dernier, A. Germain, vérifia toutes les connections du tuyau de l’entrée principale jusqu’au compteur et les trouva toutes en parfaite condition.

Cependant, d’après les différentes versions données, il y aurait eu une fuite de gaz dans le tuyau principal « Main », et le gaz, s’échappant petit à petit, aurait rempli la cave.

La chaleur de la fournaise aurait ensuite amené l’explosion qui a causé un émoi facile à comprendre et jeté la consternation dans tout le quartier, car plusieurs croyaient que c’était soit l’école Bruchési, soit l’église Saint-Stanislas qui venaient de sauter.

La seconde explosion de la journée éclate à Rosemont et 8 personnes ont été transportées aux hôpitaux. – Une foule aussi nombreuse qu’à l’explosion du boulevard Saint-Joseph.

Une explosion, plus terrible que celle da boulevard Saint-Joseph, a éclaté à Rosemont, vers 7 h 30, samedi soir, au coin de la 9e avenue et du boulevard Rosemont.

Huit personnes ont été blessées, dont quatre très gravement, au nombre des blessés se trouve un pompier qui fut asphyxié.

Dès que l’explosion se produisit, le chef Gauthier, de la brigade des incendie, se rendit sur les lieux. Le capitaine Charbonneau, du poste de police numéro 22, envoya tous les hommes qu’il avait à sa disposition.

Les hôpitaux étalent représentés par cinq ambulances

Les blessés actuellement aux hôpitaux sont: Hôpital Général, 1, un nommé FRANK JOHNSON, 36 ans, 5217, 8e avenue. Figure brûlée, jambe fracturée et de fortes contusions. Son état est grave.

Les autres blessés sont Mlle JESSIE NELSON, 80 ans, un bras cassé et des blessures internes; ROBERT NELSON, 64 ans, fortes blessures à la tête, coupures au nez et au cou et autres blessures; THOMAS NELSON, 60 ans, coupures au nez et blessures sérieuses aux épaules, Tous trois demeuraient au numéro 5839 de la maison détruite et étaient entrés dans le logement depuis cet après-midi seulement. Ms ont été transportés à l’Hôpital Général.

Une fillette de 5 ans, ALICE ENNIS, 5847, 8e avenue, était sur le trottoir et a été blessée légèrement au bras et à la jambe. Elle est retournée chez elle. Elle fut secourue par M. John White, un voisin.

FRANCESCA BILAMISKY, 9 ans à une jambe fracturée, elle fut transportée à l’hôpital Sainte-Justine. Elle souffre également de coupures à la tête.

Mme MARIA PINATO, 52 ans, et son époux, demeurant au # 5827 de la maison détruite, sont également dangereusement blessés et ont été transportés à l’hôpital Notre-Dame.

Le pompier ADRIEN RIENDEAU, du poste numéro 16, a été porté à l’hôpital Notre-Dame, souffrant d’asphyxie. Son état est très grave.

Il se peut fort bien qu’il y ait encore une ou plusieurs personnes enterrées sous les débris. Vu la nouvelle arrivée sur les lieux occupants, il a été impossible de connaitre leur nombre exact.

Les pompiers, sous les ordres du chef Ganthier, et la police, sous les ordres de l’inspecteur Lefebvre et du capitaine Ennis s’occupent activement à s’assurer s’il ne reste pas d’autres victimes sous les débris de la maison. Il se passera cependant plusieurs heures avant que l’on ait une certitude sous ce rapport.

(C’est arrivé à Montréal le 13 avril 1930).

Voir aussi :

Rue St-Joseph
La rue St-Joseph de Montréal, Photo : GrandQuebec.com.

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