Comment furent retracés les voleurs

Comment furent retracés les voleurs : La femme mystérieuse. – Les détectives la suivent dans les Cantons de l’Est – Le guet-apens à Toronto – Pris au piège

Immédiatement après que la Sûreté eut été avertie qu’un audacieux hold-up de bijoux pour un montant de $35.000 venait d’être commis, le capitaine en charge de l’escouade des vols avec violence, chargea deux de ses meilleurs limiers de retrouver les bandits. Il leur donna instruction de ne s’occuper que de cette cause, leur disant qu’il fallait absolument que le succès couronne leurs efforts. Carte blanche fut donnée aux limiers avec instruction de ne revenir à la Sûreté qu’avec leurs prisonniers.

Le soir même du vol, les détectives qui avaient mission de résoudre ce vol, commencèrent leurs recherches et furent assez heureux de retracer une femme sur qui leurs soupçons se portèrent immédiatement. Cette femme demeurait dans un appartement de la rue Mansfield. Pendant trois jours, les limiers surveillèrent la maison sans pouvoir récolter aucun indice pouvant les conduire vers les bandits.

Cependant le quatrième jour, la femme partit de chez elle et monta dans un convoi à destination de Sherbrooke. Les détectives la suivirent à cet endroit. Pendant quinze jours elle fut surveillée jour et nuit. Au cours de ce temps elle fit plusieurs voyages à Montréal, mais revint chaque fois dans la ville des Cantons de l’Est. Un de ses espions, naturellement déguisé, la suivait toujours, mais jamais on ne put la voir communiquer avec qui que ce soit. Elle était toujours seule et ne recevait aucune correspondance.

Le matin du vingtième jour, la femme de mystère revint à Montréal et passa la journée ici. Le même soir elle prenait le train de dix heures à destination de Toronto, après avoir acheté un billet pour l’aller seulement. Les détectives chargèrent un constable en civil de la suivre à bord du convoi et de ne pas la perdre de vue pendant le trajet.

Pendant ce temps, les deux limiers partaient pour Toronto dans la puissante automobile Lincoln de la Sûreté et après une course vertigineuse dans la nuit, ils réussirent à atteindre la Ville Reine à six heures le lendemain matin, couvrant la distance entre les deux villes, soit 375 milles, en exactement huit heures. Ils se rendirent immédiatement dans un hôtel et, là, se déguisèrent complètement,

Ils allèrent ensuite à la gare Union, un peu avant 8 heures, et attendirent l’arrivée du convoi de Montréal. La mystérieuse voyageuse en descendit, toujours suivie du constable. Les détectives le remplacèrent et la femme les conduisit dans une maison à appartements de la rue Shuborn.

À cet endroit, les deux limiers montréalais surveillèrent la maison pendant trente-six heures, sans pouvoir dormir, ne se remplaçant que pendant quelques minutes à la fois pour aller manger un peu.

Malgré la surveillance la plus étroite, les détectives ne purent trouver le moindre indice pouvant les conduire à ceux qu’ils recherchaient avec tant de persistance.

Finalement. après 38 heures, ils virent sortir de la maison un homme qu’ils reconnurent comme étant un de ceux qu’ils recherchaient pour le hold-up de Montréal. L’individu était bien connu des détectives sous différents noms. Cependant son véritable nom est Silver Martin, allas Martin Silver. Il était renommé comme chef de bande.

On décida de ne pas l’arrêter immédiatement, car il pouvait être à Toronto en compagnie des autres membres de sa bande et, maintenant que les détectives savaient où il était, tout était pour le mieux et il n’y avait plus nécessité de se presser.

Après avoir passé quatre jours à surveiller Martin et sa compagne dans Toronto, les détectives décidèrent qu’il était temps d’agir au cas où l’alarme serait donnée aux bandits. On demanda donc de l’aide aux autorités de Toronto, qui furent bien surprises de voir que deux officiers de Montréal étaient dans leur ville depuis quatre jours hors de leur connaissance. Cependant l’aide demandée fut immédiatement accordée avec plaisir et deux détectives de Toronto se joignirent à nos limiers.

Trois bandits étaient recherchés pour le hold-up et leur description étaient donnée dans des circulaires envoyées par le chef de police de Montréal. Ils étalent Silver Martin, 27 ans, 5 pieds 9 pouces, 140 livres; Casimir Dikoski, 23 ans, 5 pieds 7 pouces, pesant 150 livres, et Isaac Lenetsky, 28 ans, 5 pieds 6 pouces et pesant 140 livres Une récompense de $1.500 était promise pour la capture des fugitifs

Les limiers, croyant donc qu’il était grandement temps d’agir, se rendirent, vers onze heures du soir, dans l’appartement occupé par Martin et la femme. Ils y entrèrent au moyen d’une fausse clef, Personne n’étant dans l’appartement. Un des détectives locaux se cacha dans une armoire près de la porte et son compagnon se plaça en face de lui. Les deux agents de Toronto se cachèrent dans la salle de bain, placée à côté du vivoir où étaient les deux autres. Ils attendirent ensuite patiemment, sans bouger et sans mot dire dans la noirceur.

À trois heures du matin, ils entendirent une clef dans la serrure et deux hommes entrèrent. Ils allumèrent la lumière du boudoir et comme un d’eux se rendit dans la cuisine pour faire de la lumière, un des limiers locaux se jeta sur son compagnon et comme il allait l’arrêter celui-ci sortit un revolver, calibre 45 de sa ceinture et voulu s’en servir, mais le détective fut plus prompt que lui et lui asséna un violent coup de poing au visage le renversant et lui donnant un véritable K.-0. Pendant ce temps, l’autre bandit était arrêté par les autres détectives.

À huit heures le lendemain matin le chef de la bande arrivait à l’appartement en compagnie de la femme et fut immédiatement capturé. Après l’arrestation, le chef de la bande fut ramené à Montréal avec ses complices.

(Texte publié dans le journal Le Petit Journal, le 6 avril 1930).

Voir aussi :

« Savez-vous quel est le plus sûr moyen de rendre votre enfant misérable ? C’est de l’accoutumer à tout obtenir. » Jean-Jacques Rousseau. Image : © Megan Jorgensen.
« Savez-vous quel est le plus sûr moyen de rendre votre enfant misérable ? C’est de l’accoutumer à tout obtenir. » Jean-Jacques Rousseau. Image : © Megan Jorgensen.

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