La CUM glisse vers la faillite

Le maires de la Communauté urbaine de Montréal redoutent un « New York », une ville en faillite

L’Île de Montréal glisse vers la fail ­ lite économique. La situation actuelle des finances municipales laisse pré ­ voir une catastrophe financière d’ici 1580, catastrophe qui, toutes proportions gardées, pourrait atteindre l’ampleur de celle de New York. Cet avertissement a été servi par la Conférence des Maires, hier soir, dés l’ouverture du débat consacré au budget de $287 millions de la Communauté urbaine de Montréal. Chiffres et dossiers d’experts à l’appui, le président de la Conférence, M. Guy Descary a déclaré que l’accroissement des dépenses publiques par rapport à la capacité de payer des contribuables nous mène à un marasme financier insurmontable. II a ajouté qu’il faut immédiatement mettre fin à l’escalade budgétaire de la CUM et accepter de vivre selon nos moyens

Situation grave

La dette actuelle par habitant de l’Île de Montréal est de $140 par année. Elle grimpera à $1,200 d’ici 1980 pour la seule couverture des grammes en cours. Cette dette pour ­ rait atteindre $2,000 par habitant en 4 ans seulement si la CUM devait pour ­ suivre la réalisation de ses projets. Le budget de la CUM est passé de $10 millions en 1970 à $287 millions pour 1976. Si rien n’est fait dès main ­ tenant pour freiner cette progression astronomique, le budget atteindra le milliard en 1983. La Conférence des Maires a de ­ mandé l’instauration d’un « ordre nouveau dans le financement municipal », c’est-à-dire un système selon lequel les projets ne seraient réalisés qu’en fonction de la capacité des citoyens de les défrayer et où les gouvernements fédéral et provincial injecteraient des fonds substantiels, de façon permanente et statutaire. La banlieue déclare quelle ne peut plus servir d’appui moral à un système qui aura pour conséquence de tripler d’ici cinq ans la dette consolidée et qui entraînera toute l’île de Montréal dans une faillite économique spectaculaire.

Les Jeux olympiques

Les conseillers du RCM ont pour leur part réclamé la tenue d ’ une as ­ semblée d’urgence du conseil municipal de Montréal face à la situation économique créée par les Jeux olympiques. Dans une lettre adressée au président de l’exécutif, le RCM déclare que la prise en main par le gouvernement provincial du dossier des jeux a créé une situation nouvelle et que le secret qui a jusqu’ici entouré certaines tractations doit être divulgué. La population – soutient le RCM – se pose de nombreuses questions et se demande exactement ce qui arrivera en 1976.

Les conseillers du RCM sont d’opinion qu’une assemblée spéciale uniquement consacrée aux Jeux permettrait de faire la lumière sur certaines facettes méconnues de dossier des Jeux.

Le début sur le budget global de la CUM reprendra demain soir et et on s’attend d’ores et déjà à ce que de vives discussions soient soulevées concernant les évaluations. Le directeur du service, M. Godin, affrontera le feu des questions du conseil.

La CTCUM : que la périphérie paye

La banlieue a proposé à la CÛM, hier soir, d étendre le financement du déficit du transport en commun de nie de Montréal aux municipalités non desservies directement et situées en périphérie. Cette proposition a été formulée par le maire Pierre DesMarais d’Outremont — avec l’appui de ses collègues – en même temps que d’autres suggestions destinées à amoindrir le fardeau financier des citoyens de la CUM au chapitre du transport en commun. La banlieue voudrait, par exemple, que le ministère de l’Éducation absorbe à 100 p. cent le coût de la réduction des tarifs pour les étudiants et que le gouvernement du Québec finance m 100 p. cent celui des réductions consenties aux personnes âgées. C’est d’ailleurs à la condition que ces suggestions soient dirigées auprès du gouvernement que la banlieue a approuvé le budget de la CTCUM.

Une situation intenable

À l’appui de son collègue d’Outremont le maire McCallum de Westmount a divulgué un tableau montrant l ’ escalade des coûts %u métro d’ici 1980. Les chiffres déno­tent que le budget de $100 millions pour 1976 aura atteint près de $300 millions en 1980. Ce tableau démontre que te taux de la taxe du métro qui est de 82 cents par $100 d’évaluation en 1976 sera de $2.39 du $100 d’évaluation en 1980.

Selon M. McCallum, les contribuables de l’île de Montréal n’ont plus les moyens financiers de poursuivre plus avant les projets d’expansion du métro, ni même d’absorber les seuls coûts annuels d’exploitation. Selon lui, il est urgent d’obtenir une intervention massive de l’État dans ce domaine, sous forme d’un financement qui équivaudrait à au moins 50 p. 100 du coût annuel du déficit et 75 p. 100 du coût des investissements dans les nouvelles constructions.

La banlieue a donc adopté le budget sous les réserves de pressions énergiques auprès les gouvernements supérieurs. Le RCM, quant à lui, a voté en bloc contre le budget.

(Cette nouvelle nous vient du 20 novembre 1975.)

Voir aussi :

Centre-ville de Montréal, la construction. Photo de GrandQuebec.com.

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