Histoire de Montréal

Catastrophe du Stade Ontario

Catastrophe du Stade Ontario

Catastrophe du Stade Ontario

Le 3 août 1942, vers 21 heures 20, trois personnes perdent la vie et une trentaine d’autres ont subi des blessures plus ou moins graves dans une panique provoquée par un commencement d’incendie, pendant une soirée d’amateurs qui se donnait au Stade Ontario, à l’angle des rues Ontario et Delorimier.

D’après le récit des victimes, de la police et des témoins oculaires, la panique qui ressemblait par certains côtés à la panique d’il y a dix-sept ans au Laurier Palace, et qui fit alors plus de 70 victimes, a été provoquée par un commencement d’incendie, éteint cinq minutes à peine après avoir été découvert.

De fait, la première alerte a été sonnée à 21 heures 17. À ce moment, il y avait environ mille personnes assises dans l’enceinte construite pour en abriter 2,000. Vers 21 heures, les agents spéciaux Rodrigue Christian et Donat Leduc, du poste #13, avaient effectué leur tournée, et dans le rapport qu’ils ont remis plus tard à l’inspecteur Frank Lemelin et au capitaine Arthur Hébert, du poste #13, ils ont déclaré que lors de leur visite tout était parfaitement calme au Stade Ontario, les allées étaient libres à l’exception des placiers qui circulaient, et les trois grandes portes de l’enceinte parfaitement dégagées. Autrement dit, toutes les précautions exigées par les règlements de la cité avaient été suivies à la lettre par les propriétaires du stade.

La représentation se déroulait au grand plaisir de l’assistance, composée en grande partie de femmes assez âgées ou de fillettes. Soudain, un lieutenant de police qui parcourait les rues à ce moment, le lieutenant A. Plaisance, aperçut une flamme et une fumée qui se dégageaient du Stade.

Aussitôt, il alerta les pompiers, et quelques secondes plus tard, les fourgons de la caserne #19 surgissent sur les lieux, et en un tournemain les pompiers étouffent les flammes. Jusque-là, tout va bien. La foule a remarqué l’incendie, se sent un peu nerveuse, mais chacun garde sa place et l’imprésario annonce que dans dix minutes la représentation va reprendre son cours.

À ce moment, une voix partant du haut des estrades lance un cri: Au feu! C’est l’étincelle qui met le feu aux poudres. La panique éclate et une grappe de spectateurs se détache du haut des estrades, saute par-dessus les têtes des personnes assises en avant, déferle en bas des bancs et s’élance vers la sortie. Cette vague écrase, entraîne tout sur son passage. Des cris de souffrances s’élèvent de la gorge des femmes et des fillettes écrasées sous les bottes de ceux qui veulent gagner la porte. Les premiers rendus à la porte qui donne au nord, rue Ontario, tombent sous la poussée de ceux qui les suivent. Ils tombent. Ils s’empilent les uns sur les autres et bientôt leur monceau obstrue totalement l’entrée.

Une clameur immense jaillit du désordre et de l’enchevêtrement, clameur si forte que plusieurs spectateurs qui assistent à la joute entre le Montréal et le Baltimore au Stade, de l’autre côté de la rue, quittent leurs sièges et viennent grossir le nombre des badauds dont les rues avoisinantes regorgent bientôt.

Le commencement d’incendie a été éteint cinq minutes à peine après avoir été découvert.

Voici les noms des morts : Denise Wistaff, âgée de 8 ans, domiciliée au numéro 2031 rue Demontigny et Mme Mathilda Côté, 63 ans, résidente au numéro 1195 rue Cartier. Le nom d’une troisième victime, une jeune fille, d’environ 25 ans n’a pas été dévoilée.

(ce texte a été publié dans La Presse, le 4 août 1942).

Pont Cartier

Vue sur le pont Jacques-Cartier. Crédit photo : GrandQuebec.com.

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