
Campagne antimaoïste dans le quartier chinois de Montréal
Une campagne anticommuniste bat son plein au cœurs du quartier chinois de Montréal. Une exposition de photos, « posters », découpures de journaux visant à dénoncer le régime de Mao a ouvert ses portes hier et se poursuivra jusqu’au 31 juillet au 1010 de la rue Clark.
Cette exposition est organisée sous les auspices de la Ligue chinoise nationaliste qui réunit surtout des commerçants du quartier. Mais tout le matériel de l’exposition vient de Formose, où se trouve, bien entendu, le siège social du mouvement.
La Ligue nationaliste chinoise, explique M. Wong Ka Sing, se définit comme un mouvement anticommuniste, très étroitement relié à Formose, qui s’est donné pour but de démontrer au monde entier « l’atrocité du régime communiste. »
« Le communisme gouverne le pays en utilisant la force. L’armée se substitue au Partie et use de ses pouvoirs pour soumettre les gens. La liberté. La liberté n’existe pas. Et les faits vont tout à fait à l’encontre des idées émises par Mao, soit la libération du monde. »
Toute l’exposition vient évidemment appuyer les paroles de Mé Wong Ka Sing. Des enfants torturés, des familles maigres, en larmes, des paysans qui travaillent entourés de gardes rouges armés, des manifestations où les militaires brandissent leurs fusils en souriant, sont les sujets de la vingtaine de photos installées dans la salle du Kumoningtang Halls. Alors que le guide nous souligne que « l’on voit bien ou est la force et la liberté », il nous traduit quelques « tracts encadrés près des photos. Quelques-uns rappellent qu’il est interdit de porter des coiffures modernes, d’autres que même les illettrés doivent savoir par cœur le petit livre rouge.
On ne cache d’ailleurs pas que pour faire une bonne propagande, il faut montrer le père du régime Mao et le meilleur du régime. Nationaliste. Des photos de Tchiang Kai-chek, des derniers présidents des États-Unis en visite à Taiwan, illustrent « le meilleur » de la politique en vigueur à Formose.
Quant à la possibilité de la reconnaissance de la Chine communiste par le Canda, M. Wong Ka Sing préfère ne pas se prononcer. Il insiste sur le fait qu’il n’existe aucun lien d’aucune sorte entre la politique canadienne vis-à-vis la Chine et cette exposition qui se promènera à travers le Canada, durant l’été.
« Il s’agit tout simplement de montrer au monde entier que Mao n’a rien amélioré depuis dix ans, que les gardes rouges sont des hippies, des marionnettes entre les mains des dirigeants. »
L’idéologie du parti se base sur la dénonciation du recul constant du parts communiste chinois, du retour à la dictature.
« D’ailleurs l’amélioration du sort actuel du monde ne viendra jamais des révolutions à la Ché Guévara ou à la Mao, mais de modifications du système actuel établit par des gens d’expérience », ajoute finalement M. Wong Ka Sing.
Un crieur énonçait dans la rue les 100 commandements du parfait maoïste. Entre autres règles, on défend le port de coiffures modernes.
Par Doris-Louise Haineault, texte publié le 25 juillet 1969 dans le journal La Presse.
Pour en apprendre plus :
- La communauté chinoise au Québec
- Quartier chinois de Montréal
- Quartier chinois de Vancouver
- Incendie au Quartier chinois

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