La banlieue saigne Montréal
Banlieue de Montréal : La concentration de la pauvreté dans la ville de Montréal est liée à un phénomène géographique majeur et méconnu : l’étalement urbain. La classe moyenne francophone va vivre en banlieue. Les conséquences sont désastreuses à tous les niveaux :
Social : la ville centrale du Québec, qui devrait être le moteur de la province, est devenue une ville pauvre, avec plusieurs quartiers à l’abandon et avec de moins en moins de ressources financières pour donner un cadre de vie agréable à ses citoyens;
Linguistique : l’exode de la classe francophone moyenne fait en sorte qu’il est de plus en plus difficile d’intégrer les immigrants, qui se concentrent à Montréal;
Environnemental : le développement de la banlieue détruit la ceinture verte autour de Montréal, empiète sur les bonnes terres agricoles et entraîne un usage accru des automobiles, une des principales sources de pollution;
Financier : pendant que les écoles ferment à Montréal, il faut en bâtir de nouvelles en banlieue. Il faut consacrer des milliards en fonds publics pour construire des routes, des ponts, des aqueducs, des usines d’épuration, etc., alors qu’il ne coûterait beaucoup moins pour entretenir les réseaux existants de la ville centrale. Les statistiques sont frappantes : en 1986, le revenu moyen était de 26 338$ par ménage à Montréal, contre 33 049$ dans la région métropolitaine. À ce niveau, Montréal se situe désormais derrière des villes comme Halifax et Saint-Jean de Terre-Neuve. Montréal est devenue « le plus gros bassin de pauvreté au pays », note Jules Léger, du ministère fédéral de l’Industrie.
Le Conseil des Affaires sociales parle de développement en « trou de beigne ». Le beigne, c’est la banlieue. Le trou, c’est la ville.
(Texte paru dans le Journal de Montréal, le 3 novembre 1990).
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