Banlieue de Montréal

Le développement de la banlieue de Montréal

Durant la première moitié du siècle, l’influence de la ville sur les campagnes avoisinantes orient la production agricole et stimule la croissance des villages situés sur l’île de Montréal.

Après 1850, les relations changent de nature, l’urbanisation opérant sur une plus vaste échelle. À titre d’exemple, l’axe industriel du canal de Lachine ne s’arrête pas aux limites de Montréal, et l’influence de la voie d’eau sur l’essor manufacturier se fait sentir sur la totalité de son parcours.

Les besoins d’expansion et la spéculation, celle-ci cherchant sans cesse à anticiper sur ceux-là, refoulent toujours davantage les activités agricoles, transformant les anciens terroirs en zones de transition avec leurs lotissements, leurs terrains en friche et quelques fermes résiduelles. Trois éléments majeurs régissent ce mouvement : le prix des terrains, la réglementation moins contraignante, et le nouveau cadre juridique dû au réaménagement des lois municipales entre 1845 et 1855. La pression des prix est en effet moins forte en banlieue et l’absence de réglementation municipale libère les promoteurs de toute contrainte. Avant l’Union de 1841, en dehors des villes de Montréal et de Québec, il n’existait aucune forme d’administration locale, et tout devait être référé au gouvernement. Le nouveau cadre juridique oblige les collectivités à s’organiser et s’administrer sous forme de municipalités, de paroisses, de comtés, de villages ou de villes. La loi prévoit le seuil de population suffisant pour passer d’une catégorie à l’autre.

Le jeu des forces de marché et la mise en vigueur de ces lois aboutissent à une fragmentation du territoire de l’ancienne paroisse de Montréal. Celui-ci avait été défini dès 1721 et le seul changement notable avait été la proclamation de 1792 établissant les limites de la ville de Montréal. Or, à partir de 1846, cette partie rurale de la paroisse se divise en plusieurs entités, mouvement qui ne s’inversera qu’à partir de 1883 avec les premières annexions à Montréal. L’histoire de la paroisse de Notre-Dame-de-Grâce, érigée en 1874, illustre ce phénomène. Dès 1876, la future municipalité de Westmount s’en détache, les cultivateurs, majoritaires au conseil, refusant de participer financièrement à la construction des infrastructures de cette partie de la ville qui se trouve alors sous le coup d’une poussée spéculative.

Ce processus se répète à plusieurs reprises et donne naissance successivement aux villes Saint-Pierre (1893), Montréal-Ouest (1897) et Côte-Saint-Luc (1903). Du côté nord, le village de Saint-Jean-Baptiste est créé en 1861 à la suite d’une requête de propriétaires désirant avoir une municipalité distincte, et fait l’objet d’un développement intensif. À l’est, la création de la ville de Maisonneuve se fait selon le même schéma : lorsque le village d’Hochelaga, face à l’urbanisation croissante de sa partie ouest contiguë à Montréal, décide de changer de statut, les propriétaires de la partie est refusant et optent pour un statut distinct.

Le mécanisme est donc toujours le même : des spéculateurs achètent des terres, les lotissent, tracent des rues et attendent les acheteurs, ce qui repousse les cultivateurs. La comparaison du territoire de la ville et de celui de l’agglomération montre que l’expansion s’est effectuée par sauts de puce, laissant dans la ville des lots disponibles et amorçant sa pénétration dans els espaces avoisinants, selon d’anciens axes de développement tels que le fleuve et le boulevard Saint-Laurent.

(Source : Atlas historique de Montréal par Jean-Claude Robert, Éditions Art Global, Libre Expression, 1994).

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La banlieue, c’est de la nature. Photographie de GrandQuebec.com.

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