Séances du conseil de ville de Montréal
Dans son recueil Le bon vieux temps (compilé, revu et annoté par Édouard-Zotique Massicotte, paru en 1924), Hector Berthelot raconte que la première séance du conseil de Ville de Montréal, après son acte d’incorporation, a eu lieu le 26 août 1840 (en fait, Montréal avait déjà été incorporé en 1831, par une loi sanctionnée l’année suivante et qui ne devait rester en vigueur qu’en 1836. Dans ce cas de la « première incorporation de Montréal » Jacques Viger fut élu maire de la ville).
Avant 1816, la ville de Montréal n’était pas incorporée et ses affaires municipales s’administraient avec celles de tout le district. M. William Ermatinger était alors shérif et premier magistrat du district. Il avait sous sa juridiction plusieurs juges de paix qui jugeaient les causes de la police correctionnelle. Le président de ces dernières cours était M. McCord.
En 1816, les citoyens de Montréal tinrent une assemblée où il fut passé des résolutions à l’effet de présenter au gouvernement une requête demandant une organisation du guet.
La population de Montréal était alors d’environ 15,000 âmes, plus 4,000 soldats en garnison et 1,000 marins. La garnison de Montréal était stationnée aux vieilles casernes de la rue Saint-Paul, à la citadelle, et dans les casernes sur la propriété des Récollets.
Le gouvernement civique de Montréal était administré par les juges de paix, nommés par le gouvernement de la province. En 1825, il y avait quarante-six magistrats qui avaient le pouvoir de prélever des taxes et des cotisations pour payer les dépenses de la ville, et de passer des règlements pourvu qu’ils ne fussent par en conflit avec les statuts impériaux. Pendant une courte période, les affaires municipales de Montréal furent dirigées par un maire et des conseillers. Une loi passée par la législature en 1832 constitua Montréal en corporation et transporta l’autorité des magistrats au conseil de ville, mais en 1836, la charte de ville étant expirée, le gouvernement civique passa de nouveau entre les mains des juges de paix.
La ville était alors représentée dans le parlement provincial par quatre députés. Il n’y avait que deux divisions électorales, l’Est et l’Ouest. Ces divisions envoyaient chacune deux députés à l’Assemblée Législative.
Sous cette première corporation, la ville de Montréal était divisée seulement en huit quartiers, savoir : les quartiers Est et Ouest, Sainte-Anne, Saint-Joseph, Saint-Antoine, Saint-Laurent, Saint-Lois et Sainte-Marie (aujourd’hui, rue Notre-Dame Est).
La première séance du conseil de ville après la « seconde incorporation » de Montréal se tient alors sous la présidence du maire, l’honorable M. Peter McGill. M. J. P. Sexton agit comme greffier.
Les séances du conseil municipal se tiennent alors, dans une maison en pierre de taille appartenant à Madame de Beaujeu et située sur la rue Notre-Dame entre les rues Saint-François-Xavier et Saint-Jean. Le conseil y siégea jusqu’en 1844. Les bureaux de la corporation n’étaient pas bien considérables à l’époque et le service civique se faisait par les chefs du département assistés par trois ou quatre commis.
Il n’existe aucune trace de cette maison, démolie en 1858, lors de l’élargissement de la rue Notre-Dame.
En 1844, les bureaux de la corporation de Montréal furent transportés dans la maison de l’aqueduc Hayes qui était devenue la propriété de la ville. C’était une maison en pierre de taille, située au numéro 1442 et bâtie sur le côté sud de la rue, sept portes à l’est de la rue Bonsecours, sur le site de la future carrosserie de M. mercier.
Les bureaux municipaux de la ville de Montréal occupaient le rez-de-chaussée et le premier étage. L’étage supérieur renfermait le réservoir d’une capacité de plusieurs milliers de gallons. Selon M. Berthelot qui cite à son tour à l’ex-échevin Homier, représentant d’un des quartiers de Montréal, en pleine séance du conseil, une partie du réservoir, placé au-dessus de la salle des séances, creva et faillit noyer le maire et tous les conseillers.
Ensuite, le 24 janvier 1852, le conseil municipal eut sa première séance au Marché Bonsecours. À cette séance, un comité de citoyens présenta au conseil un portrait à l’huile de l’honorable Charles Wilson (né en 1808, mort en 1877, maire de Montréal en 1851, 1852, 1853). Ce portrait a été détruit plus tard par des émeutiers à l’occasion des prédications du célèbre Alexandre Gavazzi (le 9 juin 1853, Gavazzi, ex-prêtre italien, donne à l’église Zion, coin Latour et Sainte-Radegonde, une conférence qui se termina par une émeute au cours de laquelle 26 personnes sont tuées et 20 blessées. Le maire Charles Wilson, accusé à tort d’avoir ordonné aux militaires de faire feu sur la foule, fut néanmoins poursuivi pendant longtemps par la haine organiste).
En 1874, commence la construction du premier Hôtel de Ville qui sera inauguré le 18 mars 1878 et l’édilité en prendra possession immédiatement.

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