Canal Lachine et ses environs : 150 ans de présence industrielle à Montréal
Canal Lachine et l’industrie : Le canal de Lachine est une voie de navigation très petite en comparaison avec des rivières qui parcourent tout le Québec, dont la population est surtout concentrée le long des cours d’eau, d’abord le long du fleuve et des rivières qui l’alimentent (à l’extérieur de ces aires, la population baisse radicalement, souvent sous les un habitant/kilomètre carré).
Lorsque les premières entreprises viennent s’installer sur le site, le secteur ressemble à une banlieue nouvelle qui évoque encore son passé agricole.
De 1851 jusqu’aux années 2000, divers types de manufactures se sont succédés dur le site. Chaussures de caoutchouc, boîtes de carton, outils, clous et lainages, entre autres, sont produits dans ces usines de taille moyenne pour le marché local et l’exportation.
Ces manufactures occupent des bâtiments majoritairement faits de briques dont le style architectural et les dimensions évoluent au rythme des besoins et des modes. Les faillites sont nombreuses et la durée de vie de ces entreprises est parfois courte. Certaines ont cependant la vie plus longue, comme la Montréal Woollen Mill, en activité pendant près de 40 ans.
Cette zone est structurée par le canal, mais aussi par des quais et des bassins. Ils constituent le prolongement intérieur du port de Montréal. Le navire qui sort de l’écluse peut transporter une cargaison d’environ 2500 tonnes.
Le canal de Lachine, un couloir industriel en constante évolution
Alimentation, transport et activités portuaires, textile et vêtement, appareillage électrique, fer et acier, bois d’œuvre et construction, pâtes et papier, navigation commerciale, voici les principaux secteurs de l’industrie…
- De la laine : L’industrie textile occupe une place prépondérante dans le développement économique du Québec et du Canada. Le coton et la laine sont les matières premières les plus prisées. Au XIXe siècle, la majorité des vêtements d’hiver sont faits de lainages. D’ailleurs, deux industries lainières figurent parmi les premières entreprises à s’installer sur le site des écluses Saint-Gabriel. Dès 1853, la George W. Weaver emploie une centaine d’ouvriers. Elle occupe un bâtiment en brique de deux étages et se spécialise dans la production de divers objets en laine. La Montréal Woollen Mill est, quant à elle, en activité entre les années 1879 et 1910.
- Du fer : Fondée en 1837 à Beauharnois par les frères Thomas et John Caverhill, la société Caverhill Co. Ltd est une quincaillerie destinée aux fermiers. Elle a déjà des succursales dans plusieurs villes du Québec, lorsqu’elle ouvre une première quincaillerie à Montréal en 1854. Pour diriger le commerce montréalais, les frères Caverhill retiennent les services de James Crathern, spécialiste de la quincaillerie de gros. L’entreprise, qui prend alors le nom de Ccrathern and Caverhill, est une pionnière de ce genre de commerce à Montréal. Elle fait bâtir un magasin-entrepôt sur la rue de la Commune Ouest (autrefois Colborne) en 1870-1871. Au début des années 1880, une usine fabriquant des outils et de la machinerie agricole est construite près des écluses Saint-Gabriel.
- Du papier et du carton : L’industrie papetière, qui se développe au Québec à partir de la fin du XIXe siècle, connaît un âge d’or entre 1940 et 1970. Cette période se caractérise notamment par les augmentations records de la production. Dans les régions de l’Outaouais, de Québec, de la Maurice, de Charlevoix, de la Côte-Nord et du Saguenay-Lac-Saint-Jean, des villes émergent littéralement du sol à la suite de l’établissement d’une papetière. Le canal de Lachine accueille une première usine de ce genre dès la fin des années 1910, mais d’autres ne tardent pas à suivre.
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L’entreprise papetière la plus reconnue du site demeure la Gair Company, en activité de 1937 à 1959. C’est en 2008, avec la fermeture de la Sonoco, que l’industrie du papier et du carton cesse d’être représentée le long du canal de Lachine. En fermant l’usine de carton recyclé en 2008, la Sonoco met fin à 150 années d’occupation industrielle continue sur le site du 50, rue Des Seigneurs. Les plus anciens bâtiments du complexe remontent à la Montréal India Rubber en 1854, une manufacture d’articles en caoutchouc, et à la Montréal Woolen Mill, une filature de laine de la fin du XIXe siècle. D’autres ont abrité les activités de la Gair Paper, une usine de recyclage de papier. Toutes ces compagnies ont utilisé l’eau du canal pour actionner leurs machines.
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Voici quelques unes des usines, ateliers et chantiers que le canal de Lachine ait connu au cours de son histoire :
Le chantier d’Augustin Cantin : En 1846, Augustin Cantin installe ses ateliers le long du canal de Lachine, entre les rues actuelles Canning et Georges-Vanier (rue Fuiford à l’époque). Augustin Cantin (1809-1893) dirige au XIXe siècle le plus gros chantier de construction navale de la ville de Montréal Ses ateliers longent le canal et s’étendent de la rue Canning jusqu’à la rue Fuiford. Cantin détient un avantage sur ses concurrents : il est le seul à pouvoir construire à la fois le moteur et la coque des bateaux. Sa renommé est telle qu’on l’invite à présenter son travail à l’Exposition universelle de Paris, en 1855. Reconnu comme l’un des entrepreneurs canadiens-français les plus prospères de Montréal, Augustin Cantin possédait aussi dans Griffintown plusieurs biens immobiliers.
Une siècle de production industrielle
- The Montréal Box Board Ltd (1914-1916)
- Canada Box Board Company Ltd (1916=1921)
- Canadian Paper Board Company Ltd (1921-1937)
- Gair Company Canada Ltd (1937-1959)
De 1850 à 1950, les rives du canal de Lachine accueillent une des plus grandes concentrations industrielles du Canada. Trois raisons principales attirent les entreprises aux abords de cette voie d’eau : la voie navigable, l’énergie hydraulique; l’aqueduc industriel.
Une voie d’eau d’hier à aujourd’hui
Les quartiers du Sud-Ouest de Montréal
L’obligation des Sulpiciens de se départir de leur propriété agricole dans les années 1840, l’aménagement hydraulique du canal de Lachine. Par ailleurs, l’avènement du chemin de fer ont contribué à l’éclosion des quartiers ouvriers du sud-ouest de Montréal.
Le quartier Sainte-Anne, aussi appelé Griffintown, englobe, depuis 1845, tout le secteur au sud de la rue Notre-Dame. Il se situe entre la rue McGill et le boulevard Georges-Vanier actuels. Plusieurs nationalités y vivent. Pourtant les anglophones, et surtout les Irlandais, demeurent longtemps le groupe le plus nombreux. Le logement ouvrier typique du quartier est la maison en rangée en brique.
De voie navigable à corridor récréotouristique
Emprunté jusqu’à l’ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent en 1959, on ferme le canal de Lachine en 1970. Après avoir accueille, dans la section la plus profonde, des bateaux aussi imposants que des navires océaniques. Depuis sa réouverture en 2002, des embarcations de plaisance le fréquentent. Le canal de Lachine et ses abords font l’objet de revitalisation depuis 1978, à la suite de l’aménagement d’une piste cyclable. La Ville de Montréal poursuit l’objectif de réaménager le secteur du canal de Lachine en lieu de loisirs et de mémoire. La Ville a également effectué des fouilles archéologiques sur le terrain de la Pointe-des-Seigneurs. Puisque la Ville a l’intention de transformer ce site témoin de l’essor industriel de Montréal en parc archéologique.