
Capitulation de Montréal en 1760
Le général Amherst, commandant en chef des armées anglaises en Amérique, était chargé de terminer la guerre par la prise de la métropole. Trois armées furent dirigées à la fois sur la ville de Montréal. Murray, avec 3 000 hommes de troupes fraîches et bien équipées, partit de Québec le 14 juillet. Le général Haviland, à la tête de 3 500 soldats, descendit par la rivière Richelieu. Le général Amherst partit d’Oswego avec 10 000 réguliers pour faire la conquête de la ville, défendue par quatre ou cinq mille soldats et miliciens qui avaient subi les campagnes précédentes.
Au début de septembre plus de 16 000 Anglais campaient autour de Montréal. La résistance à de telles forces paraissait difficile, hasardeuse, téméraire. Au mois d’avril, de Vaudreuil blâmait les Acadiens de se soumettre au commandant du fort Cumberland.(«Copie d’un manifeste du marquis de Vaudreuil,» 5 avril 1760. — Joseph Marmette: Rapport sur les Archives de France, 1887, p. CXXXIV.)
Le 30 mai, il ordonnait aux milices du pays de se tenir prêtes à marcher au premier ordre contre les Anglais. (Copie d’une lettre circulaire de M. de Vaudreuil, 30 mai 1760. — Joseph Marmette: «Rapport sur les Archives de France,» 1887, p. CXXXV.) Mais en présence des ennemis, il avait perdu toute sa belle assurance.
Le soir du 6 septembre le marquis de Vaudreuil somma les principaux officiers des troupes de terre et de mer de se réunir au camp pour discuter la situation générale et considérer les termes de la capitulation qui avaient été rédigés et qui furent lus par l’intendant Bigot.
On reconnut généralement qu’il était impossible de résister plus longtemps avec chance de succès et M. de Bougainville fut chargé d’aller proposer au général Amherst, le matin du 7 septembre, la cessation des hostilités, en attendant l’arrivée possible de la nouvelle que la paix était conclue entre les deux pays. Si Amherst repoussait cette proposition, Bougainville était autorisé de lui proposer les termes de capitulation, lus au conseil de guerre. Durant toute la journée du 7, les négociations se poursuivirent entre les assiégés, qui proposèrent leurs conditions de capitulation et le général Amherst qui leur transmettait ses réponses. Le soir un vigoureux échange de vues eut lieu par écrit et verbalement entre le marquis de Vaudreuil, le chevalier de Lévis et les principaux officiers. De Lévis et ses officiers protestèrent avec véhémence contre les dures conditions imposées par Amherst et voulurent opposer une résistance désespérée afin d’obtenir de meilleures conditions pour l’armée. Le général reçut l’ordre de se soumettre. («Collection de Documents relatifs à l’histoire de la Nouvelle-France,» 1885, vol. IV, pp. 304 à 306.)
Les troupes passèrent la nuit sous les armes et de bonne heure le matin, un nouvel échange de lettres eut lieu entre le commandant anglais et le gouverneur canadien. Le major Abercrombie se rendit ensuite auprès de Vaudreuil, qui lui remit les articles de la capitulation signés de sa main et dont un duplicata lui fut retourné portant la signature de Jeffery Amherst, (Shortt and Doughty: « Documents concernant l’histoire constitutionnelle du Canada », Ottawa, 1911, p.4), 8 septembre 1760.
La capitulation de Montréal mettait fin à l’empire français d’Amérique.
Amherst, qui commandait plus de 15 000 hommes, crut prudent de refuser les honneurs de la guerre à la petite armée française. Il ne fut tranquille que lorsqu’il n’eut plus à faire face qu’à 3 500 hommes désarmés. Le général de Lévis, froissé de ce manque d’esprit chevaleresque, ne voulut pas remettre au cessionnaire les vieux drapeaux français, qui avaient été témoins de tant de batailles héroïques. Il les brûla sur place. Les lis de France mêlèrent leur cendre à la terre de la Nouvelle-France.
Le colonel Haldimand fut chargé par son maître des formalités de la prise de possession de la ville. Quelques jours après, le gouverneur de Vaudreuil, l’intendant Bigot, les officiers civils et militaires et les troupes s’embarquèrent pour la France. Les listes de bord mentionnent en tout 2 473 personnes embarquées à Montréal même. Le régiment de Bearn, au nombre de 408 et les troupes de la marine, dont il ne restait plus que 1013 unités, durent descendre à Québec où les attendaient les vaisseaux de transport. Sur les listes officielles, comprenant 3 894 personnes, étaient aussi portés la maison du gouverneur, celle de l’intendant et tous les fonctionnaires civils. (« État des navires destinés au transport de M. de Vaudreuil, de sa suite, etc. » – Rapport sur les Archives canadiennes, 1886, p. CLXVII).

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