Le maire Camillien Houde est arrêté et immédiatement interné
Camillien Houde est arrêté : Ottawa. – Pas un mot n’a été dit ce matin (6 août 1940), au commencement de la séance de la Chambre des Communes l’internement (5 août) du maire Camillien Houde, et l’on ne croit pas maintenant que le gouvernement en fasse. De bonne heure ce matin, le très honorable Ernest Lapointe a simplement dit : « Je ne peux pas discuter ces choses ».
Pour longtemps ?
La question que l’on se pose dans le moment est la durée de l’internement du maire. On ne croit pas que ce soit pour toute la durée de la guerre, mais cela dépendra probablement de sa conduite. D’après les règlements des camps de concentration, il y a égalité absolue de traitement, sans autre favoritisme. Le lever se fait entre 5.30 et 6 h. du matin, et à 10 h. du soir la lumière s’éteint. Le travail est distribué suivant la capacité physique de l’interné. On rapporte que le contremaître d’une équipe de mineurs est un millionnaire.
Pour la nourriture, le régime est le même pour tous, excepté que l’on peut recevoir des fruits, etc. Les internés n’ont pas d’argent, mais il existe dans les camps d’internement un système de crédit.
À l’hôtel de ville
L’arrestation du maire Houde et son internement immédiat dans un camp de concentration « quelque part » n’ont provoqué aucun émoi apparent à l’hôtel de ville.
Les propos et conversations au sujet de la réunion du conseil de demain après-midi ne manquent point cependant. Chez le greffier, on informe qu’il n’y a rien de changé sur l’ordre du jour et que l’item #1 : « L’enregistrement national et la Conscription » (item inscrit à la demande du maire) demeure. Mais si l’on en croit un grand nombre d’échevins, cet item sera biffé au caucus de demain matin. C’est l’échevin Edmond Hamelin, maire suppléant, qui présidera la séance.
Reste-il maire?
On croit qu’on s’informera si M. Houde demeure encore maire de Montréal, et s’il a droit à son traitement. Au contentieux, on nous a répondu que l’on ignorait tout de la décision qui pourrait être prise à ce sujet mais qu’on étudierait la chose. Il serait aussi question de savoir si l’élection d’un nouveau maire en remplacement de M. Houde s’impose.
Au bureau du maire, M. Lucien Croteau, secrétaire particulier de M. Houde, a déclaré ce matin qu’il accompagnait le maire hier soir à son bureau de l’hôtel de ville et qu’il y a rencontré Mme Houde. Le maire semblait très calme et comme il avait plusieurs affaires à examiner, il demeura au travail de 8 heures à 10 heures 45. C’est alors qu’il se dirigea vers l’ascenseur pour sortir au square Vauquelin, par la porte nord-ouest de l’hôtel de ville. C’est à cet endroit, selon M. Croteau, qu’il a été appréhendé par les policiers fédéraux et provinciaux.
(Texte paru dans La Presse le 6 août 1940).

Voir aussi :
- Biographie de Camillien Houde
- Communiqué officiel sur l’internation de M. Houde
- Élection de Houde en 1928
- Réception de Camillien Houde à Montréal, en 1944