Un moyen d’enrayer les attentats à main armée au Québec
Les attentats à main armée ont marqué une progression inquiétante depuis quelque temps. À Montréal, les autorités ont cru devoir faire quelque chose pour enrayer cette vague de crimes. La police municipale a reçu l’ordre de saisir toutes les armes à feu trouvées en possession de qui ce soit, au cours de ses perquisitions. La mesure est opportune et justifiée. La mesure et opportune et justifiée. Il y a certainement trop de revolvers entre les mains d’individus dépourvus de tout permis à cet effet.
Quant aux personnes autorisées par la loi à porter des armes sus elles pour leur propre protection, elles sont vraisemblablement plus nombreuses qu’il n’est nécessaire. En limitant le port légal des armes à feu, la mesure ordonnée par le directeur de la police aura certainement un bon effet ; mais elle ne saurait suffire à mettre fin aux attaques trop répétées, qui nuisent au renom de la métropole.
Est-il permis d’en suggérer une autre dont les répercussions seraient sans doute plus durables et plus efficaces ? Lorsque l’on voit avec quelle légèreté et quelle insouciance, parfois, certains récidivistes succombent à leurs mêmes tentations, sachant à quelle peine ils s’exposent s’ils sont pris par la police, on peut se demander si notre régime pénitentiaire remplit son rôle auprès de ces individus particulièrement dangereux.
Ceux qui y ont goûté savent à quoi s’en tenir. Ils savent qu’à part la privation de sa liberté, ils sont nourris, logés, chauffés et à l’abri de tout souci ; ce qui n’est pas le lot d’un nombre considérable de braves citoyens respectueux de la loi, qui n’ont jamais eu maille à partir avec la justice. Ils savent aussi que, grâce à leur « bonne conduite », leur peinte peut être réduite assez sérieusement et que ces années de prison, on en voit la fin, en somme, assez confortablement… ils partent absous, mais sans repentir.
Ces idées peuvent paraître en opposition avec certaines réformes à l’ordre du jour, qui ont reçu notre appui dans cette même page. Rappelons qu’il est juste et nécessaire de se montrer compréhensifs pour les jeunes criminels, entraînés dans la mauvaise voie par des circonstances malheureuses. Mais pour ce qui est des professionnels, des endurcis, la période d’internement devrait leur laisser un souvenir salutaire, qui les ferait hésiter à encourir le même traitement.
Un simple resserrement du régime pénitentiaire, fermement appliqué et systématiquement maintenu, serait, à la longue, un bon moyen d’enrayer la vague des attentats à main armée que nous déplorons en ce moment.
Au même temps, le premier ministre Maurice Duplessis a annoncé aujourd’hui qu’une enquête se poursuivait présentement sur les déclarations d’un présumé voleur de banque à Montréal, à l’effet qu’il était possible d’obtenir la protection de la police pour une somme de $150 par mois. Dans sa conférence de presse, l’honorable Maurice Duplessis a défendu les policiers qui ont été récemment l’objet d’une attaque de la part d’un voleur. « Je suis convaincu, » a dit le premier ministre, que notre force policière est compétente et intègre dans la très grande majorité de son personnel. Il faut donc accepter avec beaucoup de réserve les déclarations des criminels attaquant l’honorabilité de nos agents de police. Une enquête est faite cependant pour obtenir tous les faits relatifs à cette affaire et le gouvernement remédiera à la situation.
(Texte paru le 20 janvier 1950, vendredi, dans le journal Le Canada).
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