Criminel incendie de Montréal en 1734
Treize ans après le désastre de 1721, Montréal fut de nouveau en partie détruit par le feu. Cette fois c’était l’œuvre d’une incendiaire. Une négresse du nom de Marie-Josephte-Angélique, esclave de madame Poulin de Francheville, avait été renvoyée par sa maîtresse pour conduite repréhensible. Pour se venger de l’affront, Angélique, de connivence avec son complice, Jacques Claude Thibault, mit le feu à la maison qu’elle venait de quitter.
Les flammes se communiquèrent vite aux bâtiments voisins et atteignirent l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, qui, pour la troisième fois en quarante ans fut entièrement détruit. Près du tiers de la basse ville, (exactement 46 maisons) croula dans les ruines (10 avril 1734). Le désastre n’était pas aussi grand que celui de 1721; mais il affectait des familles qui avaient déjà subi des pertes ruineuses à peine réparées. C’était pour plusieurs une vraie calamité.
La négresse, mise à la question, fut convaincue du crime d’incendiaire et condamnée à avoir le poing coupé et être brûlée vive en place publique. Le Conseil Supérieur modifia cette cruelle sentence. La malheureuse fut conduite en charrette à travers les rues, où son crime affreux avait amoncelé des ruines. Un cierge à la main, elle dut faire amende honorable devant l’église paroissiale. Menée au lieu des exécutions, elle fut pendue et son cadavre livré aux flammes. (Cette même année à New-York, un jeune homme, coupable d’attentat criminel, avait été condamné à être brûlé vif. Mais là-bas la sentence fut exécutée « dans sa forme et teneur », devant un grand nombre de spectateurs. — New York Gazette, 28 janvier 1734.) Son complice, Thibault, avait réussi à s’enfuir. Il fut condamné à la même peine par contumace.
Les Religieuses hospitalières de l’Hôtel-Dieu, les plus éprouvées par le sinistre, se logèrent momentanément dans la maison de Jacques de Montigny et dans une autre contiguë. Elles y poursuivirent leur apostolat charitable du soin des malades. Étant très à l’étroit dans leur logement de fortune, mal aménagé et manquant de tout, les bonnes sœurs connurent les plus dures épreuves. Une maladie infectieuse, dont on ne donne pas la nature, et apportée par un soldat sous traitement, se communiqua à l’infirmière qui avait le patient sous ses soins. La contagion se répandit dans la communauté et six religieuses de chœur moururent en quelques jours.
Le nécrologe de l’Institut conserve encore les noms de ces humbles victimes de la charité. On lit les noms des sœurs d’Ailleboust, Gay, Picard, Préville, Gatien, Levasseur et trois religieuses converses.
Pour empêcher l’épidémie de gagner la ville, M. de Beaucourt, gouverneur, mit l’hôpital en quarantaine.
Mgr Dosquet ordonna aux religieuses, à l’exception de cinq ou six, de se retirer à la campagne pour quelques temps. Pour la troisième fois l’édifice fut reconstruit sur les ruines de l’ancien; et les Hospitalières reprirent leur œuvre de charité et de dévouement.
Note de GrandQuébec.com : – Nous retenons le lexique utilisé dans l’article de La Gazette de Québec en 1770.
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