Où débarqua Jacques Cartier ?
L’opinion générale semble pencher vers l’hypothèse que Jacques Cartier, lors de son premier voyage vers l’île de Montréal en 1535, a débarqué sur les rives du Saint-Laurent à la hauteur de l’arrondissement d’Hochelaga-Maisonneuve ou sur le territoire correspondant à l’actuel Vieux-Port. Cependant, certains historiens sont d’avis que le navigateur est arrivé dans l’île par la rivière des Prairies, empruntant une voie de canotage alors utilisée par les Amérindiens.
En effet, l’analyse de nombreuses illustrations anciennes semble confirmer cette version. Une partie de ces preuves graphiques se trouvent à la bibliothèque du Congrès des États-Unis, à Washington, où l’on garde avec soin des plans concernant les débuts du Canada. On y voit avec précision la montagne telle qu’elle apparaît depuis le Sault-au-Récollet (cet endroit correspond à l’actuel parc nature de l’Île de la Visitation, au bord de la rivière des Prairies). De plus, la position du soleil correspond aussi à ces lieux.
Toutefois, d’autres historiens rejettent ces preuves, expliquant qu’il s’agit en fait de reproductions plus récentes du débarquement, faites par des illustrateurs installés au Sault-au-Récollet où une mission religieuse se trouvait depuis le début du XVIIe siècle. Les bons pères auraient reconstitué l’événement sans se soucier des coordonnées géographiques exactes.
Une autre preuve fut apportée par Samuel de Champlain qui dans l’introduction au 5e volume de ses rapports dit que «ledit Cartier alla jusqu’à un lieu qui s’apppeloit de son temps Ochelaga, et qui maintenant s’appelle Grand Sault saint Louis, lesquels lieux estoient habités de Sauvages, qui estans sedentaires, cultivoient les terres. Ce qu’ils ne font à présent, à cause des guerres qui les ont fait retirer dans le profond des terres».
Un peu plus loin, Champlain dit: «ledit Cartier ayan recognu, selon son rapport, la difficulté de pouvoir passer les Saults, et comme estant impossible, s’en retourna où estoient ses vaisseaux… hyverner en la riviere Saincte Croix, où maintenant les Peres Jesuites ont leur demeure» … (Œuvres de Champlain, publiées par l’abbé C.-H. Laverdière, 1870, p.670).
Pour certains, c’est une preuve convaincante du débarquement de Cartier à Sault-au-Récollet, pour d’autres, ces paragraphes peuvent aussi bien décrire le débarquement sur les rives du Saint-Laurent.
Si la mention de la mission à Sault-au-Récollet est un argument intéressant, il faut toutefois se souvenir que cette relation a été faite 70 ans après le débarquement de Cartier. De plus, Samuel de Champlain appelle «le Sault» ou encore «Le Sault Saint-Louis» et parfois la «Mission Saint-Louis» toute l’île de Montréal, sans distinguer un lieu précis.
Les rapides que Jacques Cartier n’avait pu franchir, peuvent être ceux de Lachine.
Quoi qu’il en soit, étant donné qu’à l’époque à laquelle ces voyages se faisaient, les diverses mesures n’avaient pas de valeur précise, on ne peut donc se fier à la mention des distances, de la hauteur des collines ou de la longueur des rapides. Il faut ajouter à cela le changement des caractéristiques topographiques des sites décrits pour comprendre que le mystère du lieu exact du débarquement de Cartier ne sera sans doute jamais éclairé.
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