La bombe atomique et Montréal

Le centre nucléaire de Montréal. Le rôle de la ville dans la création de la bombe atomique

Centre nucléaire de Montréal : Si les scientifiques du futur trouvent un moyen d’exploiter l’énergie atomique de manière pratique, l’humanité disposera de capacités surpassant celles imaginées dans les récits de science-fiction. En effet, en août 1942, les Anglais ont proposé de déplacer leur groupe de chercheurs en physique nucléaire au Canada. M. Hans von Halban dirigeait ce groupe. Ils ont procédé à cette activité pour débuter un projet de recherche axé sur l’eau lourde.

Ce laboratoire, qui allait inclure les principaux collègues de Frédéric Joliot, prévoyait également d’embaucher des scientifiques canadiens. Par exemple, Paul Lorrain, Pierre Demers, Jacques Hébert et Colette Fortier.

La recherche d’un site approprié pour cette collaboration canado-britannique a alors commencé. On a envisagé d’abord la capitale du Canada. Cependant on a rejeté cette option pour des raisons de sécurité liées à la présence de nombreuses ambassades.

Finalement, on a choisi Montréal fin octobre 1942. Notamment pour des raisons géopolitiques et la facilité de dissimuler les opérations dans une grande ville. L’université de Montréal, ayant une aile médicale nouvellement construite mais inutilisée, a été sélectionnée pour accueillir les laboratoires et bureaux.

Par ailleurs, Montréal était un lieu stratégique pour la recherche nucléaire. En effet la ville avait été le site des travaux pionniers d’Ernest Rutherford à l’Université McGill au début du siècle.

Environ 340 chercheurs ont travaillé dans l’aile ouest du pavillon Roger-Gaudry. Aujourd’hui, il ne reste de ce laboratoire qu’une plaque commémorative. Il y a une salle fermée où les chercheurs manipulaient du matériel radioactif.

Le laboratoire secret de Montréal avait pour objectifs de construire des réacteurs pour produire de l’électricité et du plutonium. (Les chercheurs ignoraient que les militaires américains utiliseraient ce plutonium pour fabriquer une bombe.) Le laboratoire a mené des expériences et conçu le réacteur de recherche NRX et une usine d’extraction de plutonium prévue à Chalk River.

Les chercheurs de Montréal devaient collaborer avec les Américains du Projet Manhattan, mais cette collaboration se compliquait en raison des restrictions américaines sur l’uranium et l’eau lourde. De plus, la sécurité préoccupait les Américains. En effet, ils craignaient l’infiltration d’espions allemands parmi les émigrés européens. (Ils avaient raison, car un espion britannique, Alan Nunn May, travaillant pour les Soviétiques, faisait partie de l’équipe de Halban.)

Les Américains se méfiaient également des Français, craignant qu’ils ne développent leur propre bombe après la guerre. Les Français, selon les Américains, pourraient aussi exploiter commercialement les brevets nucléaires. En 1943, lors de la Conférence de Québec, les leaders ont décidé de fusionner les projets de recherche atomique américain et britannique. En fait cela a facilité la collaboration.

Après la guerre, le Canada a abandonné le développement d’armes nucléaires pour se concentrer sur des applications civiles, devenant un leader mondial de l’industrie nucléaire dans les années 60. Le réacteur nucléaire CANDU, une réalisation majeure de cette période, a été créé à Chalk River en Ontario.

(Les recherches du laboratoire de Montréal ont indirectement conduit à la création de la première bombe nucléaire indienne, Smiling Buddha, en 1974, après la vente d’une variante du CANDU à l’Inde en 1954 sous condition d’une utilisation pacifique. En réalité, on est sûr et certain que les Indiens ont utilisé ce réacteur par sa bombe.)

Pour en apprendre plus sur le sujet :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bruce-Nuclear-Szmurlo.jpg centre nucléaire de Montréal
Vue aérienne de Candu en Ontario. Source de l’image : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bruce-Nuclear-Szmurlo.jpg.

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